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João Neves : milieu de poche et bonne pioche
En signant la pépite portugaise de 19 ans contre 70 millions d’euros, Paris et son directeur sportif Luis Campos réalisent le premier gros coup d'un mercato qui peine à démarrer. Mais contrairement à Lassana Diarra, Grzegorz Krychowiak ou Ander Herrera, le PSG a peut-être aussi vraiment trouvé un milieu de terrain de très haut standing.
Fin juin, Paris recrute le gardien russe Matvey Safonov pour 20 millions. Depuis, rien. Même si Neymar a officiellement été annoncé un 3 août, les supporters du PSG, élevés aux transferts de dingues comme on donne du lait aux enfants, commençaient à trouver le temps long. Et ce n’est pas la possibilité de voir les matchs olympiques Paraguay-Mali ou des République dominicaine-Ouzbékistan dans leur Parc des Princes qui les a rassasiés. Ce vendredi, après quelques semaines de tractations, leur directeur sportif Luis Campos leur a dégoté une pépite : João Neves. La première grosse signature du mercato estival du PSG, chiffrée autour de 70 millions d’euros, ce qui ferait de l’espoir portugais de 19 ans le quatrième plus gros transfert de l’histoire du club, derrière Neymar, Kylian Mbappé et Randal Kolo Muani. Sa clause libératoire était même fixée à 120 millions d’euros par son gourmand président Rui Costa, tarif que le PSG a sûrement pu négocier en mettant dans la balance un prêt avec option d’achat de Renato Sanches, tricard dans la capitale française et à la relance dans son club formateur.
Si ces montants situent un bambin de 19 ans seulement, son agent Jorge Mendes, réputé proche de Campos, a joué un grand rôle. Le jeune aux cheveux taillés dans un Barber shop branché de n’importe quel centre-ville, n’a commencé à jouer titulaire en Liga portugaise en avril 2023 seulement. Il n’a pas joué plus loin que les poules en Ligue des champions et n’a pas été titulaire à l’Euro avec son Portugal. De quoi penser qu’il peut plus malheureusement succéder à Grzegorz Krychowiak et Lassana Diarra ou incarner les espoirs déchus comme Gonçalo Guedes ? On en reste loin.
« Le ballon ne pleure jamais à ses pieds »
« Il a un futur spectaculaire. Il me fait penser à Verratti dans sa façon de jouer ». Voilà pour le compliment formulé par son désormais ancien coéquipier à Benfica Ángel Di María. Outre la taille, 1,74m pour le Portugais, neuf centimètres de moins pour l’Italien, l’Argentin a raison sur le plan technique. João Neves est le joueur qui touche le plus de ballons du championnat portugais, 98 par match, et est de ceux qui réussissent le plus de passes vers l’avant d’Europe. « Le ballon ne pleure jamais à ses pieds », résume joliment son coéquipier António Silva en commentaire d’une photo Insta. La plupart du temps utilisé en milieu central droit du 4-4-2 de Roger Schmidt, il aime également se projeter et parfois dribbler. Milieu défensif qui sait récupérer et conserver la balle, il a fait oublier le polémiste Enzo Fernández, parti à Chelsea au moment de son éclosion. Lui-même l’assume, dans les colonnes d’A Bola : « J’aime beaucoup sentir le ballon, faire des choses simples, je pense que c’est ce qui me distingue ».
Il a tout d’un João complet. Un peu de Cancelo dans l’intelligence tactique, de Félix dans la technique, de Palhinha à la récupération (plus de 8 ballons par matchs) et de Mario dans le coffre. Ajoutons à cela du Moutinho dans le leadership : en trois derbys joués face au Sporting en Liga portugaise, il score à deux reprises. Une fois le but de l’égalisation, l’autre fois dans le temps additionnel. Bien plus triste, il a perdu sa maman juste avant de jouer face à Toulouse en barrages retour de Ligue Europa cette année, et a quand même tenu à être aligné. « C’est un mélange de joie, de confiance et de qualité », résume son coach.
À la différence de Marco Verratti, João Neves ne rechigne pas à se décoiffer pour jouer de la tête. Le tout avec le maillot dans le short comme Rodri (ou Mateta), le combo peut faire rêver le Parc. « Je pense que João Neves est né pour jouer au football. Né pour jouer pour l’équipe nationale. J’ai vu un joueur très naturel qui profite de chaque minute, expliquait son sélectionneur Roberto Martinez au moment de sa première cape avec le Portugal, en octobre 2023. Je ne pense pas que ce soit la première étape et c’est le signe d’un joueur avec un très grand potentiel, au niveau mondial. Je suis sur que c’est un footballeur qui fera beaucoup de bruit. Il influencera le football européen lors des dix prochaines années. » Rien que ça.
Où peut-il s’insérer ?
Si Roberto Martínez est aussi bon devin que bon sélectionneur, des doutes subsistent. Déjà, la sacro-sainte adaptation à un nouveau milieu, Marco Verratti, également arrivé à 19 ans, pourra en témoigner. Son idole est Pablo Aimar, qui, côté pile, était terriblement classe, coup de cœur également de Diego Maradona et Lionel Messi, mais côté face, a été plus précoce que régulier toute sa carrière.
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João Neves arrive au sein d’un PSG fourni au milieu de terrain. Avec Danilo, Vitinha, Warren Zaïre-Emery, Manuel Ugarte, Fabian Ruiz, voire Carlos Soler et Lee Kang-in, en plus des jeunes Carlos Moscardo et Ayman Kari, revenu de ses promesses lorientaises. Certains, comme Manuel Ugarte, acheté 60 millions la saison dernière, n’ont pas pleinement convaincu Luis Enrique, et tous ne seront plus là d’ici la fin de l’été. Le joueur arrive également avec l’étiquette Luis Campos, qui adore faire ses emplettes au Portugal. Depuis l’arrivée du DS en 2022, le PSG a recruté six joueurs en provenance du pays du fado, dont Gonçalo Ramos, qui se cherche encore, ou le jeune Cher Ndour, qui n’a pas encore joué. Les deux, s’ils restent au PSG, faciliteront l’intégration de celui qui parle aussi anglais. Ramos a été son pote en jeunes, et Neves a gagné la Youth League 2022 avec Ndour, qui avait marqué en finale.
Celui qui était dans la liste du Golden Boy 2023 a signé son premier contrat pro en en décembre 2020 à 16 ans, a été titularisé pour la première fois avec Benfica à la fin de l’année 2022, et a été joué son premier match en sélection fin 2023. Si on suit la loi des séries, il devrait être performant avec le PSG juste avant la trêve. Et l’association avec Vitinha et Fabian Ruiz pourrait bien, après moult tentatives, être l’héritière de Thiago Motta-Matuidi-Verratti des débuts de QSI. On nage en plein Neves ?
Par Ulysse Llamas