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Jérôme Prior : « Je devais prendre la succession de Carrasso »
Enfin sorti de son placard bordelais, Jérôme Prior brille à Valenciennes. Auteur d'un début de saison canon, le portier qui vient de fêter ses 24 ans revient sur ses galères girondines, tout en savourant une nouvelle vie qui passera par une réception de Clermont, ce soir.
Après une saison dernière complètement blanche à Bordeaux, tu rejoues enfin au foot. C’est un soulagement ?Oui, cela fait du bien de retrouver le plaisir, une équipe, un staff… Je n’ai pas eu de mal à retrouver le rythme, parce qu’aux Girondins, je m’entraînais avec Franck Chaumin, l’entraîneur des gardiens de la CFA, ce qui m’a permis de rester en forme. En signant à Valenciennes, j’avais la volonté d’être performant et je m’étais préparé pour.
Qu’est-ce qui a provoqué ta mise à l’écart du groupe professionnel des Girondins, la saison passée ?De retour de blessure, on m’a demandé d’aller m’entraîner avec la CFA. Je pensais que c’était pour retrouver les terrains petit à petit, et finalement, j’y suis resté. Je ne sais pas du tout pourquoi, ils ne m’ont jamais donné d’explications. Je n’ai jamais su si c’était pour des raisons sportives, ou de personnalité. Et puis, quand un nouveau gardien est arrivé de je ne sais pas où, du jour au lendemain, on ne me disait plus « bonjour. » Donc au bout d’un moment, je n’ai plus cherché à comprendre et j’ai bossé avec les gens compétents qui s’occupent de la réserve.
Tu en veux à quelqu’un en particulier ?Non, c’est du passé. Ils sont comme ils sont. Aux Girondins, il y a de bonnes personnes, et d’autres moins intéressantes. C’est comme ça, c’est le foot… Bordeaux m’a tout de même lancé en Ligue 1, grâce au président Triaud.
Si on en croit ton compte Instagram, cette mise à l’écart t’a au moins permis de voyager. Il y a une destination qui t’a particulièrement plu ?J’adore Valencia, et Londres où je vais souvent. Là-bas, toutes les cultures sont réunies, les gens ne se jugent pas sur l’apparence, les mentalités sont différentes, c’est un autre monde.
Ton plan initial était de prendre la succession de Cédric Carrasso dans le but bordelais ?C’était ce que le club et Carrass’ avaient prévu, oui.
C’est en janvier 2016, lorsque tu as vu arriver Paul Bernardoni, alors que Carrasso venait de se blesser gravement, que tu as compris que ça tombait à l’eau ?Jusqu’au dernier moment, Sagnol m’a dit qu’aucun gardien n’arrivait. Et puis, avant un match à domicile contre Rennes, lorsque je suis rentré dans le vestiaire après mon échauffement, Bernardoni était là. C’est comme cela que j’ai appris qu’il avait signé à Bordeaux. Il y a eu plein de trucs comme ça, qui ne sont jamais sortis. Ils m’ont traité comme ils m’ont traité, mais c’est de l’histoire ancienne. Aujourd’hui, je suis heureux à Valenciennes.
Finalement, tu retiens quoi de ces quatre années passées à Bordeaux ? Tu y as tout de même joué 42 matchs, dont 3 de Coupe d’Europe…Je me suis régalé chez les jeunes, j’y ai gagné la Gambardella (en 2013) avec des coachs super. Et puis j’ai disputé toutes les compétitions possibles : Ligue 1, Coupe de la Ligue, Coupe de France, Ligue Europa… Mais bon, au bout d’un moment, il faut aller voir ailleurs et c’est fait !
Les supporters retiennent surtout ton altercation avec Lamine Sané, après un match contre Nantes en février 2016. Tu peux nous dire ce qu’il s’était vraiment passé ?Non, si ce n’est que c’était une bagarre comme il en arrive dans tous les vestiaires, sauf que là, des gens ont décidé de faire sortir l’affaire tout de suite après. Il fallait un coupable, ils ont décidé que ce serait moi. Aujourd’hui, Lamine fait sa carrière, je fais la mienne, il n’y a pas de rancœur.
À Valenciennes, en dehors de Sessi d’Almeida, avec qui tu as remporté la coupe Gambardella, tu connaissais déjà d’autres joueurs ?Je connais Maxime Spano depuis le centre de formation de Cannes, et un peu Baptiste Guillaume pour l’avoir affronté, c’est tout. Mais l’intégration s’est hyper bien passée, j’ai tout de suite été mis dans le bain. On a une bonne équipe, avec une bonne mentalité. C’est une vraie bande de potes.
Ce qui doit surtout te changer, en tant que mec du sud, c’est la région…Pour l’instant ça va, il fait beau, mais tout le monde me dit de me préparer à l’hiver. On verra… En tout cas, les gens sont gentils, il y a de quoi s’occuper, des jolies villes à côté… Tout ce qu’il faut pour s’épanouir.
Quels sont les objectifs du VAFC, cette saison ?(Il souffle.) Gagner le plus de matchs possible, et voir à la 30e journée ce qu’on peut viser.
Tu es un des meilleurs joueurs de L2 de ce début de saison, tu vas être papa pour la première fois… Il faut monter en L1 pour que le conte de fée soit parfait…Pour l’instant, c’est une belle saison, il faut savourer et continuer comme cela. On bosse bien, ma compagne va accoucher en janvier… C’est bien. C’est très bien. Pour la Ligue 1, on verra plus tard.
Olivier Guégan, votre entraîneur, est connu pour plutôt bien faire jouer ses équipes. Il vous donne des consignes sur les relances ?Non, il nous demande simplement d’être efficaces, de ne pas prendre de risques inutiles. On repart au sol quand on peut, sinon on allonge pour jouer les deuxièmes ballons. Il y a huit recrues dans notre équipe type, donc il faut qu’on apprenne à se connaître. Une fois que cela sera fait, je pense qu’on sera un peu plus joueurs.
Quelles différences as-tu notées entre la L1 et la L2 ?La Ligue 2 est beaucoup plus physique. Sur les corners, il y a beaucoup plus de contacts, les arbitres sifflent moins qu’en Ligue 1.
Tu sais ce que pensent les Girondins de ton bon début de saison ?Des kinés, quelques salariés ou anciens coéquipiers m’ont envoyé des messages pour me dire de continuer comme ça, qu’ils sont contents pour moi. Il y a aussi des supporters qui continuent à me suivre, ça fait plaisir. Il m’arrive aussi d’avoir Franck Chaumin, François Bommé (entraîneur des gardiens de l’académie des Girondins) ou Patrick Battiston (directeur du centre de formation) au téléphone. Mais pas un mot de la part du staff de l’équipe première.
Propos recueillis par Mathias Edwards