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Jean-Philippe Doux: « Chanter n’est pas mon truc »
Le journaliste de M6, entré dans l'histoire comme témoin de la demande en mariage à Estelle, officie désormais comme "capo" de la tribune Nord du Stade de France, chargé de faire monter l'ambiance chez les supporters des Bleus. Autant dire un homme de défi. Parce qu'il manquera toujours une syllabe quand on chante "Nous sommes les Français"
Comment te retrouves-tu à chauffer les tribunes du stade de France ?
Au départ, c’était une proposition destinée à un ami et comme il n’était pas disponible, la FFF me l’a proposé et j’ai accepté. Je ne travaille plus sur le football (Ndlr: il est journaliste-chroniqueur pour 100% Mag de M6) mais j’ai quand même demandé à ma hiérarchie si c’était compatible et donc j’ai fait les trois derniers matchs de l’équipe de France. J’avais déjà eu un expérience similaire à Bordeaux quand les Girondins avaient fêté leur titre de champion de France en 2009 sur la Place des Quinconces. J’avais trouvé ça grisant d’être sur le podium avec les joueurs et d’essayer de faire chanter les supporters. Après, je n’aime pas le terme « chauffeur de salle », ça fait un peu Jean-Pierre Descombes ou animateur de foire, je préfère co-speaker.
Est-ce que tu répètes avant les matchs ?
Oui, on a une répétition parce que c’est hyper minuté comme conducteur. On est là pour « provoquer » le public, pour l’accompagner, pour lancer des chants parce qu’un match ne doit pas commencer à 21 heures, j’aime quand les spectateurs encouragent l’équipe dès l’échauffement. Bon après, j’ai pas eu besoin de ce boulot pour me rendre compte que chanter n’était pas mon truc.
Les Bosniens nous ont mis à l’amende pour le dernier match de qualifications ?
Oui, même si moi j’étais dans la tribune Nord, celle habituellement réservée aux supporters français. Les Bosniens s’étaient chauffés toute la journée dans les bars et j’ai utilisé cet argument pour motiver les Français.
Tu n’as pas envie d’étrangler Max, le chef des speakers, des fois ?
Pourquoi ? Dans le genre et sur l’échelle des speakers, c’est pas le pire. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il est hyper rigoureux. Son cahier des charges est lourd donc il est obligé de remplir un certain nombre d’engagements, notamment avec les partenaires de la FFF. J’écoute pas tout ce qu’il dit déjà parce que, techniquement, c’est compliqué de t’entendre quand t’es au bord du terrain.
Quel effet ça fait de côtoyer Clément d’Antibes en chair en en os ?
Il se trouve que j’avais couvert l’Euro 2008 et donc je le connaissais déjà. C’est le genre de personnes qui me rassurent, comme ceux qu’on appelle les mousquetaires. Il y a aussi une supportrice toujours habillée en chef indien. Je sais que je peux compter sur eux. Moi, je ne viens pas du sérail, je suis un provincial. Je suis assez subjugué par ces supporters qui, comme moi, viennent de la province et font des centaines de kilomètres pour aller voir l’équipe de France.
Est-ce que vous n’essayez pas de créer une ambiance totalement artificielle ?
Le constat est effectivement qu’il n’y a pas naturellement beaucoup de ferveur quand l’équipe de France joue à Paris. Mais, qu’est-ce qu’on fait de ce constat ? Soit on ne fait rien en se disant que ce stade ne chantera jamais, soit on essaye de provoquer une spirale positive, comme on le fait. Paris, ce n’est pas Lens. Quand j’entends « Les corons », ça me file la chair de poule. Quand j’étais à Bordeaux, j’aimais bien les animations des ultras du virage sud de Chaban Delmas. J’aimerais bien importer cette ambiance dans la tribune Nord du Stade de France.
C’est bien payé comme travail ?
C’est payé. En fait, je l’ai accepté avant de connaître le montant de ma prestation.
Propos recueillis par Joachim Barbier