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Jérémy Mathieu au Barça, c’est si surprenant que ça ?
Au Barça ? Pour 20 millions d'euros ? On parle bien du rouquin de 30 ans ? Celui qui a foulé les pelouse de Bonal et du Stadium ? Le même qui passe derrière Lucas Digne en équipe de France ? Eh oui, Jérémy Mathieu vient bien de signer au Barça. Alors voici pourquoi ça ne surprend qu'en France.
Stupeur. Le 30 janvier 2009 changera à jamais l’histoire du mercato. Juande Ramos est alors entraîneur du Real Madrid, champion en titre. Mais la Maison Blanche va mal. Il lui faut un mec sur le côté droit. N’importe qui. Au même moment, Julien Faubert se lève à Londres. Il commence quand même à se faire un peu de souci : 27 apparitions, 0 but avec West Ham, ça commence à se voir. Le téléphone sonne : « Le Real te veut en prêt. Tu pars ce soir » . En France, c’est l’incompréhension générale et les Français ont raison. Ils l’ont vu jouer en Ligue 1. Julien Faubert, ce n’est quand même pas fulgurant. Le rapprochement est vite fait entre les deux cas, mais Faubert n’est pas Mathieu. En Espagne en tout cas, on ne se fait aucun souci sur la signature de Jérémy Mathieu.
Un caméléon
Tout d’abord parce que le mec a 30 balais. En Espagne on ne dit pas qu’il est trop vieux mais qu’il a de l’expérience. Jocelyn Angloma sait de quoi il parle : « En Espagne, à cet âge-là, on n’est pas cramé. La Liga, c’est un championnat où l’expérience prime énormément, où on peut jouer jusqu’à un certain âge. Il a encore deux, trois ans devant lui, à très haut niveau. » Là-bas, les défenseurs peuvent donc se rabattre sur leur positionnement et leur hargne. Jérémy est aussi un joueur interchangeable. Julien Escudé voit en lui le nouveau Abidal : « Barcelone recherche ce profil depuis le départ d’Eric et la retraite de Puyol. Il a réussi à s’imposer au poste de latéral gauche avant d’être replacé en défenseur central à Valence. C’est un avantage pour l’entraîneur. » Et nul doute qu’il trouvera sa place dans le collectif blaugrana : « Il est discret mais il fera son trou. Au début, les joueurs ont besoin de s’adapter au championnat, d’apprendre la langue puis après, de prouver ce qu’ils valent sur le terrain. Jérémy Mathieu a déjà tout ça. Et en plus son style de jeu colle parfaitement au championnat espagnol. »
Un roc
Mais 20 millions, c’est quand même un gros paquet. C’est pourquoi Julien Escudé nous propose un rapide cours d’économie : « 20 millions, s’il joue pendant quatre ans et qu’il aligne quarante matchs par saison, on va dire que ce n’est pas beaucoup. C’est le prix du marché, c’est ce que demandait Valence, et on a le sentiment que Barcelone était un peu pressé. Maintenant, il va être confronté à beaucoup plus de pression. » Et vu qu’en Espagne, ils ont réponse à tout, César Sánchez, l’ancien portier de Valence et coéquipier de Jérémy, explique comment il va y résister : « C’est un régal ce mec. Ce n’est même pas une surprise. Le Barça a des vues sur lui depuis un moment. Il est bon offensivement, il se place bien, il sait jouer en contre, il est spectaculaire, solide. C’est quand même le capitaine de Valence. Et t’as vu sa frappe de balle ? Mathieu et Alves sur les côtés, ça peut faire mal. Il a tout pour réussir à Barcelone. »
La moche du collège
Alors c’est quoi qui coince ? Eh bien en Espagne, on ne connaît son parcours que depuis Valence. Un peu comme une fille moche au collège, qui subitement se transforme en top model au lycée. En toute logique, ceux qui la connaissaient à l’époque restent bloqués, alors que les autres se la tapent sans scrupule. Jérémy Mathieu, c’est un peu ça. Les Espagnols ne voient que le beau Jérémy Mathieu. Celui qui met des pralines, celui qui enchaîne les passes décisives, le capitaine de l’une des meilleures équipes de Liga. Tout simplement. Alors que nous, on le connaît depuis trop longtemps. Non pas qu’il ait été mauvais en France, mais on voit mal comment une carrière peut mener de Sochaux à Barcelone en deux escales. C’est trop beau pour être vrai, ou du moins, trop beau pour fonctionner.
Par Ugo Bocchi