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Jérémy Berthod : « « Il y avait penalty sur Nilmar », c’est une expression très répandue à Lyon »

Propos recueillis par Gaspard Manet
Jérémy Berthod : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>« Il y avait penalty sur Nilmar », c&rsquo;est une expression très répandue à Lyon<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Alors qu'il n'a pas encore fêté ses 31 ans, Jérémy Berthod a décidé de mettre un terme à sa carrière, comme il l'a déclaré il y a quelques jours. Après douze années de professionnalisme, et des passages à l'OL, Monaco ou encore Auxerre, le latéral gauche a donc décidé de ranger les crampons. L'occasion pour revenir sur cette belle carrière qui fut la sienne. Entre larmes, penalty et Norvège.

Pourquoi prendre ta retraite maintenant, alors qu’à même pas 31 ans (il les aura le 24 avril prochain), tu avais encore quelques années devant toi, non ?

Déjà, il n’y a pas vraiment d’âge pour s’arrêter, j’ai juste senti que c’était le bon moment, voilà tout. Il y a plusieurs petites raisons qui, cumulées les unes aux autres, ont fait que je n’avais plus envie de continuer. C’est une réflexion, que j’ai depuis huit mois maintenant, notamment lorsque l’année dernière, j’ai eu une blessure à la hanche qui m’a laissé plusieurs mois sur le carreau. Je commençais à en avoir un peu marre. À partir de janvier, j’ai décidé de me laisser un peu de temps pour voir, mais petit à petit, je me suis rendu compte qu’il n’y avait plus trop de motivation. Je prenais de moins en moins de plaisir et j’ai donc décidé d’arrêter.

À l’heure de faire le bilan, tu retiens quoi de cette carrière ?

J’ai eu des hauts des bas, c’est certain, comme dans toute carrière, mais j’ai la chance d’avoir connu quelque chose d’extraordinaire en réalisant mon rêve d’enfant. Le problème, c’est que quand on est dans le feu de l’action, on ne profite pas comme on devrait. Avec le recul, je me dis que tout ce que j’ai vécu, c’étaient vraiment de supers moments. Pendant une carrière, il y a tellement de pression et d’enjeu que tu as du mal à savourer. Quand tu es sur le terrain, la pression est telle que tu ne te dis jamais : « Vas-y, profite ! » Ça reste un travail, donc il faut rester professionnel. Mais aujourd’hui, je me dis vraiment que tout ça était extraordinaire.

Sur ta page Facebook, lorsque tu annonces ta retraite, tu dis que ton seul regret, c’est le penalty non sifflé sur Nilmar, en 2005, contre le PSV. Tu l’as vraiment encore en travers de la gorge ?

Oui, je l’ai vraiment en travers de la gorge. Objectivement, il y avait vraiment penalty. Après, attention, il ne faut pas se méprendre, je n’en cauchemarde pas la nuit, hein. Cette année-là, on avait l’une des meilleures équipes d’Europe et ça s’est joué à pas grand-chose pour qu’on passe en demi-finale. Et puis ce message, c’était aussi un petit clin d’œil à tous les supporters lyonnais, dont je fais également partie, qui ont tous ce moment en mémoire. « Il y avait penalty sur Nilmar » , c’est une expression très répandue à Lyon (rires).

Une image marquante que l’on garde de toi, c’est lorsque tu sors, en larmes, après ta perte de balle qui avait coûté l’égalisation face au Celtic, en 2003. Dans un match décisif pour la qualification en 8es de finale, ça a dû être terrible pour le jeune homme que tu étais ?

Oui, c’est vraiment quelque chose qui m’a marqué et qui a d’ailleurs marqué beaucoup, car c’est un moment dont on me parle encore souvent. Je m’en rappelle comme si c’était hier, je veux dégager, et Sylla, qui venait juste d’entrer pour le Celtic, met son pied en opposition et ça se transforme en passe décisive pour l’attaquant. En plus, je sors juste derrière, même si ce n’était pas une punition, mais un choix tactique, et là je suis vraiment effondré. J’ai 19 ans, jusqu’à maintenant je jouais pour le plaisir, tout se passait bien dans mon début de carrière, et là, avec ce geste, je me rends compte que je peux faire perdre des gens. Je prends conscience des enjeux, des conséquences que vont avoir mon erreur, et je m’effondre. Heureusement, tout se termine très bien pour nous et tous les joueurs sont venus me réconforter, me rassurer, c’était super de leur part.
Je me voyais même fuir Lyon en voiture…

Quand le Celtic égalise, vous êtes éliminés, mais finalement Juninho donne la victoire à l’OL à dix minutes du terme, sur penalty. Tu l’as beaucoup remercié pour ce but ?

Je me rappelle très bien que c’est Baldé qui fait une main dans la surface. Du banc, même avec des larmes plein les yeux, je voyais très bien ce qu’il se passait sur le terrain (rires). Oui, j’ai remercié Juni, mais il faut savoir que j’ai vraiment passé vingt minutes horribles sur le banc pendant lesquelles je me voyais même fuir Lyon en voiture, car je pensais que ça allait être trop dur à vivre. À la fin du match, Juninho est venu me voir pour me consoler, comme tous les autres joueurs. Même le coach, Paul Le Guen, m’a tout de suite dit d’oublier ça, qu’il ne s’était rien passé.

Du côté des bons souvenirs, il y a ce penalty que tu marques en 2005, contre le Werder Brême, lors de la victoire 7-2, en huitièmes de finale de la LdC. Comment tu t’es retrouvé à tirer ce penalty ?

En fait, je n’avais toujours pas marqué de but et, du coup, je commençais à me faire chambrer dans le vestiaire. Et puis lors de ce match, on gagne 6-2 et il y a ce penalty, donc je me dis que c’est l’occasion d’enfin marquer. Bien entendu, c’est Juni qui s’occupait des pénos en temps normal, du coup je lui ai demandé si je pouvais tirer, il m’a regardé, puis m’a donné le ballon. C’était vraiment cool de sa part, car il avait déjà marqué quatre ou cinq buts en Ligue des champions cette année-là, donc il aurait pu vouloir augmenter ses stats, jouer le titre de meilleur buteur, mais non, pas du tout. C’est juste un penalty, mais ça montre le genre de mec qu’il était, et l’état d’esprit qu’il y avait dans le groupe à ce moment-là.

Après quatre saisons à l’OL, avec le groupe pro, tu pars à Monaco où tu as du mal à te faire une place, tu ne joues pas beaucoup.

Oui, c’est vrai que je n’ai joué que neuf matchs. Quand je suis arrivé, Ricardo ne me faisait pas confiance, pense que je ne suis pas prêt et, du coup, je ne joue presque pas. C’était une situation un peu bizarre, mais je pense que je dois également avoir mes torts.

Comment ça, tu penses ne pas avoir fait les efforts nécessaires ?

Avec du recul, je me dis que oui, c’est peut-être ça. De toute façon, je n’aime pas mettre la faute sur les gens, donc si je n’ai pas joué, c’est sûrement que j’y suis pour quelque chose. En arrivant de Lyon, peut-être qu’inconsciemment je me suis vu un peu trop beau, je ne sais pas.

C’est un choix de carrière que tu regrettes, aujourd’hui ?

Non, pas du tout. Monaco, ça restait un grand club, il y avait de très bons joueurs dans l’équipe. Je débarquais dans un club mythique, alors certes, ça ne s’est pas exactement passé comme j’aurais voulu, mais je ne regrette pas d’y être allé pour autant.
La relégation d’Auxerre, c’est l’un des pires moments de ma carrière

Après cette expérience mitigée, tu pars te relancer à Auxerre, où, là, tu n’es pas épargné par les blessures.

Quand j’arrive à Auxerre, je fais toute la préparation comme il faut, et puis lors du dernier match amical avant le début de la saison, je me fais une entorse du genou, et je me retrouve arrêté pendant trois mois et demi, alors que je faisais une bonne préparation. Cette blessure a entraîné plusieurs complications musculaires qui ont fait que j’ai eu du mal à m’en remettre, donc ça m’a coupé dans mon élan, en quelque sorte.

Dans l’ensemble, tu gardes un bon souvenir de cette période auxerroise ?

Disons qu’il y a eu des hauts et des bas. Il y a eu ces blessures, mais j’ai aussi beaucoup pris part, lors de la phase retour, aux matchs de championnat qui nous ont permis de nous qualifier pour la Ligue des champions, donc ça reste un bon souvenir. Il y a également eu des choix d’entraîneur difficiles à accepter, mais d’un autre côté, je me suis fait de vrais amis parmi mes coéquipiers. Donc voilà, il y a de tout, du bon et du mauvais.

Ton expérience à Auxerre finit sur une très mauvaise note, avec la relégation du club.

C’est l’un des pires moments de ma carrière. J’ai tendance à beaucoup m’attacher aux choses et c’est vrai que je m’étais attaché à ce club, à son histoire, donc je l’ai plutôt mal vécu. Surtout pour les supporters, car nous, les joueurs, on n’est que de passage dans un club, alors qu’eux ils restent et ils sont tellement à fond derrière l’équipe que connaître une descente, c’est quelque chose d’horrible à vivre. Cette saison-là, je n’ai pas joué les quatre derniers mois car j’étais blessé, mais j’ai tout de même été touché par cette relégation.

Et après, qu’est-ce qu’il se passe ?

Bah à ce moment-là, je me retrouve libre, sans contrat et je commence donc à chercher un club. Mais je n’en trouve pas et c’est une période qui va finalement durer pendant sept mois.

Qu’est-ce que tu fais exactement pendant ces sept mois ?

J’étais resté vivre à Auxerre, donc je m’entraînais là-bas, tout seul. J’allais tous les jours dans une salle de sport pour garder une bonne condition physique. Et puis, j’ai également fait les stages UNFP qui m’ont permis de garder la forme, mais également le moral, car tu retrouves des joueurs qui sont dans la même situation que toi, un esprit d’équipe, l’impression de faire partie d’un club. Et c’est ce qui m’a permis de tenir. Moralement, c’était une période très difficile, d’ailleurs j’ai pensé à un moment que ça pouvait être la fin de ma carrière, mais j’ai continué à persévérer et j’ai pu compter sur le soutien énorme de mon épouse qui a toujours été là pour m’aider et continuer à y croire.
À Sarpsborg, chaque année, il y a une quête où les supporters donnent de l’argent pour participer à la venue d’un joueur

Comment s’est faite la prise de contact avec le club norvégien de Sarpsborg ?

En fait, quand tu es dans ce genre de situation, il y a beaucoup de gens qui viennent te solliciter, des agents qui viennent te voir et qui te proposent des projets un peu farfelus. Alors, ok, j’étais libre, mais je n’étais pas non plus prêt à tout accepter, surtout qu’il me fallait un cadre où ma famille puisse s’épanouir pleinement. Et puis fin janvier 2008, il y a un agent, Freddy Ferreira, qui m’a contacté. Sachant qu’à la base il ne parvenait pas à me joindre, il a dû aller sur internet, trouver le nom de famille de ma femme pour enfin avoir mon numéro et m’appeler. Ça m’a montré qu’il était vraiment déterminé et c’est une démarche qui m’a touché. Il a tout de suite été très clair avec moi en me disant qu’il n’allait pas me proposer le Barça ou le Real, mais qu’il y avait une belle opportunité en Norvège. Je suis allé voir le club dont il me parlait, le projet m’a rapidement convaincu et j’ai signé.

Une bonne chose, car l’expérience a été une franche réussite, non ?

Je n’ai vraiment aucun regret par rapport à ce choix-là, c’est clair. En plus, quand je suis arrivé, j’ai été accueilli comme une star ! J’ai été le premier joueur à avoir une conférence de presse en direct, avec une trentaine de journalistes, c’était super. Et puis j’étais le joueur des supporters.

« Le joueur des supporters » , qu’est-ce que ça veut dire ?

En fait, à Sarpsborg, chaque année, il y a une quête où les supporters donnent de l’argent pour participer à la venue d’un joueur. Et cette année-là, c’était moi le joueur en question. La cagnotte a atteint un chiffre record avec près de 500 000 couronnes, soit environ 55 000 euros, ce qui est quand même énorme. Ça m’a vraiment touché, d’autant que je sortais de sept mois de chômage, donc c’est quelque chose qui m’a particulièrement ému. Moralement, ça m’a énormément boosté et je me suis donné au maximum pour l’équipe, je pense d’ailleurs n’avoir pas été loin du niveau que j’avais lors de ma première saison à Lyon.

Tu t’es vraiment éclaté là-bas ?

Totalement ! Dès le premier entraînement, tous mes coéquipiers m’appellent par mon prénom, ils m’invitent tous à manger, je découvre une ambiance de groupe incroyable. En fait, je dirais même que je découvre une nouvelle facette du football où tout est plus simple, les joueurs sont tous potes en dehors du terrain, c’est vraiment super à vivre. Alors bien sûr, il n’y a pas les mêmes salaires, ni les mêmes enjeux financiers ou sportifs, mais ce sont des valeurs dans lesquelles je me suis parfaitement retrouvé.

Bon et maintenant, tu as prévu quoi pour la suite ?

Là tout de suite, je prends un peu le temps pour réaliser que j’ai vraiment arrêté le football. J’ai encore l’impression d’être juste blessé et que je ne vais pas tarder à remettre les crampons. Surtout que l’on vit encore en Norvège, donc j’ai l’impression que rien n’a changé, mais en juillet, on va revenir vivre en France et, là, la page sera réellement tournée.
Mon épouse me certifie que je n’arriverai pas à m’arrêter de jouer au football. Elle a raison.

Tu souhaites revenir vivre chez toi, en région lyonnaise ?

Oui, c’est le projet. Je suis originaire de là-bas et c’est un coin qui m’a toujours plu. Et puis, c’est une des raisons qui ont fait que j’ai arrêté, pouvoir passer plus de temps avec ma famille, mes amis d’enfance, donc oui, on va s’installer dans la région. Sinon, professionnellement, j’ai plein de projets, je suis super excité, mais je vais prendre mon temps, bien réfléchir, pour prendre les bonnes décisions.

En t’installant dans la région lyonnaise, pourquoi tu n’irais pas rejoindre Sidney Govou, à Chasselay ?

Pourquoi pas, oui, c’est une idée. De toute façon, mon épouse me certifie que je n’arriverai pas à m’arrêter de jouer au football. Elle a raison. D’ailleurs, je pense que je vais continuer à jouer en amateur, c’est presque une certitude. Après, je ne sais pas encore où, ni à quel niveau, ça je verrai plus tard. Mais c’est vrai que Chasselay ça pourrait m’intéresser, d’autant que c’est à deux minutes de mon village d’enfance, Chazay-d’Azergues, on verra bien.

Et professionnellement, tu te verrais rester dans le foot ?

Franchement, je pense que oui. Il y a encore cinq-six ans, je me disais que lorsque j’arrêterais, je tournerais la page du football, mais aujourd’hui, j’aimerais beaucoup devenir entraîneur. J’en ai beaucoup parlé avec mon coach à Sarpsborg et il m’a dit que j’avais les aptitudes pour devenir entraîneur, donc ça m’a encore plus motivé. Après je sais que c’est loin d’être un métier facile et ce n’est pas parce que tu as été joueur que tu feras un bon entraîneur, il faut se méfier. Je vais passer mes diplômes, faire les formations et puis je verrais si ça me plaît vraiment.

Pour finir, si tu ne devais retenir qu’une image de ta carrière, tu garderais laquelle ?

Celle de mon premier match en pro, à Gerland. C’était contre Auxerre et si je ne dis pas de bêtises, ça devait être le 13 septembre 2003. À ce moment-là, j’ai 19 ans, j’ai appris deux jours plus tôt que j’allais être titulaire, donc je suis comme un fou. Et puis au moment où l’on salue le public, je vois ma famille dans les tribunes, je vois tous mes amis qui sont là et qui m’ont fait une banderole, et là je me dis : « Ça y est, j’ai réussi. Après tous ces efforts, tous ces sacrifices, j’ai enfin atteint mon objectif » .
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