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- Le joueur de la 1re journée
Jérémy Clément, la blessure en moins
Lourdement blessé le 2 mars dernier (double fracture tibia-péroné de la jambe droite), le milieu de terrain Stéphanois a débuté le championnat par une titularisation sur la pelouse d’Ajaccio. Un miracle à l’image de sa carrière puisque l’homme n’est jamais là où on l’attend.
Sur son canapé d’angle avec sa vue mer, Valentin Eysseric a passé une meilleure fin de week-end que son samedi cauchemardesque sur la pelouse de Gerland ne pouvait le laisser espérer. Assis confortablement, le milieu de terrain de l’OGC Nice a du apprécier la composition d’équipe de l’AS Saint-Étienne sur le pré d’Ajaccio. Au milieu de terrain, un nom a du lui parler plus que les autres : Jérémy Clément. La dernière fois que le numéro 6 stéphanois s’était invité sur une pelouse française en championnat, son pied faisait un angle droit avec son tibia. Les crampons d’Eysseric étaient passé par là. Le geste aussi horrible que maladroit avait même laissé envisager une fin de carrière pour l’ancien joueur du PSG. À l’époque, son chirurgien s’était même montré très grave dans les médias locaux : « C’est une blessure grave qui peut compromettre son avenir. C’est grave, très grave » . On parlait de minimum six mois d’indisponibilité. Six mois plus tard, Clément est titulaire en Ligue 1 pour l’ouverture de la chasse. C’est beau. Surprenant. Epoustouflant. Cela montre que l’homme a un mental d’acier alors que son patronyme laisse sous-entendre un trop plein de gentilesse.
Tout sauf un jubilé
« Je l’avais dit que je serais là pour le premier match » a-t-il confié à nos confrères de L’Équipe après la victoire stéphanoise en terre Corse. Pour un mec revenant d’une grave blessure, faire son retour sur la pelouse dégueulasse de François-Coty, c’est déjà une victoire. Saint-Étienne connaît la chanson, lui qui a perdu deux joueurs sur blessures lors de ses deux dernières venues sur le champs de patates corses (Brandão en novembre, Tabanou hier). Clément savait qu’il prenait un risque à vouloir aller au mastic dès la première journée. Pas grave. Il s’est donné sans appréhension. Rendant une copie à son image : propre. L’homme est solide dans la tronche. D’autant qu’il s’était débarrassé d’un fardeau émotionnel lors du match aller de Ligue Europa contre les Moldaves du FC Milsami Orhei lorsque Christophe Galtier l’avait fait rentrer à un quart d’heure de la fin pour son vrai retour. À 28 ans, le milieu de terrain formé à l’OL entame une nouvelle carrière. Une de plus. Couvé à Lyon où il n’a jamais vraiment éclos, le gaucher s’était testé à l’Écossais en rejoignant son père spirituel Paul Le Guen aux Rangers de Glasgow avant de suivre la patate de Pencran dans l’aventure Parisienne. Dans la capitale, Clément va donner de sa personne à la récupération pendant plus de quatre saisons. Les suiveurs du club francilien époque pré-QSI se souviennent encore de sa volée gagnante contre… Saint-Étienne pour le dernier match de Pauleta au Parc des Princes. Une volée synonyme d’égalisation dans les derniers instants du match qui permettaient alors aux hommes de Le Guen d’aller défier Sochaux, lors de la dernière journée de Ligue 1, avec l’espoir d’être maintenu. Cinq ans plus tard, Clément a quitté le PSG et son bordel permanent pour devenir un cadre dans le club le plus détesté par sa maison formatrice. Peu importe, l’homme est la pierre angulaire du jeu stéphanois depuis le départ de Blaise Matuidi. Avec Guilavogui, Cohade et Lemoine, les Verts possèdent un milieu de terrain polyvalent et plutôt agréable à voir jouer. Peu importe l’ambition des Verts, le recrutement, les stars parisiennes et monégasques, Clément, lui, est juste content. Heureux d’être sur ses deux guiboles six mois après avoir failli en perdre une. Dans son canapé, Eysseric a vraiment du apprécier ce retour. Parce que mine de rien, la résurrection du gaucher, c’est un peu la sienne aussi.
par Mathieu Faure