- Interview Jérémy Clément
Jérémy Clément : « Le cholestérol, c’est un peu mon péché mignon »
Pendant le confinement, certains se sont improvisés boulangers. Jeune retraité, Jérémy Clément a lui sauté à pieds joints dans un nouveau projet : créer une marque d’huile d’olive, baptisée « Roméo et Juliette ». Presque un an plus tard, l’ancien milieu défensif du PSG et de l’ASSE espère bientôt voir ses bouteilles dans les rayons des enseignes de la grande distribution. Entretien avec celui qui opère une reconversion bien huilée.
Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans ce projet ?Il y a presque un an, pendant le premier confinement, j’étais en phase de reconversion avec toutes les interrogations qui vont avec. J’ai annoncé la fin de ma carrière sur LinkedIn et j’ai reçu beaucoup de sollicitations, dont ce projet de création d’une marque d’huile d’olive. J’ai toujours été curieux, et l’entrepreneuriat m’attirait.
Avec l’huile d’olive, tu sors des sentiers battus. C’est vrai que je souhaitais me différencier des autres footeux qui ont lancé leur business dans le vin, par exemple. L’huile d’olive est un produit sympa, issu du terroir, qui collait avec ma carrière de joueur. C’était important pour moi, d’avoir ce côté sport et bien-être. Si on m’avait dit de vendre du cassoulet, je n’aurais sûrement pas accepté.
Quels liens fais-tu entre le foot et l’huile d’olive ? Quand j’étais pro, j’en consommais beaucoup. C’est un ingrédient qui se marie bien avec les pâtes et c’est bon pour la santé. Dans ma famille et ma belle-famille, l’huile d’olive fait partie des mœurs. Mais je ne vais pas cracher dans la soupe, un bon steak au beurre, c’est quand même bien bon. (Rires.)
Tu dois aussi être un grand romantique pour avoir appelé ta marque « Roméo et Juliette » . Non, en vrai, je ne suis pas vraiment romantique. C’est surtout un nom qui a de la gueule et qui permet de raconter une histoire parce que tout le monde connaît le film ou la tragédie Roméo et Juliette. Et puis, mon fils de dix ans s’appelle Roméo, donc c’est un autre petit clin d’œil sympa.
Est-ce que tu peux nous expliquer comment on produit de l’huile d’olive ? Franchement, je n’y connais pas grand-chose. Je sais juste que notre huile est confectionnée à l’ancienne, mais pour le reste, comme l’extraction du liquide, je ne suis pas encore calé. Tout ce que je peux te dire, c’est que le site de production se situe dans les Pouilles en Italie. Je n’ai pas encore pu me rendre sur place du fait des mesures sanitaires, mais c’est inconcevable que je n’y aille pas. Je sais qu’ils arrivent à produire 7000 bouteilles à l’heure, c’est énorme. Et puis je pense que mieux on connaît son produit, mieux on le vend.
Publiée par Jeremy Clément sur Jeudi 11 février 2021
Qu’as-tu appris d’autres en te lançant dans l’entrepreneuriat ? Je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup de démarches quand on lance son entreprise. Déposer une marque, faire de l’import-export, gérer les transports, les certificats sur le bio… C’est très précis et pointilleux. Honnêtement, sans mon associé et sa compagne, je ne me serais pas lancé dans ce projet.
D’ailleurs, comment vous répartissez-vous les tâches ? Remo Simonetti, mon associé, s’occupe du côté technique du produit et du commerce, car il a déjà de l’expérience dans ce domaine. Isabelle Cristina, sa compagne, gère tout ce qui est relatif à l’administratif, et moi, je suis chargé de l’aspect communication et management. Je gère une équipe d’une vingtaine d’agents commerciaux, qui sillonnent les régions pour vendre notre produit aux enseignes de la grande distribution. Ce côté management me plaît beaucoup. C’est de la gestion d’équipe, un peu comme dans le foot. Comment les amène-t-on à croire à la marque ? Comment faire pour qu’ils soient performants ? Je retrouve des notions qui sont proches de ma casquette de coach avec mon effectif à Bourgoin-Jallieu (N3).
Quand pourra-t-on retrouver tes bouteilles dans les magasins ? On doit encore envoyer des échantillons à tous nos commerciaux afin de se faire connaître des grandes enseignes. Je n’ai pas de date précise, mais j’espère qu’en mars, on pourra retrouver ce produit dans les grandes surfaces.
Quelle est la particularité de l’huile d’olive « Roméo et Juliette » par rapport aux autres marques ? L’objectif était de proposer un beau produit à un prix défiant toute concurrence. Et pour l’avoir goûté, l’huile a un goût très prononcé, voire un peu épicé, qui caractérise les bons produits.
Tu nous conseilles quoi comme recette avec ?Pour les connaisseurs, l’huile d’olive s’apprécie juste avec un peu de pain. Sinon, en tant que grand fan de pâtes à l’ail, je ne peux que recommander de rajouter un peu d’huile et de basilic. C’est très bon. Une recette simple, mais efficace.
Tant qu’on parle de matière grasse, as-tu des plaisirs gras coupables ? Je suis très épicurien. J’aime tout, mais surtout les bonnes choses comme le fromage, la charcuterie, et je consomme aussi beaucoup de viande rouge. On peut dire que le cholestérol, c’est un peu mon péché mignon. (Rires.) Je me suis toujours fait plaisir, car je ne suis pas de nature à prendre beaucoup de poids.
Et tu as déjà des footeux parmi tes clients ?Pas encore, mais certains de mes anciens coéquipiers m’ont demandé de leur envoyer une bouteille pour qu’ils goûtent. La plupart des gens ont été agréablement surpris que je me lance dans ce business. Ça reste une niche. À part Patrick Bruel, qui a des oliviers dans le sud de la France, je ne connais pas d’autres personnalités dans ce domaine.
Finalement, tu dois encore être bien occupé. C’est clair ! Cette année, je passe en plus le diplôme d’État supérieur, qui est une formation assez dense, donc je ne vois pas le temps passer. Après, quand tout sera lancé au niveau de « Roméo et Juliette » , ça sera plus simple. Je pourrai plus facilement faire plusieurs choses à la fois. Mais je ne vais pas mentir : pour l’instant, je ne peux pas vivre sans foot.
Propos recueillis par Tara Britton