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Jean-Philippe Krasso : « Je vis une carrière de fou »

Propos recueillis Thomas Morlec
10 minutes

Arrivé au Paris FC cet été en provenance de l’Étoile rouge de Belgrade, Jean-Philippe Krasso s’épanouit de nouveau sur les terrains. L’avant-centre, encore amateur il y a quatre ans, revient pour So Foot sur ses moments compliqués en Serbie, son intégration express au PFC et son sacre à la CAN avec les Éléphants.

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Revenir en Ligue 2 après avoir disputé la Ligue des champions avec l’Étoile rouge de Belgrade, est-ce que tu comprends que certains ont pu être surpris ?

Oui, je comprends les réactions de chacun. Tout le monde a le droit d’avoir son point de vue là-dessus, mais personne n’était à ma place et n’avait les éléments pour pouvoir être objectif sur cette affaire.

Ça s’est mal terminé ?

J’ai connu une saison à deux visages. Quand on commence le championnat, je mets 7 buts et 3 passes décisives en 10 matchs, donc meilleur buteur et meilleur passeur du club à ce moment-là. Et après, deux matchs avant que la Ligue des champions ne commence, l’entraîneur me met sur le banc sans aucune explication. Même chose en C1, il me l’annonce seulement par politesse. Je n’étais pas le seul, il y avait un autre titulaire, qui n’avait pas loupé un match, dans ce cas-là. Il y a eu comme une cassure. J’avais demandé un rendez-vous avec le coach. Je ne voulais pas régler mes comptes, mais juste avoir une discussion constructive pour savoir pourquoi je n’étais plus dans les plans, ce que je pouvais améliorer, ce qu’il me manquait… et là, il me parle de défense. Direct, j’acquiesce, tout le monde doit défendre et les attaquants les premiers. Le match suivant, je suis titulaire en 8, je décide de me focaliser sur mon travail défensif, je fais vraiment un match solide derrière, et offensivement, je marque un but. Logiquement, je me suis dit : « Ça y est, c’est bon », mais rien n’a changé. Ensuite, quand il y a eu un changement d’entraîneur, j’étais à la CAN pendant un mois, et l’équipe marchait bien sans moi, donc il n’y avait pas d’obligation de m’intégrer à mon retour. Je ne lui en ai pas voulu, on ne se connaissait pas. Durant deux semaines, ça allait, mais après quand tu fais des voyages de cinq heures en bus pour aller je ne sais pas où et que finalement, je n’entre même pas…

Tu étais arrivé à un point de non-retour ?

Oui, c’était très fatigant. J’avais envie de bosser un minimum. C’est vraiment ça qui m’a décidé à partir… L’objectif n’était pas forcément de revenir en Ligue 2, mais de trouver un club où j’allais avoir un maximum de temps de jeu. C’était vraiment le motif numéro 1.

La Serbie, c’est super en matière de qualité de vie, même pour les enfants. J’ai été très surpris, dans le bon sens.

Malgré tout, qu’est-ce que tu retiens de cette première expérience à l’étranger ?

Je retiens quand même beaucoup de positif. J’ai découvert la Ligue des champions là-bas, ce qui est quand même la plus grande compétition que l’on peut jouer avec un club. C’était une expérience inédite et très sympa.

Et en dehors des terrains ?

J’ai découvert une nouvelle culture, une nouvelle langue aussi. Bon, je ne parle pas serbe, mais je connais pas mal de mots. J’ai aussi pu améliorer mon anglais, même s’il était déjà pas mal. J’ai été très surpris, dans le bon sens, par la vie là-bas. Je ne connaissais pas du tout la Serbie, et franchement, c’était super en matière de qualité de vie, même pour les enfants. C’était vraiment incroyable. Après, on est resté à Belgrade, on n’a pas voyagé dans d’autres villes avec ma famille. Perso, j’ai pu voir 2-3 villes quand on était en déplacement, sur des terrains vraiment pas fous parfois. (Rires.)

 

Pourquoi tu as opté pour le Paris FC ?

C’est un tout. J’ai d’abord parlé avec l’entraîneur, Stéphane Gilli, qui m’a dit qu’il aimait jouer au ballon. C’est une philosophie qui m’a tout de suite plu parce qu’elle colle avec mon jeu. Puis, je me suis entretenu avec François Ferracci, le directeur sportif, pour parler du projet. C’est un club qui passe tout près de monter en Ligue 1 depuis plusieurs années. Et pour les projections, bien avant le rachat, l’objectif était clairement défini : être le deuxième club de Paris dans l’élite en réalisant cette montée historique. Ça collait parfaitement à mes envies.

À une journée de la trêve, vous êtes en tête de la Ligue 2, tu t’attendais à un si bon début de saison ?

On ne peut jamais savoir, mais même avant que je signe, l’équipe sur le papier était canon. En m’engageant dans le projet du PFC, je me suis dit que si la mayonnaise prenait, c’était évident que les résultats allaient suivre.

Ilan Kebbal, Maxime Lopez, Moustapha Mbow, ça motive aussi…

Je prends énormément de plaisir avec cette équipe. Les adversaires se méfient de nous. On a beaucoup de qualité, pas seulement 11, 13 ou 14 joueurs, mais on a un groupe de 20 à 22 qui peuvent prétendre à être titulaires. Souvent, on a affaire à des blocs bas ou à des équipes qui changent de dispositif, donc on essaye de trouver des solutions, de faire au mieux pour être le plus efficace possible.

Si lors de la pesée il y a un joueur qui a pris 500 grammes, on va dire : “Attention, Jürgen arrive, ça ne passe pas !” On a pris cette annonce positivement.

Tu es la recrue phare du PFC cet été, qu’est-ce que tu penses de tes cinq premiers mois au club ?

Je dirais pas mal. Après, je peux mieux faire. Je sais que je suis capable de mieux faire, donc encourageant pour la suite. Après bien sûr, toujours dans le but collectif pour qu’on accède au niveau supérieur. Mon cas personnel est au second plan, l’important c’est que l’équipe gagne.

Récemment, tu as déclaré avoir envie de « redevenir important »… C’est le cas aujourd’hui ?

Oui, je ressens beaucoup de considération, même de l’amour. Dans le vestiaire, on s’apprécie tous ; il n’y a pas d’embrouilles, ce qui rend les choses tout de suite plus simples sur le terrain. Même quand ça ne va pas, on peut se dire les choses sans que la personne en face ne le prenne mal ou personnellement.

Comment est-ce que le vestiaire a vécu l’annonce de l’arrivée de la famille Arnault et de Red Bull ?

Très tranquillement. Parce que, même si c’est forcément une bonne chose, cela ne change pas l’objectif initial : accéder à la Ligue 1. En soi, rien n’a spécialement bougé pour l’instant. Mais on sait que forcément, après, ça ramène aussi plus de craintes des équipes adverses, plus d’attentes. Cela peut mettre une certaine pression sur le club, mais pas sur nous, car nous sommes déjà focalisés sur la montée.

 

Quand vous avez entendu que Jürgen Klopp allait sûrement faire partie du projet, il n’y a pas eu une petite euphorie ?

Il y a beaucoup, beaucoup de blagues dans le vestiaire. Par exemple, si lors de la pesée il y a un joueur qui a pris 500 grammes, on va dire : « Attention, Jürgen arrive, ça ne passe pas. » (Rires.) On a pris cette annonce positivement. C’est plus un soutien qu’une pression qui s’ajoute.

On parle souvent du petit truc en plus qu’il manque au club pour passer un cap. Ces nouveaux investisseurs changent la donne ?

Si ces nouveaux investisseurs améliorent notre quotidien, ces petits détails peuvent faire la différence. Cela peut aider, mais, selon moi, 90 à 95% de ce qui compte se jouent sur le terrain. Donc c’est à nous, les joueurs, d’aller au bout de notre objectif, peu importe qui est aux commandes.

Est-ce que cette nouvelle te pousse à te projeter dans le moyen/long terme avec le Paris FC ?

J’ai signé 3 ans, donc je m’inscris sur la durée. Avec ma famille, on est bien à Paris. Puis mes proches sont à 1h15 à Chartres, ceux de ma femme à Cergy, soit 45 minutes, et cela permet aussi à mon fils de voir ses cousins, ses tontons… C’est un vrai plus au quotidien.

Si on me demande de revivre toute la CAN, c’est non merci ! C’était stressant, incroyable, catastrophique. Trop d’adjectifs.

C’est ce qui participe aussi à ton bon début de saison (7 buts et 2 passes décisives) ?

Absolument. Quand je suis sur le terrain, je me sens vraiment bien. Là, je suis en phase avec le projet, et le club me donne beaucoup, donc forcément j’ai envie de lui rendre. Il y a aussi le soutien de mes proches, mon fils, ça me donne encore plus de force. Personnellement, quand je suis heureux, je suis plus enclin à être performant.

Du bonheur, tu en as eu une sacrée dose en février dernier, c’était comment de soulever la CAN à domicile ?

De base, mon rêve, c’était juste de porter une fois le maillot de la Côte d’Ivoire. Remporter une CAN, au pays, je n’en parle même pas… On a rendu tout un peuple fier. Le parcours était quand même incroyable, à la fois positivement et négativement. Dès qu’on me pose la question, je dis : « On a gagné, c’est magique. » Mais si on me demande de revivre toute la CAN, c’est non merci. (Rires.) C’était stressant, incroyable, catastrophique. Trop d’adjectifs. Mais finalement, on retient le sacre. Aujourd’hui, je suis fier de dire que je suis un champion d’Afrique. En plus, j’avais le numéro 11… En tant qu’attaquant ivoirien, le numéro 11, c’est Drogba, mon idole de jeunesse. Avoir remporté la CAN avec son numéro sur le dos, ça rajoute un truc de plus à l’histoire.

 

Qu’est-ce que ce titre t’a apporté ?

Il n’y a pas de mots à mettre là-dessus. Quand j’ai la chance de retourner au pays, on voit dans les yeux des gens que, pour eux, c’est comme si c’était hier. Pourtant, tu ne leur as pas donné une maison, une voiture, rien de matériel, ils n’ont pas gagné plus d’argent, mais ils te regardent avec une telle gratitude, c’est beau.

Est-ce que maintenant on te regarde différemment ?

C’est clair. Certaines personnes m’appellent « le champion d’Afrique » pour me taquiner. C’est un respect qui est rare à gagner. C’est comme quand, en club, tu remportes la Ligue des champions, c’est quelque chose de grand.

Est-ce que tu te sens plus légitime ?

Non, je joue au football par plaisir. C’est devenu un travail, mais j’ai pas une attente particulière autour de ça. Mon but, c’est que ma famille soit fière de moi. C’est tout ce qui compte. Même si des gens n’ont pas cru en moi, je n’ai pas particulièrement un esprit de revanche.

Tu étais encore un joueur amateur il y a quatre ans, il t’arrive de regarder dans le rétroviseur parfois ?

Je n’ai pas trop le temps, j’ai la tête dans le guidon, mais c’est vrai que quand je prends un peu de recul, je me dis qu’en quatre ans, j’ai vécu beaucoup de choses. J’en parle souvent avec ma femme. À chaque fois, nous franchissons un nouveau palier. C’est juste une bénédiction. Je ne pensais pas en arriver là… Je vis une carrière de fou, je ne la changerais pour rien au monde.

C’est quoi la prochaine case à cocher pour toi ?

Dans l’ordre chronologique ? L’objectif numéro 1 : la montée avec le PFC. Numéro deux : défendre notre titre avec la sélection au Maroc. Enfin, dernier objectif : vivre un nouveau rêve en découvrant la Coupe du monde avec mon pays. Tous les espoirs sont permis.

Dans cet article :
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