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JO 1992 : L’Espagne resurgit à domicile
En 1982, l'Espagne avait raté sa Coupe du monde. Dix ans plus tard, à Barcelone, elle ne manquera pas ses JO. Emmenée par Guardiola et Kiko, la Roja renoue enfin avec la victoire.
L’Espagne attendait depuis trop longtemps d’être sacrée pour minorer une victoire olympique. Ce 8 août 1992, c’est un Nou Camp copieusement garni (95 000 spectateurs) qui encourage la Roja. La finale oppose l’Espagne à la Pologne, révélation du tournoi. La souffrance sera au rendez-vous, celle à laquelle la sélection A a habitué ses supporters, mais aussi la libération, quand Kiko inscrit le but de la victoire à la 91e minute (3-2, score final). Les jeunes Pep Guardiola (21 ans) et Albert Ferrer (22 ans) bouclaient ainsi une saison idyllique, lors de laquelle ils avaient contribué à apporter à Barcelone sa première Coupe des champions, et devancé le Real Madrid au goal average en Liga.
Kiko se révèle
En 1992, le tournoi olympique est pour la première fois réservé à des joueurs de moins de 23 ans. Cette formule convient à une Espagne à la jeunesse conquérante. Outre Ferrer et Guardiola, le onze ibérique compte les Merengues Luis Enrique et Mikel Lasa, ainsi que Kiko, la petite merveille de Cadix, qui ira poursuivre sa carrière à l’Atlético. La Roja se montre si sûre de son sujet qu’elle se présente en finale sans avoir pris le moindre but. Au sein du groupe B, elle a écrasé la Colombie d’Asprilla (4-0) et a pris le dessus sur l’Égypte (2-0), puis le Qatar (2-0). Parmi les qualifiés pour les quarts, elle cohabite avec la Suède de Tomas Brolin, qui venait d’emmener son équipe en demi-finales de l’Euro, et l’Italie d’Albertini, Dino Baggio et Favalli.
C’est justement la jeune Squadra qui se trouve sur le chemin de l’Espagne. L’attentisme italien ne va pas payer, et un but de Kiko suffira au pays hôte pour s’insérer dans le dernier carré. En demi-finales, la Roja dominera le Ghana (2-0), première équipe africaine a obtenir une médaille olympique. Au terme de ce parcours immaculé, l’Espagne, bien qu’évoluant sur ses terres, n’est pourtant pas forcément donnée gagnante. Tout d’abord, elle a l’Histoire contre elle. Depuis 1920 et la Belgique, aucune sélection évoluant à domicile n’a remporté le tournoi olympique. Curieuse tendance, alors que l’histoire des compétitions internationales indique qu’être l’hôte d’un tournoi représente un avantage significatif. Cf. le palmarès de la Coupe du monde…
Un trou de 16 ans
Mais plus que de ramer à contre-courant d’une tendance lourde, l’Espagne doit surtout en découdre avec la Pologne. Depuis 1982, la nation qui vient d’accueillir l’Euro ne fait plus trembler grand monde, mais lors des JO, une génération talentueuse s’affirme. La revue Don Balón avait ainsi considéré la Pologne comme la meilleure équipe de la phase de poules, où les Blanc et Rouge avaient marqué les esprits en assommant l’Italie (3-0). En demi-finale, la Pologne n’avait pas non plus fait dans le détail face à l’Australie (6-1). L’épopée de cette génération, dont Andres Juskowiak, meilleur buteur du tournoi, était la tête de gondole, a toutefois été stoppée nette à la 91e minute de la finale des JO de Barcelone. Pour leurs homologues espagnols, le futur ne sera pas franchement plus brillant en sélection. Si le 8 août 1992, l’Espagne retrouvait le goût de la victoire, perdu depuis le sacre à domicile de l’Euro 64, elle devra attendre encore 16 ans pour emporter un trophée de poids.
Marcelo Assaf et Thomas Goubin