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Jimmy Greaves, 30 000 livres pour vivre

Par Paul Piquard
Jimmy Greaves, 30 000 livres pour vivre

Légende du football britannique, Jimmy Greaves, victime d'un arrêt cardio-vasculaire en mai dernier, doit aujourd'hui compter sur la bonne volonté des internautes pour payer son lourd traitement.

Alors que Wayne Rooney vient de marquer son cinquantième but avec les Three Lions, devenant ainsi le seul meilleur marqueur de l’histoire de la sélection, un petit coup d’œil au classement des meilleurs artificiers anglais de tous les temps permet de se rendre compte à quel point la vie offre parfois des destins différents, voire injustes. En effet, son illustre dauphin, Sir Bobby Charlton, profite tranquillement de sa retraite dorée, s’affichant régulièrement dans les travées d’Old Trafford, tandis que celui qui complète le podium, Gary Lineker, parfait son bronzage et étrenne chaque semaine son statut de présentateur foot le plus populaire du royaume. Comme un symbole, la quatrième place, celle « du con » , comme le veut l’expression consacrée, est celle de Jimmy Greaves.

Un génie très pressé

Greaves, un nom que le temps a peut-être injustement effacé progressivement des mémoires, mais dont la trace a été laissée au marqueur indélébile dans les annales du football britannique, et européen. Formé à Chelsea, Jimmy ne met pas longtemps à définir le mot « précocité » . À 20 ans, lors de sa quatrième saison en pro, il atteint ainsi la barre des 100 buts en championnat, en inscrivant un triplé face à Manchester City. Star incontestée des Blues, il termine la saison 1960-61 avec un total hallucinant de 41 buts en 40 rencontres. Après une aventure italienne avortée au bout d’une saison au Milan AC, Greaves, à qui Londres manque cruellement, revient dans la capitale à Tottenham, où il restera neuf saisons. Le temps d’inscrire 268 buts en 381 matchs, et de glaner deux FA Cup, et surtout une Coupe des vainqueurs de coupes, en 1962, en inscrivant un doublé lors de la finale face à l’Atlético Madrid (5-1). Bref, neuf saisons pour devenir le meilleur joueur de l’histoire du club.

Messi avant l’heure

366 buts en championnat, Premier League et Serie A confondues. Jimmy Greaves est tout simplement le meilleur buteur de l’histoire des cinq « grands championnats » , un petit but devant l’immense Gerd Müller. Le talent de l’Anglais, c’est encore Harry Redknapp qui en parle le mieux dans son autobiographie : « Nous étions au terrain d’entraînement des Queens Park Rangers, et Sky Sports repassait un but de Messi. Il pénètre dans la surface, prend son temps, attend que tous les défenseurs, puis le gardien, anticipent, puis la glisse dans le petit filet opposé. Mes joueurs sont devenu fous. Je leur ai dit que Jimmy Greaves en marquait un comme ça tous les week-ends, et parfois plus. Quand il avait la balle dans la surface, le monde s’arrêtait, c’est comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton pause de la télécommande. L’action autour de lui se poursuivait, mais on aurait dit que Jim était dans une autre dimension : plus lent, plus calme, détachant son esprit de l’agitation l’entourant. »

1966, éternel regret

Mais voilà, au cours de sa vie, Greaves a connu trois tragédies. La première, terrible, lorsque son fils de quatre mois décède, en 1961. La seconde, sur le terrain, où un mauvais duel face à Joseph Bonnel lors du troisième match de poules de la Coupe du monde 1966 face à la France le laisse sur le flanc durant le reste de la compétition. Remis pour la finale, Greaves voit son remplaçant, Geoff Hurst, être désigné titulaire et assiste au sacre de ses coéquipiers dans la peau d’un étranger, comme il le confiera plus tard : « Je dansais sur le terrain comme tous les autres, mais même durant ce moment de triomphe et de joie, au fond de moi, je ressentais de la tristesse. Durant toutes mes années de footballeur professionnel, j’avais rêvé de disputer une finale de Coupe du monde. J’avais laissé passer le match d’une vie et cela faisait mal. » Surtout qu’à l’époque, seuls les onze joueurs alignés sur la pelouse se voient remettre une médaille de vainqueur.

« J’ai été bourré de 1972 à 1977 »

Vendu plus tard contre son gré à West Ham, en 1970, Greaves fait la connaissance de celle qui ruinera une bonne partie de sa vie : la bouteille. « Je suis complètement passé à côté des années 70. J’ai été bourré de 1972 à 1977 » , confiait-il au Guardian, en 2003. « Cela m’arrivait de boire 20 pintes de bière durant la journée, puis une bouteille de vodka entière avant de me coucher. » C’est finalement en février 1978 qu’il décide d’arrêter de boire, définitivement. « Un jour, je me suis dit : « C’est fini » et je me suis éloigné de cela, et, heureusement, à ce jour, je n’ai jamais repris. Y a-t-il des moments où j’aimerais boire ? Bien sûr, comme tout le monde. Ce n’est pas déshumanisant. » Remis d’une période noire, Greaves devient un présentateur télé très populaire qui forme un duo mythique avec Ian St John dans l’émission Saint and Greavsie.

Crowdfunding pour survivre

En mai dernier, Greaves, aujourd’hui âgé de 75 ans, est victime d’un accident vasculaire cérébral, qui le laisse pratiquement paralysé des jambes, incapable de bouger son bras gauche, et muet pendant plus d’un mois. Sorti de l’hôpital un mois plus tard, Greaves se remet doucement, mais a besoin d’un traitement de 500 heures de physiothérapie, pour un montant évalué à 30 000 livres. Une somme qu’il n’a pas. C’est alors que son ancien agent lance une campagne de crowdfunding sur internet pour récupérer la somme. Une campagne qui peine d’abord à décoller, au grand dam de son ancien coéquipier George Cohen : « C’est vraiment une folie que cet argent n’ai pas été levé par des acteurs du football. Qu’un des meilleurs joueurs qu’il m’ait été donné de voir soit laissé dans une situation pareille est très triste. Jimmy a donné énormément pour le football et mérite d’être aidé aujourd’hui. 30 000 livres n’est pas une somme énorme. C’est le salaire moyen d’un joueur de Premier League aujourd’hui – certains d’entre eux gagnent 100 000 livres par semaine. Quelqu’un dans le monde du football pourrait lui donner d’une traite. Je le ferais si j’avais l’argent. » Heureusement, le week-end dernier, l’annonce de l’objectif initial rempli a fait le tour des médias britanniques. Loin de ces considérations, Wayne Rooney pouvait ainsi s’apprêter à fêter son record en toute sérénité.

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