Ce dimanche, tu t’apprêtes à découvrir le Santiago-Bernabéu. D’une certaine manière, c’est une consécration pour toi ?
Un peu, oui, car je n’ai pas eu un parcours facile. Depuis que je suis parti de Châteauroux, ça a été un long parcours. J’ai passé deux ans en Troisième Division espagnole et quatre ans en Seconde. Affronter au Santiago-Bernabéu les meilleurs joueurs du monde, c’est un rêve qui va se réaliser. C’est un stade qui représente beaucoup : celui du plus grand club de l’histoire du football, où des joueurs comme Zidane, Ronaldo ont joué. Il va y avoir beaucoup d’émotion.
En 2012, ton nom avait été associé au Real Madrid…
Quand ton nom et celui du Real Madrid sont associés, ça fait forcément quelque chose. Mais ces rumeurs qui m’envoyaient à la Castilla étaient fausses. Pour jouer avec la réserve, il faut avoir moins de 23 ans, j’en avais 24 à l’époque… Mais ça fait toujours plaisir, ça veut dire que le travail paie, que les gens du milieu te reconnaissent.
Au début de ta carrière, le Real Madrid devait te sembler bien loin.
À l’époque où je cherchais à avoir des minutes à Châteauroux, je ne pouvais pas trop me permettre de rêver du Real Madrid. C’était impossible d’y penser.
Tu as commencé à la Berrichonne de Châteauroux où tu n’as joué que 22 matchs avec les pros. Tu n’avais pas le niveau ?
Je ne pense pas que c’était un problème de niveau, mais plus un manque de chance. Si je ne dis pas de bêtise, à la fin de la saison 2005-06, Didier Ollé-Nicolle m’a fait finir l’exercice avec les A. Malheureusement, je me blesse et je ne finis pas la saison. Et rebelote la saison d’après : je me pète rapidement… Il y avait aussi mon hygiène de vie. Avant, je faisais moins attention à mon corps, à ce que je mangeais. Malgré tout, c’est une expérience qui m’a été nécessaire.
Après un prêt à Martigues, tu choisis l’exil vers l’Espagne. Tu n’avais pas d’autres possibilités en France ?
Je pouvais rester en France, mais les propositions venaient surtout de clubs de National. Vu que j’avais déjà joué en Ligue 2, je me disais que mon niveau était là, pas plus bas. Du coup, j’ai décidé de changer de pays et de recommencer à zéro. Le pari a plutôt bien marché, j’en suis fier aujourd’hui.
Quand tu arrives à Lucena, dans le Sud de l’Espagne, le choc n’est pas trop grand ?
Ça a été très très très dur. J’étais habitué pendant mes quatre ans à Châteauroux à avoir un club très professionnel, où tout est encadré. Un club de Segunda B en Andalousie, les joueurs sont semi-pros, il y a des retards dans les salaires, il n’y a pas beaucoup de supporters, très peu de ferveur… Il faut être solide mentalement quand tu débarques dans cet univers.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile sur le terrain ?
Dès le début, je ne me suis pas bien entendu avec le coach, donc le terrain, j’ai mis un peu de temps avant de le voir. Au bout de six mois, il s’est fait limoger et l’un de mes coéquipiers est passé entraîneur. De suite, ça s’est bien passé et j’ai pu montrer ce que je savais faire.
Et en dehors ?
La gastronomie, ça c’est bien passé parce que j’aime bien manger (rires). Durant les premiers mois, la langue a été une barrière. J’ai mis cinq, six mois à bien parler espagnol. Après, tout s’est bien passé.
Après deux saisons, tu signes à l’Alcorcon, dans la banlieue de Madrid. Comment décris-tu ce club ?
Je vais te dire que c’est comme mon club. J’y ai rencontré une vraie famille. Dès que je suis arrivé, je me suis senti aimé par le coach, par mes coéquipiers, par le président, par les supporters… J’ai passé quatre ans mémorables là-bas. On a joué deux play-offs consécutifs pour monter en Première Division. La première année, on n’est qu’à un but contre Valladolid de monter… Je n’oublierai jamais tous ces moments.
En Espagne, il y a le Real, le Barça et les autres. Financièrement, ce n’était pas trop dur en Liga Adelante ?
Non, j’ai eu de la chance. À l’Alcorcon, il payait bien. Quand je dis ça, ce n’est pas forcément au niveau du montant du salaire, c’est seulement qu’il n’y avait jamais de retard. Après, ce n’était pas le luxe comme en Liga mais après tout ce que j’avais vécu, je ne pouvais pas me plaindre. J’étais vraiment super bien là-bas.
À chaque date FIFA, on devrait se réunir 2-3 jours pour améliorer notre tactique, avec la Martinique. Sur le terrain, on ne se connaît pas assez. Je pense qu’elle pourrait être beaucoup plus forte qu’où elle est en ce moment.
Justement, les problèmes de paie, c’est un gros problème pour chercher un club ?
En Troisième Division espagnole, c’est un très gros problème. Il y a beaucoup de clubs qui ne paient pas à temps. Le statut des clubs est semi-pro. Ils sont super mal encadrés par la Fédération et la loi. Au bout de deux ans là-bas, quand je suis parti en Seconde Division, j’ai fait très attention à choisir un club qui ne connaissait aucun souci. Surtout que quand j’ai quitté Lucena, le club ne m’a pas payé tout ce qu’il me devait. J’avais encore deux ans de contrat et le club m’a dit que pour qu’il me laisse partir, je devais m’asseoir sur ce qu’il me devait. J’avais 23 ans et je voulais revenir à un certain niveau. Du coup, je suis parti en laissant quelques mois de salaire. Avec le recul, je me dis que cet argent que j’ai perdu, je le récupère en Première Division.
Après avoir été élu à plusieurs reprises meilleur défenseur de Liga Adelante, tu as enfin découvert la Liga cet été. Comment ça s’est fait avec Grenade ?
Avec Grenade, c’est une longue histoire. Déjà en 2012, ça a failli se faire, mais l’Alcorcon ne voulait pas me laisser partir. J’ai toujours gardé un bon contact avec le directeur sportif du club. Et finalement, l’année dernière, j’étais en fin de contrat, donc ça s’est fait tout naturellement. Ils sont revenus vers moi dès le mois de janvier, je ne pouvais pas leur dire non.
La colonie de joueurs francophones t’a aidé à bien t’intégrer ?
Le choix de Grenade s’est également fait par rapport à ça. Il y a beaucoup de joueurs qui sont nés en France comme Foulquier, Nyom, El Arabi, Cissokho… On est une belle brochette de joueurs francophones. Forcément, ça accélère l’intégration.
Tu as joué tous les matchs de Liga, tu fais partie des indéboulonnables de Grenade. Tu imaginais une telle première saison dans l’élite pour toi ?
Non, pas du tout. Quand tu viens d’un club de division inférieure, tu as le devoir de tout donner. Surtout que je n’étais pas habitué à ce niveau-là. Au début, je pensais être le troisième choix au poste de défenseur central, pas comme numéro un. Ça s’est joué en préparation. Pendant notre stage en Allemagne, deux défenseurs se sont blessés, et le coach a dû compter sur moi. Vu que je faisais de bons matchs, il ne m’a pas sorti de l’équipe. Aujourd’hui, même avec le changement de coach, je continue à jouer.
À 28 ans, quels sont désormais tes prochains défis ?
Pour un défenseur, je suis à l’âge parfait pour continuer à être au meilleur niveau. C’est ce que je vais tenter de faire jusqu’à la fin de mon contrat.
Gagner la Gold Cup avec la Martinique par exemple ?
Ouais, c’est sûr… Malheureusement, on ne s’est pas qualifiés pour la Gold Cup 2015 aux États-Unis, on s’est fait éliminer en Jamaïque. Ce n’est pas tant un problème de niveau qu’a la Martinique, c’est l’organisation qui manque. Notre île a beaucoup de talents, de joueurs pros qui jouent en Europe. Le haut niveau, on l’a. On s’est beaucoup parlé avec les joueurs au téléphone. On en est arrivé à la conclusion que l’on ne se voyait pas assez, qu’on ne faisait quasiment aucun rassemblement. À chaque date FIFA, on devrait se réunir deux, trois jours pour améliorer notre tactique. Sur le terrain, on ne se connaît pas assez. Je pense que la Martinique pourrait être beaucoup plus forte qu’où elle est en ce moment.
Cristiano Ronaldo, comment penses-tu pouvoir l’arrêter ?
Malheureusement, il n’y a pas d’arme secrète pour ces joueurs-là. D’une, il ne faut pas qu’il soit dans un bon jour. Et ça, je ne peux qu’espérer qu’il le soit. Et de deux, il faut que moi, j’ai mon jour. De toute façon, avec ces mecs-là, il ne faut pas aller à la guerre tout seul. En un contre un, ils sont tous plus forts que nous. Il va falloir jouer groupé, très groupé.
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