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Jimmy, oh Jimmy, silly boy !

Par Gabriel Cnudde
Jimmy, oh Jimmy, silly boy !

Il y a 16 ans, Jimmy Glass, le gardien de but de Carlisle United, inscrivait l'un des buts les plus importants du club dans les arrêts de jeu d'un match crucial, permettant aux Cumbrians de se maintenir en Division Three. Aujourd'hui, et ce, malgré seulement trois matchs au club, Jimmy est une légende pour la Blue Army.

Il faut à certains joueurs des années pour devenir la légende d’un club. Des saisons entières à suer sous le même maillot, à marquer des buts déterminants, à s’afficher publiquement avec les couleurs du club, à être irréprochable sur le terrain et lors des entraînements. Des décennies, même, parfois, à se donner corps et âme à un club, à ses supporters et son blason. Les exemples sont nombreux : Totti à la Roma, Gerrard à Liverpool, Xavi à Barcelone, et tant d’autres. Et puis il y a Jimmy Glass, à Carlisle United. Une légende façonnée en quelques secondes seulement. Le temps de marquer un but, ni plus, ni moins. Mais pas n’importe quel but : une frappe rageuse dans le temps additionnel pour empêcher le club de quitter la Football League. Aujourd’hui à Brunton Park, tout au Nord de l’Angleterre, dans la région de Cumbria, tout le monde se souvient de ce moment unique et de ce gardien génial à qui il n’aura fallu qu’un match pour être adulé dans une ville entière. Raise your Glass for Jimmy !

Un rendez-vous crucial

Le 8 mai 1999, il émane de Brunton Park un mélange d’excitation et d’anxiété. Carlisle s’apprête à jouer sa dernière journée de Division Three (ancien nom de la League Two) comme un condamné s’apprête à monter sur l’échafaud. Après une saison catastrophique, le calcul est simple : si les Cumbrians ne font pas un meilleur résultat que leur concurrent direct pour le maintien, Scarborough, ils seront relégués et quitteront la Football League, direction la Football Conference. Autant dire qu’une telle issue serait cataclysmique pour la Blue Army, qui se masse dans les tribunes les mains jointes, priant pour un miracle. « L’atmosphère qui pesait sur la ville et sur le club était décourageante… On prenait la mesure de l’ampleur de l’événement qui nous attendait et de la pression qu’on supportait sur nos épaules » , se souvient Jimmy Glass dans une interview accordée à la BBC. « S’imaginer devoir quitter la League met vraiment vos nerfs à l’épreuve » , confirme son coéquipier Andrew Jenkins dans la même interview.

Au coup d’envoi, la tension atteint son paroxysme. « Tout le stade était pendu à la radio ou au téléphone pour savoir ce que faisait Scarborough dans le même temps. Mais nous, si nous ne gagnions pas, peu importait leur score à eux. Et c’était ça le pire. Notre destin n’était pas que dans nos mains » , raconte Keith Elliott à l’Independent. Les minutes s’égrainent, le jeu est fermé, personne ne semble vraiment décidé à se risquer à une offensive. Résultat, l’arbitre siffle la mi-temps sans que les deux équipes n’aient pu se départager. L’espoir est encore permis, alors que les supporters apprennent que Scarborough et Peterborough sont eux aussi dos à dos, 1-1. « Nous savions que dans la situation actuelle, un but nous suffirait. Mais nous avions aussi très peur que Scarborough, qui était revenu au score, aille remporter son match… » , explique Keith Elliott.

L’espoir renaît

Lorsque l’arbitre donne le coup d’envoi de la deuxième mi-temps, les sentiments sont donc partagés. Et de la peur et de l’espoir, c’est bien la première qui prend le dessus. À la 49e minute, Plymouth ouvre le score et douche les derniers espoirs des Cumbrians. « Quand Plymouth a ouvert le score, il n’y avait plus un bruit. Voilà, ça sentait très très mauvais pour nous, et on avait l’impression ne pas pouvoir lutter contre l’inévitable. C’est un sentiment horrible, impossible à expliquer » , raconte Keith Elliott, persuadé alors d’avoir failli à sa mission sauvetage.

Les joueurs n’ont à ce moment précis aucun autre choix que celui de rester positifs et concentrés sur le but adverse. La tâche est ardue, mais David Brightwell parvient tout de même à égaliser à la 62e minute. « Tout a changé quand David a égalisé. Le stade est devenu un endroit complètement différent, et le bruit était incroyable » , se souvient Jimmy Glass, qui s’apprête à devenir un héros. À la 90e minute, le coup de sifflet final est donné dans l’autre match. Scarborough et Peterborough se quittent sur le score de 1-1. Au même moment, l’arbitre assistant indique quatre minutes de temps additionnel à Carlisle. Le stade tremble, Carlisle se rue à l’attaque et parvient à décrocher un ultime corner à la 93e minute. Pas le choix, Jimmy Glass sort de ses bois et se dirige dans la surface adverse. Une minute plus tard, il déclenchera l’invasion de terrain la plus incroyable du football anglais.

Fête, restaurant et boîte de nuit

Pourtant, le héros n’est arrivé à Carlisle que très tard dans la saison, en prêt de Swindon. Le gardien titulaire, Tony Craig, avait été vendu à Blackpool, et son remplaçant, Richard Knight, s’était blessé. En deux ans à Swindon, Jimmy Glass n’avait joué que onze matchs… Autant dire que pour son troisième match entre les poteaux de Carlisle, le gardien de but n’était pas censé s’inviter au miracle. Mais tous les miracles comportent leur part d’inattendu. « J’ai toujours été un attaquant frustré. J’ai regardé Nigel Pearson et il m’a fait signe. Voilà, c’était LE moment. Si je pouvais mettre ce sentiment en bouteille, je serais actuellement un homme très riche » , raconte le gardien de but à la BBC. « La balle m’est tombée dessus, et le reste, ce n’est que l’histoire. On ne peut pas ressentir une telle excitation autrement que par le sport. Le changement brutal du désespoir à la folie pure, c’est incroyable. » Sauvé. Carlisle United est sauvé et restera au moins une saison de plus en Football League.

« La première chose à laquelle j’ai pensé en marquant, c’est que j’allais avoir 20 000 personnes sur mon dos dans la minute » , se souvient Jimmy Glass dans les colonnes de l’Independent. La suite est logique : invasion de terrain, hurlements de joie, fête, restaurant, boîte de nuit, etc. Aujourd’hui, Jimmy Glass n’est plus footballeur. À la fin de sa carrière, le héros de Carlisle a ouvert une compagnie de taxis à Wimborne Minster. « C’est très compliqué de comprendre quelle place on occupe quand on passe du statut d’homme qui ne sera jamais oublié à celui d’homme ordinaire qui se soucie de sa prochaine facture. Ce but est une partie incroyable de ma vie, et j’en profiterai jusqu’à ce qu’on en ait marre d’en parler » , conclut-il.

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