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JO 1984 : L’Amérique pour les Bleus
Alors que le Comité d'organisation des Jeux olympiques (COJO) présentera lundi soir au Grand Rex le nouveau logo de Paris 2024, l'occasion est belle de revenir sur le bel été 84 de la France du foot et notamment de son sacre olympique, moins attendu que la victoire à l'Euro. Retour sur l'aventure américaine de Xuereb, Brisson et consorts.
1984, ou les Jeux olympiques d’une Amérique triomphante, reaganienne. Carl Lewis qui saute plus haut, court plus vite, et les groupes de hair metal qui hurlent toujours plus fort leur goût pour les blondes aux maillots saturés de silicone. Los Angeles, la Californie, son soleil, ses plages, ses stars. Un monde bien distant des moustaches toutes droites venues des pelouses de Division 1, de Daniel Xuereb et de Guy Lacombe. Le premier allait terminer meilleur buteur du tournoi olympique, le second avait inscrit le but le plus crucial de l’épopée bleue, celui de la qualification.
La gueule d’un prétendant
Bien avant de triompher au Rose Bowl de Pasadena devant 100 000 personnes, l’équipe de France voit déjà un achèvement dans la validation de son ticket pour les JO. Elle avait survécu à un groupe où elle côtoyait Belgique et Espagne. Sa première place lui donnait le droit d’affronter son pire cauchemar, autrement dit la RFA, dans une confrontation couperet. Le match aller, en France, s’achevait sur un score nul et vierge. Malgré les pires craintes escortant un retour joué à Bochum, c’est finalement Guy Lacombe qui marquait le seul but de la rencontre. Absente en 1980, l’EDF retrouvait les JO quatre ans plus tard.
Loin du soleil californien, la France dispute la phase de poules du tournoi olympique dans des enceintes de la côte Est, à Annapolis, et au stade universitaire de Harvard. Son match nul inaugural face au Qatar, joué le 29 juillet, n’augure en rien un tournoi historique pour une nation qui n’a, jusqu’à présent, jamais mis les pieds ne serait-ce que sur la troisième marche du podium. L’EDF bat ensuite difficilement la Norvège (2-1), avant de maintenir sa position en tête du groupe, en obtenant un nul face à son rival chilien (1-1). En quarts, les Bleus commenceront enfin à ressembler à un prétendant au titre.
Monsieur Xu
La médaille d’or française doit cependant sans doute beaucoup au boycott des JO par l’URSS et ses alliés. Une décision officiellement guidée par des inquiétudes sur la sécurité de ses athlètes, mais qui ressemblait surtout à une réplique au boycott américain des JO de Moscou. La décision élaguait, en tout cas, considérablement le tableau, puisque les pays socialistes avaient raflé l’intégralité des médailles d’or olympiques depuis 1952. Restait toutefois en course la Yougoslavie non-alignée, vainqueur du tournoi en 1960, un obstacle sur lequel seront tout proche de buter les hommes d’Henri Michel, le sélectionneur appelé à prendre la succession de Michel Hidalgo à la tête des A dès la rentrée.
Pour cette édition californienne des JO, le CIO avait décidé d’accepter les footballeurs pros, à condition qu’ils n’aient pas disputé la dernière Coupe du monde ou ses éliminatoires. Pas suprenant, alors, de constater que des hommes retenus par Henri Michel, seuls quatre seront de l’aventure mexicaine en 1986 : Albert Rust, William Ayache, Michel Bibard et Daniel Xuereb, aka Monsieur « Xu » . En quarts de finale, José Touré, enfin revenu de sa longue blessure qui l’avait tenu à l’écart de l’Euro, renoue avec la poisse, et doit céder sa place dès la huitième minute. Dominique Bijotat prend brillamment son relais, et un doublé de Xuereb a raison de l’Égypte (2-0).
Duo de moustachus
Sur sa lancée, la France paraît partie pour écraser la Yougoslavie, qui venait pourtant d’infliger une correction à la RFA (5-2). Après 16 minutes et des buts de Bijotat et Jeannol, les Bleus ont déjà fait le break. La bande à Mehmed Baždarević va toutefois faire son retard en deuxième période. Plutôt qu’à la victoire de l’Euro, encore dans toutes les têtes, c’est à France-Allemagne de 1982 que commence à ressembler cette demi-finale. Finalement, la prolongation sourira aux Français, qui ajouteront deux nouveaux buts via son duo moustachu, Lacombe-Xuereb.
La finale offre aux Français le souvenir de leur vie. Un Rose Bowl occupé par plus de 100 000 personnes, et le Brésil comme adversaire. Ou plutôt, l’Internacional Porto Alegre, car les autorités auriverdes avaient décidé d’envoyer l’intégralité de l’équipe colorado, à l’exception de l’Uruguayen Rubén Paz, et de la renforcer par trois joueurs venus d’autres clubs. Un nom se distingue au sein du casting auriverde, celui de Dunga, emblème fidèle à la tradition rigoriste d’une institution aux antipodes des clichés fruités que charrie le Brésil. Malgré son savoir-faire défensif, ce Brésil-là va toutefois être pris à défaut à la 55e minute, quand François Brisson ouvre le score de la tête, après avoir exhibé une détente sèche jordanesque. Sept minutes plus tard, Daniel Xuereb inscrit son cinquième but du tournoi et scelle la victoire d’une équipe de France invaincue depuis deux ans. Depuis cette soirée de triomphe au Rose Bowl, la France a renoué avec sa tradition et n’est jamais remontée sur un podium olympique.
Le résumé de la finale – Brésil – France (2-0)
L’équipe finaliste : Rust, Bibard, Ayache, Zanon, Rohr, Jeannol, Bijotat, Lacombe, Lemoult, Xuereb, Brisson
Par Marcelo Assaf et Thomas Goubin