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L'Étrange Noël de monsieur Jim
Si Manchester United, actuel huitième de Premier League, vit l’un des pires débuts de saison de son histoire, ses supporters ont vécu un avant-réveillon animé avec l’annonce officielle de la prise de participation de Sir Jim Ratcliffe, patron d’Ineos, à hauteur de 25% dans le capital du club. Tout ça pour quelles conséquences ?
La nouvelle est tombée au pied du sapin, à l’heure de la fermeture des marchés de Noël et des énièmes verres de vin chaud, au bout de longues années de bataille. Oui, ça y est, enfin : après plusieurs mois de négociations, Sir Jim Ratcliffe, patron d’Ineos et déjà propriétaire de deux autres clubs (l’OGC Nice, Lausanne-Sport), a officiellement racheté, dimanche, 25% des parts de Manchester United contre un chèque d’1,5 milliard d’euros, ce qui a permis aux supporters historiques du club de passer le réveillon avec une occasion de trinquer.
Mais pourquoi donc ? D’abord, car en faisant son entrée au capital, Ratcliffe a obtenu la gestion des affaires sportives d’un navire qui traverse un début d’exercice historiquement galère (une seule victoire en six matchs de poules de Ligue des champions, huit défaites en 18 journées de Premier League, une élimination en Carabao Cup dès le quatrième tour) et qui avait plus que jamais besoin d’un changement après des années de contestation contre la gestion de la famille Glazer, arrivée aux manettes en 2005 et qui va garder pour le moment ce qui compte le plus à ses yeux, à savoir le contrôle des affaires commerciales de l’institution. Ensuite, car l’Anglais, âgé de 71 ans, né à une dizaine de kilomètres d’Old Trafford et fan de toujours de Manchester United, a déjà annoncé qu’il allait investir 300 millions d’euros pour des travaux de rénovation bienvenus de l’enceinte (augmentation de la capacité, réparation de plusieurs fuites). Enfin, et surtout, cette annonce fait naître l’espoir qu’on reparle enfin durablement de foot dans un club toujours aussi endetté (829 millions d’euros) malgré des revenus toujours aussi colossaux (744 millions d’euros pour la saison 2022-2023), ce qui s’explique par la gestion des Glazer, habitués à se remplir les poches de dividendes issus de revenus commerciaux de plus en plus gros, tout en se servant en parallèle dans les caisses du club pour rembourser l’emprunt qu’ils ont contracté pour le racheter en 2005. Alors, enfin le soleil ?
Jusqu’où ira Ratcliffe ?
Évidemment, tout n’est pas si simple et il faudra suivre attentivement comment vont ensuite se dérouler les prochains mois après la première pose d’une pierre qui intervient un peu plus d’un an après l’annonce par le conseil d’administration de Manchester United de l’ouverture d’un « processus d’exploration d’alternatives stratégiques pour le club afin d’améliorer sa croissance future » et quelques semaines après celle du retrait du cheikh qatari Jassim bin Hamad al-Thani d’un processus de rachat. On se doutait alors que Jim Ratcliffe allait rapidement prendre un rôle d’actionnaire minoritaire, mais la question est maintenant de savoir jusqu’où il ira, là où certains supporters auraient préféré tout de suite une reprise totale du club pour définitivement exclure les Glazer de l’équation. Mais que faut-il attendre aujourd’hui ? Bonne question alors que la fortune de Ratcliffe n’a jamais été aussi élevée. Selon The Athletic, ce dernier envisagerait de vite bousculer la structure sportive de son nouveau club. Ainsi, Dave Brailsford, le directeur des opérations sportives d’Ineos, va rapidement intégrer le projet, tout comme l’ancien directeur général du PSG Jean-Claude Blanc. L’actuel directeur du football, John Murtough, qui possède un droit de veto sur les recrues – Erik ten Hag aussi – souhaite conserver son poste, mais il pourrait prochainement être remplacé par Paul Mitchell, Julian Ward ou Dan Ashworth.
Et Ten Hag, dans tout ça ? Difficile de savoir alors que Manchester United a vécu sa treizième glissade de la saison, samedi dernier, face à West Ham (2-0) et que le top 4 est déjà à huit points, même s’il se murmure ces derniers temps que le Néerlandais devrait avoir une période pour prouver qu’il est bien l’homme de ce projet aux yeux de la nouvelle garde sportive. Autre question, plus française : l’arrivée de Jim Ratcliffe à Manchester United va-t-elle avoir des conséquences pour l’OGC Nice, racheté en août 2019 et aujourd’hui deuxième de Ligue 1 ? A priori, pas à court terme, les négociations entre Ratcliffe et son nouveau club ayant duré assez longtemps – treize mois – pour que tout le monde se prépare (l’installation du duo Bocquet-Ghisolfi début 2023 allait aussi dans ce sens) et il n’existe aucun risque pour que le club azuréen, dont les ambitions ont de toute façon évolué depuis quatre ans, ne devienne qu’une simple succursale de son frère anglais. Chacun ses intérêts, chacun ses batailles et celle qui attend Ratcliffe avec un club qui ne marque plus, qui cumule les échecs, et qui ne sait plus trop où il veut aller, ni comment, est de taille. Pour le soleil, on attendra.
Par Maxime Brigand