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João Félix, nouveau boss du Portugal
En l'absence de Cristiano Ronaldo, sur le banc, João Félix a décidé de prendre les choses en main face à la Suisse (6-1) en dictant le tempo du Portugal. Et visiblement, il fait un bon chef d'orchestre.
Le football est ainsi fait que ce sont ceux qui marquent des buts qui attirent tous les regards après un match. Et encore plus lorsque l’un des joueurs inscrit un triplé. Cela a donc été logiquement le cas après la large victoire du Portugal face à la Suisse (6-1) où tous les regards se sont portés vers le jeune Gonçalo Ramos qui remplaçait CR7 et qui en a planté trois pour sa première titularisation en Coupe du monde. Sauf qu’un autre nom était cité par ceux qui ont passé un bon moment devant cette rencontre à sens unique : João Félix. Et pour cause, si l’attaquant de l’Atlético de Madrid n’a pas marqué, il est à l’origine de 4 des 5 premiers buts portugais, le dernier ayant été inscrit après son remplacement. Que ce soit à la passe décisive – comme sur le premier et le troisième pion de Gonçalo Ramos -, à l’avant-dernière passe – sur le but de Guerreiro – ou sur le coup de casque de Pepe (son centre amène le corner). Bref, João Félix était dans tous les bons coups. Et si le Portugal a surclassé la Suisse, c’est en grande partie grâce au natif de Viseu.
Le nouveau patron
Existe-t-il un lien entre la symphonie de João Félix – qui s’est aussi distingué par un rush maradonesque face aux Helvètes – et la mise sur le banc de Cristiano Ronaldo ? Difficile de ne pas répondre par la positive. Car même si l’ancien du Benfica Lisbonne avait déjà été performant face au Ghana aux côtés de CR7, il a semblé totalement libéré en l’absence de son capitaine. Mieux, alors que Bernardo Silva (ou Bruno Fernandes) aurait pu être celui qui allait prendre les rênes de l’équipe, c’est finalement son copain de selfie d’après-victoire qui s’est emparé du costume de chef d’orchestre. Comme un symbole de cette jeunesse portugaise qui a pris le pouvoir.
Et dire qu’il y a encore quelques semaines, sa présence dans la liste n’était pas du tout assurée en raison de son faible temps de jeu du côté de l’Atlético. Félix a probablement gagné sa place de titulaire à la suite de la blessure de Diogo Jota et de son match XXL face au Nigeria (4-0) à quelques jours de l’entrée en lice du Portugal dans le Mondial. Une rencontre à laquelle n’avait pas pris part Cristiano Ronaldo. Coïncidence ? En tout cas, João Félix a écarté cette hypothèse en conférence de presse de veille de quart de finale face au Maroc : « Je ne me sens pas obligé de passer le ballon à Cristiano. Ce n’est pas parce que Cristiano joue ou pas que l’équipe joue moins bien. » Personne n’est obligé de le croire. Patron sur le pré, le Golden Boy 2019 l’est aussi derrière le micro, où il a poussé un petit coup de gueule aux médias qui, selon lui, tenteraient de déstabiliser l’unité du groupe : « Je veux juste laisser un message à tous les Portugais et aux médias. Le Portugal participe à une grande compétition, je pense que nous devrions tous être plus unis et ne pas essayer de gâcher l’atmosphère que nous avons dans l’équipe nationale. »
Qui récupèrera le joyau ?
Bridé à l’Atlético de Madrid où il est, la plupart du temps, cantonné à un travail défensif, João Félix n’a jamais semblé aussi heureux que depuis son départ du Benfica Lisbonne à l’été 2019. Et celui qui avait été acheté 126 millions d’euros par les Colchoneros ne s’en cache pas : « Je suis en Coupe du monde, c’est la compétition que tout le monde rêve de disputer. J’en profite à fond, c’est un rêve d’être ici. C’est de là que vient toute cette joie. La Seleção, c’est une manière différente de jouer et de penser le jeu. C’est un autre état d’esprit. Je représente mon pays avec des joueurs que je connais depuis longtemps. Par exemple, Diogo Dalot, je joue avec lui depuis que j’ai 9 ans. »
Remplaçant de luxe lors du dernier Euro – il n’a disputé qu’un bout du huitième de finale perdu face à la Belgique – et resté sur le banc lors de la finale du Final Four de Ligue des nations en 2019, João Félix dispute sa première compétition internationale en tant que titulaire. Et probablement pas sa dernière. Le Mondial terminé, l’attaquant de 23 ans pourra alors se trouver un nouveau point de chute, le directeur de l’Atlético Miguel Ángel Gil Marín ayant acté son départ au micro de TVE : « C’est un joueur de classe mondiale, mais en raison de sa relation avec l’entraîneur, des minutes qu’il a jouées et de sa motivation… Eh bien, il est raisonnable d’analyser une option de sortie pour lui. » Et vu le Mondial qu’il est en train de délivrer, les options se comptent sur les pattes d’un mille-pattes.
Par Steven Oliveira