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João Teixeira : « Mon objectif ? Rentrer et prendre prendre M’Vila au marquage »
João Teixeira a 23 ans, est originaire de Moselle et joue à Oleksandria, le club ukrainien qui défie aujourd'hui l'AS Saint-Étienne en Ligue Europa. Un drôle de parcours qui valait bien le coup de repousser le couvre-feu.
Bonsoir João, il est 23 heures passées, tu es dans un hôtel de Saint-Étienne, et tu dois jouer demain (jeudi) un match à Geoffroy-Guichard. Ton coach ne risque pas de te passer un savon ?(Rires.) Non, il n’y a pas de soucis. D’habitude, je me couche à ces heures-là et je ne ne vais pas tarder à dormir. Et puis, notre programme a été chamboulé depuis ce matin à cause du brouillard au départ de l’avion.
Tu n’es pas du genre à refuser les longs voyages, puisque tu es originaire de Forbach (Moselle) et que tu te retrouves aujourd’hui à Oleksandria. Quelles ont été les étapes entre-temps ?J’ai passé huit ans au FC Metz et, arrivé au bout de ma formation, on ne m’a pas fait signer en professionnel. J’ai dû revoir mes plans et me diriger vers une autre voie, passer des essais à droite, à gauche, sans réussite, donc je suis rentré chez moi. J’ai joué deux ans en CFA2, une année à Sarre-Union, l’autre à Sarreguemines. Ensuite, j’ai eu des contacts au Portugal pour signer en D3, au club de Fatima, mais finalement, je n’ai pas signé, et j’ai filé en Moldavie, au FC Zimbru. J’ai fait six bons mois là-bas, avant d’être transféré en Roumanie, sans indemnité. Et après ces six mois, je me suis retrouvé ici, en Ukraine, à Oleksandria.
C’est un parcours auquel tu pouvais t’attendre au moment où Metz te recale ?Mon rêve était de signer là-bas, mais je savais plus ou moins qu’il serait difficile de m’y imposer, et l’étranger a toujours été une option. Mais je pensais plus à l’Espagne, l’Italie, le Portugal… Des pays plus « européens ». C’est un autre chemin, mais je ne le regrette pas.
Qu’est-ce que ça t’a apporté personnellement ?De l’expérience et des aventures. Je découvre d’autres choses, des championnats que je ne connaissais pas, des personnes que je n’aurais jamais croisées, des traditions et des coutumes différentes. Par exemple Iaşi, là où j’étais en Roumanie, c’était une ville étudiante, loin de ce qu’on peut imaginer quand on pense à ce pays. Là-bas, j’ai découvert un plat qui s’appelle le mamaliga, de la pâte bizarre que je n’ai jamais pu goûter.
Ça te permet aussi de découvrir la Coupe d’Europe. Tu peux nous présenter ton club, qui est un peu le Petit Poucet de ce groupe ?C’est le meilleur niveau que j’ai connu jusqu’ici. Il y a des belles structures et c’est très professionnel. Oleksandria est une équipe qui m’a surpris avec de fortes personnalités individuelles, de très bons joueurs, mais qui est surtout très forte tactiquement. Franchement, le coach (Volodymyr Sharan, N.D.L.R.) est au top. Contre La Gantoise, on fait 1-1, et les Belges n’ont rien fait du match. On méritait de gagner.
À Saint-Étienne, vous allez d’abord essayer de ne pas prendre de but ?Non, on ne vient jamais pour défendre. Ce n’est pas une équipe qui sait jouer avec un bloc bas. On fera notre jeu, et tactiquement, on va essayer de les presser, de faire quelque chose.
S’il y avait un joueur à surveiller, ce serait qui ?Il y en a plusieurs, mais attention à Artem Sitalo qui a marqué au dernier match !
Comment t’es-tu intégré dans cette équipe ?Il y en a peu qui parlent anglais, certains essayent de traduire pour m’expliquer les consignes, mais ils sont tous très accueillants, tentent de communiquer avec moi. Je suis presque le seul étranger (avec le Letton Dubra et l’Azéri Paşayev, N.D.L.R.) et ils font tout pour me mettre à l’aise. C’est sympa de leur part.
Tu as un peu de temps de jeu ?Non, pas encore. Je suis arrivé il y a un mois et demi. J’ai fait directement une apparition dans le groupe, mais je n’avais pas encore les documents administratifs pour jouer, donc j’étais en tribune le premier match. Ensuite, j’ai fait deux matchs sur le banc sans entrer, un match de coupe et trois rencontres avec la réserve. Ce week-end, on a gagné 3-1 contre celle du Dynamo Kiev et j’ai marqué.
Si tu entres ce jeudi, tu auras disputé plus de matchs de Coupe d’Europe qu’Umut Bozok et Rémi Oudin, des garçons avec qui tu as été formé…Je ne peux pas me comparer à des joueurs qui ont réussi en Ligue 1 et en Ligue 2. Chacun son chemin. Moi, je suis en apprentissage et je dois encore me faire ma place.
Aujourd’hui, tu es le local de l’étape. Ils ont dû te demander des choses sur l’AS Saint-Étienne…Non, ils connaissent déjà ! Saint-Étienne est un club assez connu ici, le championnat français est un petit peu suivi. Ils sont au courant de tout, notamment de l’arrivée de Claude Puel. Ce n’est pas pour autant le meilleur moment pour les prendre. Ce changement d’entraîneur leur a fait du bien avec deux victoires consécutives contre Lyon et Bordeaux.
C’est quoi le scénario rêvé pour toi lors de ce match ?Que je puisse entrer et prendre Yann M’Vila au marquage.
Propos recueillis par Mathieu Rollinger