Où en est la MLS aujourd’hui ?
La MLS a vraiment passé un gros cap : les joueurs, les infrastructures, le public, l’organisation des clubs, la formation, les salaires… Le niveau de la Ligue a fortement progressé ; nous ne sommes plus un championnat où les joueurs viennent finir leur carrière. Il y a bien sûr encore de gros manques tactiques, mais le niveau global est bien meilleur. Les équipes ont de fantastiques infrastructures, les staffs sont compétents, la plupart des équipes sont propriétaires de leurs stades que nous remplissons chaque semaine, sans compter les salaires qui sont de plus en plus intéressants pour les joueurs… Tout est là pour que ça marche. Nous avons de fantastiques perspectives pour l’avenir.
Quelle est votre stratégie de développement ? Comment comptez-vous développer la MLS aux US et à l’étranger ?
Il y a les nouvelles franchises, le New York City FC et Orlando City qui nous rejoignent en 2015. Puis bientôt Miami et Los Angeles FC. L’objectif est de finir le développement à 24 clubs dans un premier temps. Pour ce qui est de notre stratégie, c’est très simple : nous voulons devenir une des meilleures ligues mondiales d’ici à 2022. Nous avons fait venir quelques noms (Lampard, Kaká, Keane, David Villa, Dempsey, Defoe, Henry…) et quelques autres vont nous rejoindre en janvier, mais l’objectif est surtout de s’appuyer sur la formation. Nous avons 25 millions de pratiquants dans le pays et c’est le premier sport chez les moins de 15 ans. À nous d’en profiter et d’optimiser notre formation pour commencer à développer de jeunes talents. D’où l’importance du partenariat que nous avons créé avec la FFF (1) pour parfaire les compétences de nos coachs… Ensuite, si nous faisons venir de bons joueurs internationaux et que nous commençons à développer des talents, avec notre système organisationnel, le développement à l’étranger se fera naturellement. Nous développons également des projets dans les grandes villes américaines pour permettre un accès facile à notre sport pour tout le monde. Un de ces projets, par exemple, concerne le développement du concept Five Soccer/Urban Football dans les villes nord-américaines. Nous avons aussi lancés de gros sites d’urban soccer à New York avec l’aide du fondateur du Five en France – Jean-David Tartour – et nous allons implanter le concept partout dans le pays. Plus l’accès sera facile pour cette discipline, plus elle va se développer sur les marchés difficiles…
Pourquoi recruter de grands joueurs étrangers en fin de carrière et ne pas faire de même avec des coachs ?
Faire venir des joueurs étrangers est beaucoup plus facile que de signer des coachs non américains. D’abord, parce que les visas ne sont pas les mêmes : les joueurs ont un visa « sportif de haut niveau/talent exceptionnel » , facile à avoir, alors que les coachs ont un visa de travail normal, beaucoup plus ardu à obtenir auprès du gouvernement US. Ensuite, les coachs étrangers n’ayant pas eu une expérience préalable en MLS se sont tous plantés terriblement… Tout est tellement différent outre-Atlantique qu’il est difficile pour un coach étranger qui ne connaît pas bien la Ligue de s’adapter… Le salary cap, les trades entre franchises, les nombreuses drafts (College, expansion, re-entry draft…), les différents types de joueurs désignés, les particularismes entre les Conférences Est et Ouest, la mentalité des joueurs et du public américains, le système d’implantation des jeunes, les partenariats avec les autres ligues fermées (USL)…
Avez-vous un « modèle » : une ligue européenne ou un autre sport américain ?
Notre modèle, c’est le sport professionnel aux États-Unis : une ligue fermée comme la NBA ou les autres grands sports US, le salary cap (plafonnement des salaires), les dépenses des clubs régulées par la MLS, un système de franchises, un championnat organisé avec les conférences Est et Ouest. Nous sommes convaincus que c’est le fonctionnement idéal pour nous et nous n’en changerons probablement pas.
Comment se crée une franchise de MLS : une initiative privée, une volonté de la Ligue, un mélange des deux ?
Effectivement, c’est un mix des deux. L’objectif est d’avoir 24 franchises au total. Nous travaillons déjà avec plusieurs groupes sur de nouvelles équipes, mais pour créer une franchise en MLS, il faut un groupe d’investisseurs très solide. Il y a 100 millions de dollars de droits d’entrée et surtout être en mesure de fournir un stade spécifique à la pratique du soccer pour l’équipe en question, qui peut facilement ajouter 200 millions de dollars au projet.
Ils servent à quoi, ces 200 millions ?
En plus des droits d’entrée, il faut venir avec un projet sportif solide PLUS le stade dédié au soccer. Comme ces stades n’existent pas encore partout, il faut donc que la nouvelle équipe d’investisseurs d’une franchise prévoit de financer ce stade qui coûte entre 200 et 300M$…
Où en est Miami à ce jour ?
C’est un beau projet qui prend forme, il ne manque plus qu’a valider la situation géographique du stade. L’équipe devrait démarrer en janvier 2017 avec un stade magnifique et de grands joueurs…
Il était question qu’il y ait trois franchises à New York : pourquoi ? N’est-ce pas trop ?
Non, il y en aura seulement deux : les New York Red Bulls et le New York City Football Club (NYCFC). Nous avons refusé l’entrée du Cosmos qui n’avait pas un projet assez solide pour obtenir la franchise MLS. Celle du New York City FC va démarrer en janvier prochain et cela va engendrer une formidable rivalité dans la ville. Avec un groupe d’investisseurs réunissant Manchester City ou les Yankees (le club de base-ball) et l’arrivée de joueurs comme Frank Lampard et David Villa, NYCFC va devenir rapidement une place forte du soccer aux USA.
Il y a des zones géographiques, en particulier dans le Sud, où il n’y a pas de franchise. Comment comptez-vous y remédier ?
Nous observons tous les marchés importants du foot aux US. Les meilleurs projets et groupes d’investisseurs seront en mesure de pouvoir obtenir une franchise, mais nous ne forcerons pas une ville ou un État à créer une équipe même si c’est une zone géographique où il n’y en a pas…
C’est une opportunité formidable pour de jeunes footballeurs de continuer leurs études grâce à des bourses entre 20 et 60 000$ par an
Peux-tu nous en dire plus sur les projets de franchise à Vegas, Minneapolis et sur le second club de L.A ?
À Vegas et Minneapolis, pour le moment il n’y a rien. Certains groupes d’investisseurs nous ont présenté des projets, mais ce n’est pas encore concret et Vegas n’est probablement pas un marché intéressant pour la MLS… Le Los Angeles FC a été officiellement validé ce mois-ci pour arriver en janvier 2017. Un groupe d’investisseurs puissant est derrière ce projet, dont les co-propriétaires des Queens Park Rangers, de Cardiff City, de l’AS Roma, Magic Johnson, ainsi qu’un des fondateurs de Youtube… Ils sont en train de construire un Stade downtown Los Angeles qui sera fantastique.
Le Nord-Ouest (Seattle, Portland, Vancouver) est-il l’épicentre du soccer américain ?
Le Nord-Ouest est UN des épicentres. Ces équipes ont des publics extraordinaires qui remplissent leur stade à chaque match. Ce sont de jeunes franchises en MLS qui se sont structurées de manière fantastique et le derby entre Seattle et Portland est devenu un des plus gros matchs de l’année ! En attendant le futur derby entre les deux équipes de New York ou celui à venir entre les Los Angeles FC et le L.A Galaxy…
Les tournées en Amérique du Nord des grands clubs européens durant l’été correspondent-ils à une stratégie de la Ligue ?
C’est toujours un plaisir d’accueillir les meilleures équipes européennes chez nous pendant leur stage de préparation. Nous sommes heureux qu’ils profitent de nos superbes infrastructures, et c’est effectivement intéressant pour la MLS. Nous avons ciblé une vingtaine de clubs européens qui amènent une réelle ferveur dans les stades et nous sommes ravis de les voir venir chaque année.
Comment concilier ton travail et le scouting des clubs ?
Je suis en charge du recrutement des joueurs qui évoluent en Europe pour la MLS. J’ai quatre autres collègues qui couvrent l’Asie, le Brésil, le Mexique et l’Argentine. J’aide les clubs à organiser le scouting, à développer leurs réseaux pour avoir de bonnes infos sur les joueurs et trouver les profils qui conviennent le mieux pour notre championnat. Nous organisons le recrutement de nos équipes en fonction de leurs besoins qui varient au cours de la saison, mais aussi en suivant les grandes lignes directrices énoncées par la MLS. La Ligue joue un rôle très important dans le recrutement, car c’est elle qui signe les contrats (les joueurs sont payés par la MLS, et non pas par les équipes). Une de nos lignes directrices consiste à ne plus recruter de joueurs en fin de carrière et à nous concentrer sur des footballeurs plus jeunes qui peuvent prendre de la valeur, comme par exemple Oriol Rosell (venu du FC Barcelone en 2012 et passé par Kansas City) qui a été transféré pour un montant important au Sporting Portugal cet été ou les signatures de Vincent Nogueira (ex-Sochaux, Philadelphie), Jean-Baptiste Pierazzi (ex-Ajaccio, San José) ou André Auras (ex-Brest, L.A Galaxy) en début de saison. En deux ans, nous avons fait venir plus d’une vingtaine de joueurs qui évoluaient en Europe et cela ne va que se renforcer, rapport à l’attractivité de notre ligue et des salaires qui commencent a être très compétitifs. Nous faisons aussi venir de nombreux jeunes joueurs français et européens (entre 18 et 22 ans du niveau CFA-CFA2-DH) dans le système universitaire américain afin de les suivre pendant leurs études dans les meilleurs programmes de soccer de la nation pour les drafter en MLS. C’est une opportunité formidable pour de jeunes footballeurs de continuer leurs études grâce à des bourses entre 20 et 60 000$ par an dans les plus grandes universités américaines et de continuer le football de haut niveau dans des conditions dignes de clubs de L1 afin de signer un contrat en MLS à la fin du cursus…
Après les Coupes du monde 2010 et 2014, la presse a fait le même constat : audiences en hausse, supporters américains présents en masse en Afrique du Sud et au Brésil. Est-ce à dire que le soccer progresse lentement mais sûrement ?
L’engouement de cet été était clairement supérieur à tout ce que l’on a pu voir dans les éditions précédentes. Le soccer aux USA progresse de façon étonnante et c’est déjà le sport le plus joué chez les jeunes de moins de 15 ans.
Quel bilan fais-tu de la saison régulière qui vient de s’achever ?
Nous avons un superbe champion de saison régulière (Seattle) et deux finales de Conférence qui donnent envie, entre Seattle et Los Angeles d’une part, et entre les Red Bull et les New England Revolution (Boston) de l’autre. Le niveau de jeu s’est clairement amélioré et toutes les équipes sont de plus en plus compétitives. La saison prochaine va être très intéressante !
Comment vois-tu les deux finales de conférence ?
Deux doubles affrontements qui peuvent vraiment aller dans un sens comme dans l’autre. Robbie Keane/Landon Donovan contre Clint Dempsey/Obafemi Martins et Thierry Henry/Peguy Luyindula/Tim Cahill contre Jermaine Jones/Charlie Davis, ça promet !
Une finale New York-L.A serait elle plus « médiatique » ?
Ce serait fantastique ! Mais une finale à Seattle dans un stade qui peut accueillir 67 000 fans, ça serait magnifique aussi…
Comment vois-tu le futur de la Ligue d’ici dix ans ?
L’objectif est clair et nous avons tous les moyens pour l’atteindre avec plus de grands joueurs internationaux, des infrastructures incroyables et un système de formation qui se met en place : nous serons une des cinq grandes ligues mondiales d’ici dix ans.
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