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Jeff Reine, remets-nous des glaçons !
Invisible à Arsenal où il souffle davantage le froid que le chaud, Jeff Reine-Adelaïde attend son heure. Qui tarde dangereusement à venir. Car l’ascension de l’espoir français de 19 ans aurait déjà dû être entamée.
Il fut un temps, pas si lointain, où Jeff Reine-Adelaïde faisait la loi au milieu de terrain devant Kevin De Bruyne. C’était au cœur de l’été 2015, lors de l’Emirates Cup, compétition amicale durant laquelle l’Angleterre avait fait connaissance avec le Français, le temps d’un Arsenal-VfL Wolfsbourg. À peine arrivé en Angleterre en provenance du RC Lens (pour 2,5 millions d’euros, quand même), le gamin de 17 ans faisait les présentations avec succès. Et se collait ainsi lui-même l’étiquette de « pépite promise à un grand avenir » sur le front. Gestes techniques, aisance dans l’entrejeu, accélérations étonnantes, coups de reins surprenants et passe décisive pour Theo Walcott à l’appui.
Ses potes s’appellent Alex, Alex et Alex
Problème : deux ans et demi plus tard, le milieu de terrain offensif (il peut jouer à droite ou dans l’axe) ne semble pas vraiment avoir avancé. Si l’on s’en tient aux statistiques, Reine-Adelaïde aurait même reculé, puisqu’il n’a pas disputé un seul match cette saison avec l’équipe première d’Arsène Wenger (contre six apparitions l’année dernière, dont cinq titularisations en coupes nationales). Tant et si bien que l’espoir ne fait parler de lui que pour ses photographies avec Alexandre Lacazette, avec qui il s’est visiblement lié d’amitié il y a peu, et ses anciennes vidéos plutôt drôles auxquelles il a participé dans le vestiaire des professionnels (en compagnie d’Alex Oxlade-Chamberlain et Alex Iwobi, cette fois).
Bien entendu, le môme a du temps devant lui pour mûrir et montrer l’étendue de son talent. Beaucoup de temps. Énormément de temps. Reste que lui-même devait espérer – ou rêver, c’est selon – une ascension bien plus rapide lorsqu’il a décidé de franchir les frontières hexagonales. Doté d’une bonne technique et plutôt rapide au regard de son mètre 84, JRA vient de la banlieue parisienne. Né à Champigny-sur-Marne un 17 janvier, celui qui arbore une fine moustache doublée d’un joli collier commence à taper dans le ballon à l’US Torcy. Indiscutablement doué et facilement surclassé, le gamin attire rapidement les yeux des recruteurs. Dont ceux de Reda Hammache, de Lens, qui remporte la mise face à Rennes et au Paris Saint-Germain en 2010. S’en suit une formation sans vague jusqu’en 2015. Année où Wenger se laisse convaincre par le potentiel d’un joueur qui n’a même pas encore eu l’opportunité d’évoluer en Ligue 2 malgré sa présence dans le groupe pro.
Patience, patience, dis-moi quel est mon avenir
« Reine-Adélaïde est spécial, vous savez, assure ainsi l’entraîneur alsacien dans des propos relayés par le Telegraph. C’est un grand talent, et vous avez pu le constater dès qu’il est arrivé. Il n’a que 17 ans, n’oublions pas ça. Je ne me souviens pas comment j’étais à 17 ans, mais je n’ai jamais joué comme ça ! » Sur le terrain avec l’équipe réserve ou sur le banc avec David Ospina et compagnie, le petit Jeff apprend, tout en prenant son mal en patience. Sans rien revendiquer, bien entendu. Appelé chez les jeunes de l’équipe de France, avec qui il remporte l’Euro U17 en 2015 – il a depuis été sélectionné à trois reprises avec les U19 -, ce gosse qui n’avait que quelques mois lors du triomphe français en 1998 et qui a vu ses parents l’accompagner à Londres lors de son départ de Lens n’est pas du genre à bomber le torse sans raison.
« Je grandis petit à petit. C’est une expérience très enrichissante. Je m’entraîne avec les pros, c’est assez impressionnant, soufflait-il dans les colonnes de France Footballen mars dernier.Quand on a des joueurs de cette qualité à côté de nous, on est obligé d’apprendre et de les regarder. Je suis toujours aussi impressionné. Mais quand on est intégré dans le groupe, c’est plus facile sur le terrain, on est moins intimidé. » Wenger, qui était d’accord pour un prêt à Nantes cet été, lui a-t-il promis quelque chose ? « Je le vois au quotidien, il me parle souvent, répond le Gunner. Il me dit d’être patient, et que ça viendra un jour ou l’autre. » Pas trop tard quand même. Au risque de fondre aussi vite qu’un glaçon. Ou de se condamner à rester un serveur. Loin, très loin d’un Kevin De Bruyne.
We wish a merry Christmas from the Arsenal Team ! Have a great time with your family and enjoy pic.twitter.com/MX95xgbCAj
— Jeff Reine-Adélaïde (@jreineadelaide) 25 décembre 2017
Par Florian Cadu