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João Félix et Cristiano Ronaldo, une compatibilité forcée ?
Comme face à la Suisse en Ligue des nations (3-0), le Portugal devrait aller jouer sa survie en Serbie avec une doublette offensive composée de João Félix et de Cristiano Ronaldo. Un duo qui fait frissonner tout un peuple tant il est sexy. Mais qui oblige la Selecção à quelques changements.
Hélder Postiga, Hugo Almeida, Éder, Liedson, Ariza Makukula, Edinho et plus récemment André Silva et Dyego Souza. Depuis 2006 et la retraite de Pedro Miguel Pauleta et le déclin physique de Nuno Gomes, le Portugal se cherche tant bien que mal un numéro 9. Résultat, Fernando Santos a opté pour une autre stratégie pour pallier ce manque : utiliser un ailier en pointe comme a pu le faire Gonçalo Guedes en finale de la Ligue des nations. Une réussite puisque le Portugal s’est imposé sur un pion de… Gonçalo Guedes. Alors que le Portugal joue déjà sa peau en Serbie – après avoir commencé les qualifications par deux matchs nuls à domicile contre les Serbes (1-1) et l’Ukraine (0-0) –, Fernando Santos devrait partir sur une doublette offensive composée de João Félix et de Cristiano Ronaldo. Une doublette qui n’est pas loin d’être sur le papier la plus sexy du football mondial. Sauf que, dans les faits, cette complémentarité est encore à parfaire.
João Félix, déjà indispensable ?
Recruté 126 millions d’euros par l’Atlético de Madrid, João Félix peut se targuer d’être le transfert le plus onéreux de l’été. Il n’en reste pas moins un gamin de 19 ans qui ne compte à l’heure actuelle qu’une petite sélection avec le Portugal. C’était lors de la demi-finale du final four de Ligue des nations face à la Suisse (3-0). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le dépucelage du nouveau joujou de Diego Simeone a été compliqué. Timide, João Félix a eu du mal à se montrer dans le jeu malgré deux ou trois jolis coups. Et c’est finalement son remplaçant, Gonçalo Guedes, qui a dynamité la rencontre et permis à CR7 de claquer ses deuxième et troisième pions de la rencontre. Avant d’envoyer son cadet sur le banc des remplaçants lors de la finale face aux Pays-Bas (1-0).
Sauf qu’entre-temps, il y a eu ce transfert à l’Atlético, cette tournée estivale exceptionnelle avec trois buts (dont un face au Real Madrid et la Juventus) et trois passes dé, et ce début de saison avec les Colchoneros. Trois matchs de Liga, un but, une passe décisive et un penalty provoqué qui prouvent que le gamin de 19 ans n’est pas du genre à couler sous la pression de l’argent misé sur lui et du numéro 7 d’Antoine Griezmann posé sur son dos. Présent en conférence de presse, Rúben Neves a d’ailleurs confié que João Félix n’en est déjà plus à la phase de promesse : « C’est déjà une référence. Il n’a que 19 ans et pourtant il a déjà fait de grandes choses. » De son côté, Fernando Santos s’est contenté de balancer que João Félix était là pour son talent et non pour « le prix de son transfert » . Avant de rappeler que « personne n’est indiscutable dans cette équipe à part Cristiano Ronaldo » .
Le 4-4-2 de la discorde
Habitué à jouer en 4-3-3 depuis des années maintenant, le Portugal est dans l’obligation (ou presque) de passer en 4-4-2 avec la titularisation de João Félix. Soit la formation du Benfica Lisbonne de la saison dernière et celle de l’Atlético de Madrid. En d’autres termes, une tactique qui permet au natif de Viseu de briller dans son poste d’attaquant de soutien libre de tout mouvement. Problème, cela oblige Cristiano Ronaldo à évoluer en attaquant de pointe. Sauf que CR7 n’est pas Haris Seferović ou Diego Costa et n’est pas du genre à planter sa tente dans la surface adverse en attendant un beau ballon. Autre problème : que faire de Bruno Fernandes ? Étincelant avec le Sporting Portugal, le milieu portugais avait été cantonné sur un côté face à la Suisse en Ligue des nations. Résultat, il avait traversé le match dans la peau de Casper le fantôme. Face à la Serbie, Fernando Santos pourrait tout de même retenter l’expérience. À moins qu’il n’offre l’aile gauche à Gonçalo Guedes, pendant que l’autre reste dans les pieds soyeux de Bernardo Silva.
Idem dans le milieu de terrain axial qui a longtemps été la force du Portugal. Le passage de trois milieux axiaux à deux oblige Fernando Santos à faire un choix entre Ruben Neves, William Carvalho et João Moutinho. Les deux autres milieux latéraux vont alors devoir cravacher et enchaîner les allers-retours sur les côtés pour éviter que l’équipe ne se coupe en deux, comme cela a été trop souvent le cas lors du final four de la Ligue des nations. Le Portugal a donc un an pour parfaire ce système de jeu, car il paraît inévitable que l’Euro 2020 se jouera avec une doublette João Félix-Cristiano Ronaldo. Et ça commence dès ce samedi soir et ce déplacement en Serbie. Mais que les supporters de la Selecção se rassurent, c’est en 4-4-2 que le Portugal est allé décrocher l’Euro 2016. Dans un style légèrement plus défensif, en revanche.
Par Steven Oliveira