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Joao Moutinho, un pied de velours
1m70 au garrot, une tête à vendre des écrans plats chez Ubaldi, mais de l’or dans les pieds, João Moutinho est la star de l’AS Monaco. On a beaucoup parlé de Falcao ou de James, mais le dépositaire du jeu monégasque, c’est son maestro du milieu.
« Ce n’est pas où il doit jouer qui compte, c’est qu’il joue. » Quand Claudio Ranieri parle de son numéro 8 en conférence de presse, il ne s’embête pas avec les détails techniques. Depuis le début de saison, João Moutinho a déjà évolué en numéro 10 et en relayeur. À chaque fois, il a été facile. On parle d’un joueur qui contrôle ses ballons de l’extérieur du pied. La classe, donc. Pourquoi le petit Moutinho est-il si fort ? Parce que le mec s’adapte. Facilement. Durant l’été, on a énormément parlé des venues de Falcao et de James Rodríguez (105 millions d’euros à eux deux), mais peu de João Moutinho. C’est ballot. Quand on y regarde de plus près, Moutinho, c’est Deco avec le coffre de Gaizka Mendieta. Un milieu de terrain qui voit tout avant tout le monde. Une vision de jeu à 360 degrés, les deux pieds, du coffre, bref, c’est du bonheur pour n’importe quel entraîneur. Pourtant, Moutinho est du genre discret. À Monaco, il ne répond aux entretiens individuels qu’en portugais, par exemple. Pas envie de s’épancher dans la presse. Son truc, c’est le terrain. Cela n’a pas toujours été le cas.
Lorsqu’il quitte le Sporting pour le FC Porto en 2010, moyennant 10 millions d’euros (une somme record pour un transfert entre clubs portugais), son président José Eduardo Bettencourt prend son pied, avouant s’être débarrassé d’une « pomme pourrie » . Cet été, son homologue du FC Porto, Pinto da Costa, s’était fendu d’une petite boutade en affirmant, tout sourire « avoir vendu une pomme pourrie pour 25 millions d’euros » . Il faut dire qu’entre-temps, le numéro 8 portugais a fait un malheur avec les Dragons, avec lesquels il a tout raflé. À Porto, Moutinho jouait dans un fauteuil. Il était entouré de Fernando et Lucho et ça coulissait facilement au sein d’un 4-3-3 qui lui allait à merveille. Alors quand il débarque à la Turbie, Claudio Ranieri sait qu’il a de l’or entre les mains. L’idée, c’est de le faire jouer en 10 et de laisser la sale besogne au duo Toulalan-Kondogbia. Une putain de bonne idée.
L’école du Sporting
Forcément, on se demande pourquoi le diamant a-t-il mis autant de temps avant de quitter le Portugal ? Et, surtout, pourquoi aucun cador européen n’a daigné manifester son intérêt pour un tel amour de joueur. La réponse est simple : fond d’investissement. Lors du mercato d’hiver 2013, Moutinho est à deux doigts de retrouver son ancien entraîneur André Villas-Boas à Tottenham. Le deal est quasiment bouclé pour 25 millions d’euros. Mais les Spurs font machine arrière quand le directeur financier du club anglais se plonge dans la gestion des droits du joueur qui appartenait, à l’époque, à un fond d’investissement. En Angleterre, on a déjà connu des cas similaires (Carlos Tévez et Javier Mascherano), et ça complique la chose. On déteste ça. Finalement, Moutinho doit se résoudre à terminer la saison au Portugal, et Porto, échaudé par la chose, décide de racheter l’intégralité des droits du joueur, histoire d’être tranquille. C’est donc Monaco qui a raflé la mise cet été en braquant la clause libératoire du Portugais.
Un milieu de terrain réclamé par Falcao en personne – comme James Rodríguez – lors de la signature du Colombien en Principauté. Ils avaient joué ensemble à Porto et le Colombien sait qu’avec son petit milieu dans le dos, il va planter une trentaine de pions. À 27 ans, ce nouveau bijou de la formation du Sporting (il prend le pas de Paulo Futre, Luís Figo, Christiano Ronaldo ou Nani) débarque en Ligue 1. Un nouveau don du ciel avec les stars du Qatar et les emplettes de Rybolovlev. Mais attention, Moutinho s’apprête à marcher sur un championnat qui n’avait pas su aimer Lucho González à sa juste valeur. Oui, on n’oublie pas.
par Mathieu Faure