Avant de faire carrière dans le cyclisme, tu avais commencé par le football…
Oui, j’ai commencé le football très tôt, dès que ma famille est arrivée à Nantes quand j’avais quatre ans. Je jouais à l’Union sportive de Chantenay, et j’ai fait un beau parcours dans les différentes équipes de jeunes. On a eu quelques beaux résultats. Puis j’ai participé aux journées de formation du FC Nantes, quand j’avais 13 ans. J’ai été retenu, mais mon père voulait que je reste dans mon club familial, alors je n’ai pas profité de cette opportunité. Puis j’ai refait des journées de formation avec les moins de 15 ans, et cette fois-ci, c’est eux qui m’ont fait comprendre que je les intéressais, mais que je ne jouerais pas en équipe première.
Et tu as regretté le fait de ne pas avoir dit oui quand tu avais 13 ans ? Est-ce que c’est après ça que tu t’es consacré au vélo ?
Oui, bien sûr, si c’était à refaire, j’aurais accepté la proposition du FCN. Mais j’avais 13 ans, je n’avais pas vraiment mon mot à dire, et puis j’étais très protégé par mes parents. Mais je n’ai pas arrêté le football pour autant. Quand ça n’a pas marché avec les moins de 15 ans, j’ai continué à jouer en tentant d’accéder au plus haut niveau que je pouvais. Je me disais : « Si je suis bon, ils viendront me chercher. » C’était vraiment mon rêve de devenir footballeur professionnel. J’ai eu quelques autres contacts avec des clubs de la région, Carquefou par exemple, mais il y a eu le vélo. C’est familial chez nous, on se transmet l’amour du vélo de génération en génération, mon père en a fait, mon grand-père aussi…
Donc tu n’es pas devenu footballeur professionnel. En revanche, la passion est restée, et plus particulièrement pour le FC Nantes. Ton avis sur ton équipe aujourd’hui ?
Oui, je suis un fanatique des Nantais depuis toujours, c’est ma ville. En ce moment, ce qui est dur, c’est qu’on fait face à pas mal de départs. Bessat, c’est dommage, c’est un joueur qu’on aimait bien. C’est le chouchou de la Beaujoire. Mais je me mets à sa place : il arrive à la trentaine, c’est normal qu’il pense à lui et à ses intérêts. Ce qui fait mal en revanche, c’est Nkoudou qui part si vite. Je pense qu’on aurait dû essayer de le garder. Maintenant, il faut qu’on conserve nos autres cadres. Mon ami Rémy Riou a prolongé. Ça, c’est une bonne nouvelle. Un gars comme Jordan Veretout aussi, il faut le garder. Ça peut être un joueur clé pour attirer d’autres joueurs. S’il part, ça risque d’être la panique.
Selon toi, quel est le genre de joueurs dont Nantes a besoin ?
Son profil, c’est un joueur qui n’a pas une ambition personnelle, mais collective. Il aime le jeu en mouvement. Il nous faudrait un gars un peu buteur aussi. Et surtout, il faut qu’il comprenne que Nantes, c’est une équipe qui a une histoire, une identité, un jeu. Actuellement, on est une jeune équipe en Ligue 1, on est remonté il y a deux ans seulement. Mais il y a un beau projet qui est en place, et les futurs joueurs doivent croire en ce projet.
Quand on est cycliste et qu’on voyage tout le temps, c’est pas trop dur de suivre les matchs de ton équipe ?
Maintenant, avec les applications, les streamings, les radios, je me débrouille. Quand on aime, on trouve toujours un moyen.
Et tu trouves parfois le temps d’aller au stade ?
Oui, j’y vais souvent, dès que je peux ! Et puis, je suis régulièrement invité aussi, donc c’est pratique. Mais je suis déjà allé faire un tour en tribune Loire aussi, c’est fantastique. À Nantes, quand le spectacle n’est pas sur le terrain, au moins il est en tribunes. Quand on voit ça, on se dit qu’on aimerait être un des footballeurs sur la pelouse, on rêve d’être à leur place.
Tu penses quoi des difficultés qu’a rencontrées le public nantais dans ses relations avec les instances. On pense aux interdictions de déplacements, ou aux barrières installées à la Beaujoire pour empêcher le public de trop bouger.
Rien de tout cela n’est justifié, les gens de la Ligue essayent d’exister comme ils peuvent. Les barrières par exemple, c’est plus dangereux qu’autre chose, on tape dedans ! On casse le côté populaire du football. Un stade, ça doit être chaud.
Je sais que Der Zakarian fait pas mal de vélo. Mais globalement, c’est dur de faire monter les footballeurs sur un vélo.
Dans le peloton, est-ce qu’il y a d’autres gros fans de football ? Est-ce que ça chambre, entre nationalités par exemple ?
Oh oui, dans le peloton, ça chambre ! Moi, j’ai passé pas mal de temps dans des équipes étrangères, et l’année dernière, le Tour était au moment de la Coupe du monde. Le quart de finale de la France, je l’ai regardé avec mon coéquipier allemand Robert Kluge. Forcément, il faisait le fier après. Les Italiens aussi aiment bien la ramener. Là, avec la Juve en finale de Ligue des champions, on les a pas mal entendus. Et chez les Français, on a pas mal de fans aussi. Je sais que Thibaut Pinot et Arthur Vichot font le tour des stades quand ils peuvent.
Et chez les cyclistes, ça joue un peu au ballon ?
Oui ! Avec l’association Un maillot pour la vie, j’organise chaque année un match entre une équipe de cyclistes et des anciens du FC Nantes : Da Rocha, Loko, Nicolas Gillet… Chez les cyclistes, j’ai mes potes de la région qui viennent, Bryan Coquard ou Sébastien Turgot par exemple. Et Vélo Magazine organise un match chaque année aussi, entre une équipe de cyclistes français et une de cyclistes étrangers. Je suis capitaine de l’équipe de France, s’il vous plaît ! Et sur le terrain, le niveau n’est pas dégueulasse. Bon, y a des espaces hein, mais c’est sympa !
Est-ce que le fait d’avoir eu un parcours dans le foot t’a servi pour ta carrière de cycliste ?
Y a des similitudes, oui. Un bon cycliste, c’est comme un bon footballeur, il doit se prendre en main. Si tu te contentes des entraînements de ton équipe, quand tu rentres chez toi, tu oublies et tu ne progresses pas. Il faut continuer la préparation de son côté. Dans l’idéal, avoir son propre préparateur physique ou son propre diététicien à côté de celui du club. Et puis il y a une chose que j’ai retrouvée dans le cyclisme, quand je suis devenu un équipier modèle : le fait de travailler pour les autres.
Tu as déjà commenté des courses cyclistes pour beIN, une idée de reconversion ? Et si oui, pourquoi pas en tant que consultant football ?
Là, tu me poses la bonne question. C’est exactement ce que j’ai envie de faire après ma carrière sportive ! J’ai vraiment envie de devenir consultant, pour le vélo bien sûr, mais si je trouve une chaîne qui me fera parler de foot aussi, c’est parfait. J’ai déjà commenté des matchs pour Radio Côte d’Amour, une radio locale de ma région. J’étais en direct, à la Beaujoire, comme un vrai journaliste quoi. Ça me plaît vraiment, donc c’est mon objectif principal de reconversion.
Et si c’est le FC Nantes qui te propose un poste, pour aider à la préparation physique des joueurs, ou pour donner des conseils ?
J’irais pédaler avec eux avec plaisir ! Je sais que Der Zakarian fait pas mal de vélo. Mais globalement, c’est dur de faire monter les footballeurs sur un vélo. Ils font un col de temps en temps lors de la préparation estivale histoire de, mais ça s’arrête là. Donc non, je ne pense pas à ça comme une vraie reconversion.
Tu es réputé pour certains de tes coups de gueule contre le monde du cyclisme. Est-ce que dans le football, aussi, il y a des choses qui te rendent fou ?
Le football, je connais pas assez le milieu de l’intérieur pour me permettre de faire des critiques, mais, de mon point de vue de fan, il y a des trucs qui me mettent hors de moi, oui. Y a les affaires de la FIFA en ce moment, bien sûr, mais c’est aussi le comportement de certains joueurs sur le terrain, qui en font trop pour gagner du temps, ou influencer les arbitres. Une fois, je commentais un match Nantes-Lille, et Rio Mavuba m’a fait sortir de mes gonds. C’est lui qui arbitrait le match, et qui décidait de quand le jeu s’arrêtait ou non. Mais bon, si j’étais joueur, y a des chances pour que je sois aussi comme ça (rires) !
Tu as déclaré que le parcours des championnats de France te convenait. La course aura lieu en Vendée, et ce n’est pas l’amour fou entre les Nantais et les Vendéens. Tu n’as pas peur d’être sifflé si tu tentes une échappée ou que tu l’emportes ?
(Rires) C’est vrai que le Nantais ne veut pas être vendéen. Et le Vendéen, il a beaucoup d’atouts, mais il est un peu dégoûté parce qu’il n’a pas la grande ville ! Mais je connais bien la Vendée, j’ai même été licencié là-bas pendant quelques années, donc j’espère qu’il me reste des fans, et qu’ils seront fidèles !
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