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Jérémy Toulalan, The Walking Dead
Qu'il est compliqué, le début de saison de Jérémy Toulalan. Annoncé logiquement comme une valeur sûre à son arrivée à Bordeaux, l'ancien Lyonnais peine à tenir son rang chez les Girondins. Mais pour l'instant, pas question pour Jocelyn Gourvennec de s'en passer.
Attention, spoiler. Au début du s07e04 de The Walking Dead, Rosita se trouve face à Negan, le grand méchant de la saison en cours. Les deux personnages sont séparés par une grille recouverte d’une bâche, à travers laquelle Rosita distingue clairement la silhouette de son oppresseur. Negan, accompagné de Lucille, sa batte de baseball entourée de barbelés, ne sait pas que Rosita, équipée d’une arme à feu, lui fait face. Rosita n’a qu’à appuyer sur la gâchette, pour débarrasser la bande de Rick du tortionnaire qui a déjà éclaté le crâne de deux d’entre eux (dont le livreur de pizza super cool). Mais Rosita n’en fait rien, et laisse cette baltringue de Spencer ouvrir la grille, et faire entrer Negan. Qui naturellement, confisquera toutes les armes du camp fortifié, au cours d’un épisode interminable. Dimanche dernier au Roudourou, à la 78e minute du match entre Guingamp et Bordeaux, Jérémy Ménez se trouvait dans la même position que Rosita, un ballon posé sur le point de penalty en guise de flingue. Prêt à achever ces Bretons, qui torturaient l’arrière-garde girondine à grands coups de longs ballons depuis quelques dizaines de minutes. Mais l’ancien Milanais n’en fit rien. Et Jimmy « Negan » Briand égalisera dans le temps additionnel. Pour la sixième fois de la saison, Bordeaux ne parvient pas à s’imposer avec Jérémy Toulalan titulaire au milieu de terrain. Depuis son arrivée à Bordeaux cet été, « la Toule » n’a gagné qu’une seule rencontre en débutant dans l’entrejeu girondin. C’était face à des Lorientais à la dérive, 2-1, le 5 novembre dernier. Les quatre autres succès bordelais se sont déroulés alors qu’il était forfait, ou en défense (contre Nantes).
Rick Toulalan
L’été dernier, le mercato bordelais a été marqué par l’arrivée de deux recrues phares. Deux Jérémy bien connus du football français, voire mondial, qui posaient en Gironde des valises aux contenus bien différents. Si Ménez était présenté comme un joueur à relancer, le fameux pari sans aucune certitude, Toulalan portait le costume de la valeur sûre. Avec le joueur formé à la Jonelière, Jocelyn Gourvennec pense tenir le métronome de son équipe. Son Rick, capable de mener une bande de personnages hétéroclites vers un futur plus radieux. Mais à l’image de la série d’AMC, la carrière de Toulalan s’essouffle à grande vitesse. Ses matchs en Gironde sont construits comme des épisodes de la série de morts-vivants, et celui face à Guingamp en est le parfait exemple. Le début de rencontre part sur de bonnes bases, avec une équipe bordelaise sérieuse, à défaut d’être flamboyante, qui se débrouille pour ouvrir le score. Puis la deuxième période est poussive. À mesure que les minutes s’égrainent, Rick Toulalan semble las, comme lorsqu’il se soumet à Negan. Ou alors, c’est son corps qui ne répond plus. Les erreurs techniques se multiplient. Les passes vont directement en touche. Les contrôles sont aléatoires. Les courses se font au petit trot. Et fatalement, c’est toute la bande qui se met au diapason de son leader, et recule jusqu’à se faire égaliser. Alors, à l’image de The Walking Dead, le joueur est-il en train de faire sa saison de trop ?
Indéboulonnable aux yeux de Gourvennec
Les conditions de son arrivée à Bordeaux laissaient quelques indices. Tout d’abord, il y a cette décision de l’AS Monaco de libérer son capitaine, alors qu’il lui restait un an de contrat en Principauté. Ensuite, il y a ces déclarations. Lors de sa présentation à la presse, le joueur explique avoir choisi les Girondins pour « répondre à un challenge différent qui [lui] permettra de [se] rapprocher de [sa] région natale » , à savoir Nantes, séparée de Bordeaux par plus de trois heures de route. Les paroles sonnent comme celles d’un homme en pré-retraite. Car même si ses tempes grisonnent depuis toujours, à trente-trois ans, Jérémy a le droit d’accuser le coup. Pour le soulager un petit peu, Jocelyn Gourvennec a réaménagé son 4-2-4 du début de saison en un milieu en losange, où « la Toule » se contente de contrôler en restant collé devant sa défense. Preuve que pour l’instant, l’entraîneur refuse d’imaginer son équipe sans son numéro 14. Mais pour combien de temps ? Il est là, le cliffhanger capable de relancer la saison bordelaise.
Par Mathias Edwards