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Titi, c’est toi le boss
Arrivé à la tête des Bleuets en août 2023 après six ans de règne de Sylvain Ripoll, Thierry Henry est arrivé avec sa fraîcheur d’entraîneur non issu du giron de la FFF et la volonté d’une performance en one shot lors des Jeux olympiques. Ce mercredi soir, pour le premier match du tournoi olympique contre les États-Unis, le gamin des Ulis passe son grand oral.
Hervé Renard chez les filles, Thierry Henry chez les garçons. À un an des Jeux olympiques, la Fédération française de football, si encline à conserver ses entraîneurs maison, a décidé de chambouler ses habitudes pour nommer des gros noms loin des coachs brandés FFF. « Titi » débarque ainsi à la tête des Bleuets, cette sélection qui navigue entre U21 ou U23 au gré des compétitions, obligée de se restructurer chaque année en vertu des changements de génération. Pas vraiment le poste idéal pour un jeune coach comme Henry, 46 ans et des expériences peu concluantes à l’AS Monaco et à l’Impact de Montréal. Mais le deuxième meilleur buteur de l’équipe de France accepte le challenge avec en ligne de mire les Jeux olympiques à domicile et l’ambition de remporter la médaille d’or, 40 ans après le seul sacre olympique français.
Tacles glissés à ses joueurs
Après un Euro U21 mitigé (quarts de finale) sous la houlette de Sylvain Ripoll, Thierry Henry récupère un groupe qu’il peut façonner à son gré. Chose faite avec des copies bien différentes de ce qui se proposait essentiellement jusque-là. C’est avec son propre style qu’Henry avance, mis en mouvement par ses joueurs sur le terrain et par ses mots en conférence de presse. Le nouvel entraîneur des Bleus ne baisse pas les yeux quand il s’adresse aux journalistes, il prend le temps de parler longuement ballon, balaie les questions incessantes sur la présence de Mbappé aux JO, martèle l’importance de la préparation physique… Et essuie ses premières critiques lorsque son groupe prend 2-0 face à une équipe d’Autriche U21 remplie d’anonymes, quand Henry peut se permettre d’empiler Lukeba, Yoro, Ugochukwu, Kalimuendo, Wahi, Cherki et compagnie, ou s’incline 3-0 face à une modeste équipe sud-coréenne.
Les Bleuets viennent de prendre une leçon de football. Ce sport collectif que peu semblent pratiquer parmi les onze titulaires, trop préoccupés à faire des gris-gris pour des vidéos de highlights sur Instagram. Thierry Henry lâche son premier coup de gueule et fait passer un message à ses joueurs : « Il y a quelque chose qui s’appelle l’envie dans le football. À un moment donné, on peut parler de tactique, les deux buts c’est juste une question d’envie. […] Le niveau était bien bas ce soir. » Une façon de faire qu’affectionne le néo-coach des U21, prompt à rappeler qu’il n’est jamais satisfait, peu importe le résultat, mais qui pour autant ne fracassera jamais publiquement ses ouailles. « On apprend », n’oublie-t-il jamais de rappeler.
Thierry Henry et les autres
Conscient d’avoir une bande de gamins qui préfère s’amuser sur le terrain plutôt que défendre, Thierry Henry a pris son temps avant de voir son équipe réussir à comprendre l’intérêt d’un bloc et d’un pressing coordonné. Mais l’arrivée de « Titi » à la tête de la sélection olympique génère inévitablement plus d’intérêt pour une discipline habituellement peu valorisée aux Jeux olympiques, et donc des attentes en matière de performances. D’autant que, contrairement à Tokyo 2021, il dispose d’une vraie équipe. Les matchs de prépa sont diffusés en clair sur la chaîne L’Équipe, les prestations des Bleuets débattues, les conférences de presse de Thierry Henry suivies… Impossible de se rater, surtout quand la FFF l’a nommé avec l’objectif exclusif des Jeux olympiques.
À défaut d’avoir récupéré Kylian Mbappé, le premier porteur de la flamme à Paris apparaît comme la tête d’affiche de cette équipe désormais scrutée, histoire d’écraser les boulards de certains dans le vestiaire. Pas forcément fan des replis défensifs, Rayan Cherki paie d’ailleurs cher son manque d’implication et a été absent de la première liste édictée par Thierry Henry. « Il y a quelque chose qu’il va falloir faire, prouver », lançait-il à son sujet en conférence de presse. Le numéro 10 lyonnais et les autres ont fini par essuyer les plâtres de l’arrivée de leur nouveau boss, qui se satisfait aujourd’hui de les voir combiner à merveille pour écraser le Paraguay 4-1 puis la République dominicaine 7-0 : « Ce que j’aime bien avec cette équipe, c’est qu’elle a compris qu’il faut se donner la balle. » Enfin. Avec un groupe qui a à son palmarès « zéro embrouille en quatre semaines de prépa » et avec qui il a su trouver la bonne distance entre « grand frère » et « patron », Thierry Henry veut désormais prolonger l’expérience pour deux semaines de plus, jusqu’à la finale au Parc des Princes le 9 août prochain.
Par Anna Carreau