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  • Angleterre – FA Cup
  • 4e tour
  • Oldham/Liverpool (3-2)

Jean-Yves M’Voto : « J’étais au marquage de Suárez »

Propos recueillis par Ronan Boscher, à Manchester
Jean-Yves M&rsquo;Voto : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;étais au marquage de Suárez<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Avec Daniel Sturridge et surtout Luis Suárez dans les parages, Jean-Yves M'Voto, défenseur d'Oldham de son état, avait a priori plus de risques de passer un dimanche galère sous la pluie et le froid. Il a finalement fini sous le champagne, un magnum de Bud et une qualification en poche pour le 5e tour de FA Cup.

Présentation. Jean-Yves M’Voto est issu de la génération David N’Gog, Mamadou Sakho, Yannick Boli, champion de France des 18 ans avec le PSG. Alors que le club de la capitale et Paul Le Guen lui proposaient un contrat, et « un bon contrat » selon leurs dires, il a préféré partir à Sunderland, entraîné alors par Roy Keane. Pas pour une question d’argent : « Ce n’était pas le jour et la nuit entre les deux propositions, hein. Juste, je rêvais d’Angleterre depuis tout petit. Paul Le Guen m’avait fait comprendre qu’il m’aurait fallu un peu de temps pour pouvoir jouer avec les pros. Le problème, c’est qu’à 18 ans, je comprenais pas trop ces mots-là. Tu sais comment ça se passe, on était un peu trop orgueilleux, je crois. » Chez les Chats noirs, frappé par une multiplication de blessures – entorses au genou, cheville cassée, épaule luxée – pendant deux ans, Jean-Yves ne joue pas un match et découvre juste les bains de glace. « Quand j’étais en équipe de France, on les faisait, les trucs de bains glacés, mais c’était juste un tour, vite fait. À Sunderland, on devait rester dans les bains glacés pendant 5 minutes. Et moi, je voulais pas, jamais je ferai ça. Ils me disaient tous : « Mais si Jean-Yves, mais si, faut faire, faut faire. » Moi, je refusais et j’étais sérieux en plus. Ils ont dû ramener Roy Keane. Finalement, j’y suis allé. » Jean-Yves décide finalement d’aller chercher du temps de jeu en League One, à Southend d’abord. À Oldham ensuite, où il est titulaire en défense centrale depuis un an et demi.
Contacté avant la rencontre face à Liverpool, voici l’idée que Jean-Yves se faisait de Luis Suárez : « Il fait partie des joueurs qu’on voit tous les week-ends. On connaît. Suárez, c’est un très bon technicien, un joueur très éveillé et très intelligent. Il va utiliser tout ce qu’il faut pour aller marquer. S’il doit tricher, il va tricher. S’il doit te prendre en traître, il va te prendre en traître. Lui, je pense qu’il vit vraiment le jeu à fond, mais sans fair-play. Voilà, pour lui, le foot, c’est un jeu qu’il doit gagner par tous les moyens. Un truc du genre : « On n’a pas dit qu’on devait pas faire ça ou ça. Tant qu’on ne me l’a pas dit, moi je peux le faire. » Je pense qu’il voit le foot comme ça. C’est pour ça que c’est un joueur difficile à marquer. Quand tu sais comment il est, son caractère, tout ça, si t’es défenseur central et que tu prends un carton jaune durant le match, il ne peut que être content, Suárez. Ce sera un mec comme ça, il faudra rester tranquille. Parce que ce qui est sûr, c’est que si tu te prends ce jaune, lui, il va tout faire pour te faire sortir. Et même si ça se passe bien, il y aura toujours des moments de galère parce que, quand t’as des attaquants de classe mondiale comme Suárez, il pourra toujours te sortir un truc que t’as pas l’habitude de voir. En gros, ça peut être la petite ou la grosse galère. » Et voici Jean-Yves, le lendemain de la rencontre…
Alors, bien récupéré ?Ouais, ouais, on sort d’une très belle nuit, hein. Tout le monde est un peu parti de son côté, voir les gens qu’on connaît, les gens proches de chez nous. Moi, j’étais avec ma copine, au restaurant. Tout le monde était un peu sous le choc. On a gagné contre Liverpool, quoi ! Je me suis couché vers 1 heure du mat’. Sans te mentir, comme l’année dernière, on avait pris une gifle à Anfield, on était un peu genre « Est-ce qu’on a vraiment gagné ? » J’avais un peu du mal à y croire. Là, aujourd’hui, c’est bon, j’ai compris, je réalise. Si tu m’avais vu hier soir, tu ne m’aurais pas vraiment vu euphorique, genre je me mentais à moi-même. Mais, là, c’est bon, je suis reconnecté. C’est quelque chose que tu vis pas deux fois, quand même. Un club de League One comme ça, par rapport à un club historique comme Liverpool… T’as quand même plus de chances de gagner contre des équipes comme West Brom ou des trucs comme ça. Mais Liverpool, c’est Liverpool. Tu te dis merde, je joue quand même contre Steven Gerrard. C’est un peu une légende. Et on les a battus. D’ailleurs quand Gerrard est entré, il a mis du boost à son équipe. Mais, voilà, on a tenu jusqu’au bout.
Pourtant, on aurait pu croire que Liverpool allait remonter au score…En deuxième mi-temps, c’était un peu l’enfer. Tout le monde se jetait sur tous les ballons. Quand c’est comme ça, franchement, tu penses pas trop au temps qui reste. Tu sais juste que c’est l’enfer. Et tu essayes juste de tenir, c’est tout. Moi, je me disais, c’est pas un match de championnat, c’est un match d’une fois dans une vie, de Coupe. Même s’il faut aller à la bagarre pendant une heure, et ben vas-y pour une heure. En deuxième mi-temps, ils ont commencé à poser leur jeu et là, on a commencé à vraiment souffrir.
Et Suárez, alors, comment c’était ?En fait, il n’a pas beaucoup parlé. Comme je te le disais avant le match, c’est un joueur super intelligent. Il sait se placer, il cherche toujours l’espace où on peut pas l’attraper. J’ai eu l’impression qu’il voulait à chaque fois que ses coéquipiers le comprennent aussi vite que lui comprend le jeu. C’est pour ça que, quand Gerrard est entré, ça allait plus vite entre les deux. Ils se comprennent ces deux-là. Avant l’entrée de Gerrard, à chaque fois, il disait à ses partenaires : « Speak, speak ! » , comme s’il voulait dire à ses coéquipiers : « Reste pas muet mec, si tu me vois, suis-moi. » Franchement, il sent super bien les coups, super bien le jeu. Tactiquement, t’as en face de toi un très très gros joueur. Je comprends pourquoi il est deuxième meilleur buteur de Premier League.
En fin de match, il se fait pourrir par Robinson, tu te souviens de ce moment ?Le « fuck off » de Robinson, je l’ai pas entendu. Par contre, j’ai entendu que Suárez, il était énervé. J’étais au marquage de Suárez à ce moment-là. Il fait un appel, Robinson est sur le côté avec le ballon, mais préfère frapper. Suárez lui dit : « Mets-la moi en une touche ! » Un joueur comme Suárez, il peut la mettre au fond de n’importe où, tu vois. Bon, là, Robinson, il a peut-être vu que j’étais devant Suárez et il a tenté sa chance. « Comment tu veux tenter ta chance si t’es en angle fermé, tu vas faire comment pour marquer ? » , qu’il dit à Robinson. Et voilà, les deux s’embrouillent, mais c’est dans le feu de l’action, tout ça. Rien d’autre. Tout le monde est chaud, tout le monde veut gagner, tu commences à perdre 3-1, il reste 15 minutes, là, tu commences à paniquer. Voilà, pour Liverpool, c’est pas normal. Ils se sont sans doute dit qu’ils pouvaient revenir tranquillement.
Vous avez eu quelques échanges pendant le match ?Franchement, j’ai pas senti qu’il aimait parler. Il y a une fois où je partais à la tête et il m’a mis une sorte de coup de pied en arrière, tu vois. Je sais qu’il avait fait exprès. Je lui dis : « Fais attention ! » Lui me répond qu’il est désolé. Mis à part ça, même à ses coéquipiers, il parle pas trop, si ce n’est « Ouais, regarde, je suis là. » J’ai l’impression qu’ils se parlent plus en se regardant.
Au corps à corps, au duel, tu sens le vice en lui ou pas du tout ?Ouais, tu sens qu’il a du vice, comme ce que je te disais avant le match. Pour lui, il y a un perdant et un gagnant. Après je te dis ça, mais tu vois, pendant le match, je suis parti tacler. Lui me met un crochet et passe à Allen. Il pensait sans doute qu’Allen allait marquer. Allen a loupé. Mais il aurait pu tomber, Suárez, hein. Je l’avais même un peu retenu, il aurait pu y avoir facilement pénalty. Mais il ne l’a sans doute pas fait parce qu’avec tout ce que les gens disent dehors, « T’es un tricheur, t’es un tricheur » , il a dû se dire : « Si je tombe et que le mec ne siffle pas, on va commencer à me huer de partout. » Et, il avait le brassard sur ce match aussi. Ça a dû jouer.
Finalement, le plus relou à suivre, c’était pas Sturridge, plutôt ?Ouais. Sturridge, il aime toujours partir dans le dos, en rupture. Il sait qu’il va vite. Il se place toujours avec son excentré. Et quand tu le regardes pas, hop il part intérieur. Le problème, c’est que toi, tu regardes le ballon et le joueur. Et ben lui, au moment où tu regardes le ballon, tac, il en profite. C’était super chiant de le coincer. Franchement, c’est un bon, il m’a vachement surpris. C’est celui qui nous a posé le plus de problèmes. Toujours rapide, sur ses appuis, tout en feintes. Vraiment un bon joueur.
T’as échangé ton maillot avec qui à la fin ?Je voulais l’échanger avec Suárez, mais le problème, c’est que les joueurs de Liverpool étaient assez énervés, ils se faisaient huer par leurs fans, donc ils sont partis assez rapidement aux vestiaires. Voilà, je me dis : « Je vais pas me prendre la tête, je vais rentrer aussi. » Et puis finalement, ils n’étaient pas si mauvais et ils sont revenus échanger les maillots, mais pour moi c’était trop tard. Pour tout te dire, les joueurs qui étaient sur le banc, dès le coup de sifflet final, ce sont eux qui sont allés vers les joueurs de Liverpool échanger les maillots. Quand on est rentré aux vestiaires, il y avait du champagne partout et Brendan Rodgers, venu pour nous féliciter.
Pour finir, tu peux nous donner quelques nouvelles de votre gueule cassée d’attaquant, Matt Smith ?Il a bien bossé. C’est un pur attaquant de League One, les long ball, les deuxièmes ballons. Matt, il est grand, bon de la tête. Franchement hier, il a mis Škrtel et l’autre dans sa poche, quoi. Il a fait un gros match. Bravo à lui. Il mérite grave son titre d’homme du match. Chaque fois qu’il joue, il en ressort toujours avec un truc. Soit il a les genoux complètement en sang, soit la tête. La dernière fois, il avait l’arcade complètement éclatée avec 10 points de suture. Bon, apparemment, il aime ça. Dimanche, il est sorti avec l’épaule luxée, mais ça n’avait pas l’air trop grave. Il était là à la fin du match à discuter avec nous dans les vestiaires. Donc ça va je pense.

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