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Jérem, c’est moi, non je n’ai pas changé
Depuis plus de six mois, les Girondins de Bordeaux comptent un certain Jérémy Ménez dans leurs rangs. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'ancien Parisien est discret. Pourtant, il est resté le même joueur.
« On voulait un leader d’attaque. » Voici les mots utilisés par Jocelyn Gourvennec en conférence de presse pour justifier le recrutement de Jérémy Ménez, à la signature de ce dernier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à ce moment-là, le coup réalisé par les Girondins des Bordeaux sur le marché des transferts a de la gueule. Sans dépenser un kopeck, le club de Jean-Louis Triaud vient de s’attacher les services d’un ancien international français, âgé de seulement vingt-neuf ans, et capable d’apporter un peu de folie dans un secteur offensif trop souvent pointé du doigt comme moribond depuis quelques années. Sauf que Jérémy Ménez est un joueur particulier, tantôt génial, tantôt agaçant. Après un peu plus de six mois passés en Gironde, force est de constater qu’il n’a pas changé d’un pouce, entre dribbles frisson, replacements défensifs fantômes et nervosité.
Monsieur tout le monde
Si Jérémy Ménez, énorme talent de la génération 87, n’a pas eu la carrière, bien que déjà respectable, qu’il aurait pu avoir, c’est qu’il y a une raison. Notamment le fait qu’il semble incapable de tirer le maximum de son potentiel. Ainsi, depuis le début de la saison, les statistiques de l’ancien Milanais sont loin d’être exceptionnelles. Avec trois buts et une passe décisive en dix-neuf matchs toutes compétitions confondues, Ménez ne donne pas satisfaction à Jocelyn Gourvennec, qui l’aligne soit sur le front de l’attaque, soit au poste de meneur de jeu. Autrement dit, des postes qui lui conviennent, lui permettent d’exploiter au maximum ses qualités, mais qui demandent aussi plus de résultats sur le plan chiffré.
Dès le mois de décembre, l’entraîneur girondin exprime son mécontentement. « J’en attends plus. Il est en deçà de ce qu’il est capable de faire » , râle-t-il. Un refrain que Ménez a entendu toute sa carrière. Mais qui ne l’aide visiblement pas à changer. Quelques jours plus tard, contre Montpellier, il perd le contrôle et se fait logiquement expulser contre Montpellier, juste avant la mi-temps, alors que les siens sont déjà menés 2-0. « L’exclusion vient nous pénaliser. C’est difficile de jouer à dix contre onze quand on joue tous les trois jours. C’est une preuve d’immaturité. On ne peut pas plaider une erreur de jeunesse. C’est totalement inexplicable » , juge Gourvennec juste après la rencontre.
Une plus-value
Mais le technicien bordelais a le mérite de ne pas baisser les bras avec Ménez. Et la dernière pique qu’il lui a lancée devant la presse avant le derby contre Toulouse semble avoir fonctionné. « Il doit être plus régulier. Son talent, on le connaît, mais il faut qu’il s’inscrive dans la durée, dans un match, et d’un match à l’autre. Il est capable de faire des actions de classe. Simplement, il faut qu’entre deux actions de classe, il ait l’investissement nécessaire pour aider l’équipe » , déclare-t-il avant de le mettre sur le banc. Depuis, Ménez semble avoir trouvé un semblant de rythme, et se montre sous son meilleur jour. Celui d’un joueur capable de faire la décision quasiment à lui tout seul, et de bien faire jouer ses coéquipiers malgré son côté soliste.
Contre le Stade rennais, déjà buteur, il a bien failli offrir la victoire à Bordeaux, mais a buté sur le poteau. Un coup du sort, tant l’ancien Parisien a été percutant dans ce match et aurait mérité meilleure récompense. C’est finalement Cédric Carrasso qui a la bonne analyse sur son coéquipier quand il explique que « Jérémy a énormément de talent, mais ce n’est pas un travailleur intensif sur tout un match. On le sait, il faut faire avec. Sa qualité première, c’est de provoquer et de se créer tout seul des occasions. Contre Rennes, s’il est en réussite, il peut te mettre deux-trois buts. Il faut jouer là-dessus. » Il est trop tard pour changer Jérémy Ménez. Alors mieux vaut le prendre comme il est et l’utiliser à bon escient.
Par Kevin Charnay