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Joachim Andersen, le prix de l’élégance
Samedi, l'Olympique lyonnais a officialisé la venue du désormais ex-défenseur de la Sampdoria, Joachim Andersen. Un transfert pour lequel la direction de l'OL n'a pas hésité à faire chauffer le chéquier, en mettant 24 millions d'euros, plus six de bonus, sur la table des négociations. De quoi faire du central danois le transfert le plus cher de l'histoire du club. Le prix à payer pour s'offrir la jeunesse d'un grand blond (23 ans) qui, malgré sa taille, sait incontestablement faire dans la finesse.
Même son blase ne laisse pas indifférent. Andersen. Comme le célébrissime auteur danois de La Petite Sirène, du Vilain Petit Canard et de La Reine des neiges. Voilà qui appelle peut-être à un destin format XXL même si, pour l’instant, Joachim Andersen, transféré de la Sampdoria à l’OL ce week-end moyennant 30 millions d’euros bonus compris, ne se projette pas trop : « Cela a été long, mais je suis enfin là… Au pays, tout le monde connaît Lyon. J’en ai parlé avec Kim Källström. L’OL me permet de découvrir la Ligue des champions, de me battre pour le titre. Lyon, c’est une bonne étape dans mon développement. » Ce développement, c’est celui d’un gars quasi inconnu en dehors de sa terre natale il y a un peu plus d’un an, mais qui a pourtant séduit en quelques mois l’Italie. Et va désormais tenter de poser sa patte sur le football hexagonal.
Défenseur modèle
Le genre d’ascension éclair que seul le football peut inventer. Rembobinons les bandes. Celles qui retracent la carrière du grand échalas danois a des contours simples : fils de Jacob Andersen, président du conseil d’administration du club de Vendsysse (D2 danoise), le petit Joachim est du genre balaise au foot. Après avoir évolué dans les équipes de jeunes du FC Copenhague de 2009 à 2011, il intègre l’école de foot de Midtjylland. Avec toujours un temps d’avance. « Il n’avait pas le charisme d’un adolescent de 15 ans. Il était plus mature… 1,90m déjà et physiquement fort » , expliquait René S. Andersen, entraîneur des U19 de l’époque, au journal BT en janvier dernier. De quoi valoir à Joachim de se faire transférer à Twente, où il commence sa carrière professionnelle lors de l’exercice 2014-2015 et gagne progressivement en temps de jeu en Eredivisie.
Mieux, en 2017, il tape dans l’œil des recruteurs de la Sampdoria, et débarque en Italie moyennant 1,5 million d’euros. Un club où Andersen jouera à peine 7 matchs en Serie A lors de son premier exercice transalpin, barré par Gian Marco Ferrari et Matías Silvestre, qui tiennent encore les clés de la charnière centrale. Sa patience, cependant, sera récompensée, et son entraîneur, Marco Giampaolo, le promeut titulaire lors de l’exercice 2018-2019. Un essai concluant : le Danois enquille 32 rencontres de Serie A et s’impose parmi les cadres d’une équipe qui terminera à la neuvième place du championnat, en ayant proposé un football aussi créatif qu’audacieux offensivement.
L’élégance dans les Gênes
De quoi séduire Florian Maurice, le responsable du recrutement de l’OL, qui a tiré les bonnes ficelles pour conclure le transfert d’Andersen à Lyon. « J’ai eu un coup de foudre pour lui. Sa saison avec la Sampdoria a été très bonne, j’ai souvent été à Gênes pour l’observer, car j’adore voir jouer cette équipe… Andersen a toutes les caractéristiques du défenseur central moderne, axe gauche ou axe droit, et avec des grosses qualités techniques… Je pense que l’OL fait une bonne opération. » Une bonne opération qui tient à un cocktail de qualités finement dosé. Grand, puissant (1,90m, 90 kilos), Andersen n’en reste pas moins avant tout un stoppeur cérébral, à l’aise dans l’anticipation et plutôt enclin à défendre debout. Son trait le plus distinctif reste la qualité de son jeu long, lui qui tentait la saison dernière autour de six passes longues par match en championnat, moyenne la plus élevée parmi les joueurs de la Sampdoria.
Une qualité de pied qui fait du Danois un joueur plutôt flatteur à regarder, ses louches et transversales régalant généralement tout bon spectateur un minimum initié à la chose. Peut-être pas encore aussi complet que Jason Denayer dans l’aspect défensif, son manque d’agressivité – notamment sur coup de pied arrêté – est cependant parfois montré du doigt. Mais Andersen, par ailleurs appelé pour la première fois avec les A du Danemark en mars 2019, affiche de bonnes promesses de complémentarité avec le Belge, sa qualité de relance offrant à l’OL une arme supplémentaire dans la construction des actions.
Le lauréat
La marque d’un joueur à la gestuelle classe, mais encore un peu tendre, qui va tenter de gagner en méchanceté et en combativité en Ligue 1. Quant au bonhomme, on devrait l’entendre assez peu passé le coup de sifflet final. Discret sur les réseaux sociaux, Andersen n’est pas franchement prompt à l’enflammade. Il avait notamment refroidi la presse italienne, qui multipliait les parallèles entre lui et Milan Škriniar, un autre ex-défenseur de la Samp qui s’impose comme une référence à son poste en Serie A depuis son transfert à l’Inter : « Non, nous sommes différents. Je ne le suis pas particulièrement. En général, je ne dirais pas qu’il y a un défenseur qui m’inspire spécifiquement, même si, pour moi, le meilleur du monde reste Ramos. »
Trop malin pour tomber dans le piège de la comparaison, le Danois semble en avoir dans le ciboulot : après son transfert en Hollande, il a étudié à distance l’économie internationale, via des cours en ligne dispensé par l’Albertslund Gymnasium, un établissement d’enseignement supérieur danois. Une formation qui fait office de plan B, au cas où sa carrière footballistique ne décollerait pas. « Et quand on a uniquement des cours en ligne, ça demande beaucoup de discipline personnelle, racontait en souriant Andersen à sa remise de diplôme en juin dernier. Ça valait le coup… Bien que cela ait été difficile, je pense aussi que l’éducation m’a beaucoup apporté sur le plan humain. Ça signifie que j’ai eu autre chose à faire que jouer au football, que j’ai pu m’en déconnecter… » Et maintenant ? « Maintenant, c’est autre chose. Tout est une question de football, oui. »
Par Adrien Candau
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