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Restes in peace
Pour se qualifier pour la finale des Jeux Olympiques, l’équipe de France comptera une nouvelle fois sur sa défense de fer (0 but encaissé dans le tournoi) et son portier Guillaume Restes qui, sans un concours de circonstances, n’aurait pas été titulaire avec les Bleuets.
Buteur lors de la dernière journée de Ligue 1 face au LOSC pour offrir l’égalisation à l’OGC Nice à la 93e minute, Jordan Lotomba n’a pas seulement bousculé le classement du championnat de France, il a aussi chamboulé les plans de Thierry Henry. Relégué derrière Brest au 4e rang de Ligue 1 suite au but du défenseur suisse, le LOSC a dit adieu à sa qualification directe pour la Ligue des champions et bonjour aux deux tours de barrages dont un premier qui a lieu le 6 août. Soit le lendemain de la demi-finale du tournoi olympique. Résultat, le président du LOSC Olivier Létang a refusé de libérer ses joueurs pour les JO : « On ne peut pas les libérer. Nous sommes le seul club à jouer pendant les JO. Si on avait fini troisièmes, j’avais pris l’engagement pour que les joueurs puissent participer à cette compétition. » Thierry Henry se retrouve donc privé d’un coup de Bafodé Diakité, Leny Yoro – parti entre-temps à Manchester United – et surtout de son portier titulaire Lucas Chevalier. Quelques semaines plus tard, le champion du monde 98 ne doit pas regretter l’absence de Chevalier puisque son remplaçant Guillaume Restes fait plus que le job, lui qui n’a toujours pas encaissé le moindre but dans ce tournoi olympique.
La chance du débutant
Né en 2005, Guillaume Restes est, avec Désiré Doué, le plus jeune joueur de l’équipe de France Olympique. Mais contrairement au Rennais, le portier n’a qu’une seule saison en pro dans les pattes. Mais quelle saison. Car si le Téfécé a terminé dans le ventre mou, Guillaume Restes s’est, lui, montré à son avantage faisant parler ses réflexes stratosphériques. Et ce ne sont pas les attaquants de Liverpool, battus au Stadium en Ligue Europa, qui vont dire le contraire. Ajoutez à cela un jeu au pied maîtrisé et vous obtenez la recette parfaite du gardien moderne. Et cerise sur le package : la baraka. Cette saison, club et sélection confondus, Guillaume Restes a été sauvé 35 fois par ses montants. Dont deux fois face aux USA lors du match inaugural de ces JO (3-0). Et quand ce ne sont pas les poteaux, c’est la VAR qui vient lui sauver les fesses à deux reprises contre la Guinée (1-0). Mais la chance, ça se provoque. C’est en tout cas l’avis du patron de sa défense Loïc Badé : « Si les attaquants tirent sur les poteaux, c’est aussi parce que c’est Guillaume dans le but, il fait peur. » Un avis que partage en partie le principal intéressé : « Par mon placement, c’est vrai que je peux parfois emmener les attaquants à toucher les montants. Mais c’est surtout de la chance, il ne faut pas se le cacher. » Trois ou quatre fois peut-être. Mais pas 35. Et dire qu’à la base Toulouse était parti pour titulariser Kjetil Haug dans les bois la saison dernière pour remplacer Maxime Dupé et laisser ainsi Restes en doublure.
Une bande de fous
Remplaçant lors du dernier match de groupe face à la Nouvelle-Zélande (3-0) où Thierry Henry a fait tourner son effectif, Guillaume Restes a vu ses coéquipiers conserver leur invincibilité dans le tournoi. Preuve que celle-ci ne dépend pas seulement de celui qui a écoeuré les Argentins en quart de finale. Non, à l’image de Loïc Badé – choisi comme troisième joueur de plus de 23 ans à la petite surprise générale – et de son compère Lukeba, qui a mis Julian Alvarez dans sa poche, la défense des Bleus est impériale dans ce tournoi. Pourtant, Thierry Henry l’assure à longueur d’interviews, comme celle donnée à la FIFA avant le tournoi, son credo est le jeu vers l’avant : « J’aime jouer haut, j’aime essayer d’avoir la balle. Donc il faut essayer de créer cet état d’esprit « Groupe France » et aller vers l’avant. Bien sûr, quand tu te retrouves dans ce genre de situation, tu laisses beaucoup d’espace derrière et il faut bien gérer la transition, surtout à la perte de balle. »
Et c’est ce que l’on voit sur le terrain où les coéquipiers du Général Lacazette ne cherchent pas à jouer le 0-0 ou à conserver le score à l’image de la fin de rencontre face à l’Argentine où ils cherchaient à inscrire le but du K-O quand il suffisait juste de faire tourner le chronomètre. Sauf que Thierry Henry n’est pas Gérard Houllier et n’en veut pas à ses joueurs : « Tout le stade et tout le banc de touche ont dit à Maghnes Akliouche d’aller conserver le ballon au poteau de corner. Mais comme il est fou, il est parti centrer et on s’est retrouvés juste après avec une frappe argentine au-dessus de notre barre. » C’est aussi cette insouciance et cette envie de marquer à tout prix qui fait que cette “bande de fous” comme l’appelle Thierry Henry a conquis le public et les téléspectateurs : « C’est toujours plus facile avec les victoires, mais il y a un engouement. L’atmosphère à Bordeaux m’a rappelé un peu 1998, c’était juste incroyable. À Marseille et à Nice aussi, mais Bordeaux a été un grand moment d’émotion. Ce fameux but refusé à Michael Olise, cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti ça avec la France. C’était juste incroyable. » Ne reste plus qu’à concrétiser cela avec une médaille. Et si possible en or. Première étape de cette quête : l’Égypte, qui a battu 2-1 une Espagne remaniée durant la phase de groupes. Mais jusqu’à preuve du contraire, les Espagnols n’ont pas Guillaume Restes dans les bois.
Par Steven Oliveira