Quelle a été votre première réaction quand vous apprenez que vous allez affronter le Dynamo Kiev ?
C’était pas loin d’être l’équipe d’URSS, on se disait qu’on allait faire un petit tour et puis s’en va. On était vraiment les tout petits poucets. Je débarquais de Nœux-les-Mines où j’avais fait 2 ans en D2. J’enchaîne sur 6 matchs en D1. Il y avait déjà une énorme différence de niveau, parce que la D2 est incomparable à la D1. Je me suis retrouvé tout à coup à jouer contre l’une des meilleures équipes européennes. Vous imaginez le décalage.
Comment avez-vous préparé la rencontre ?
Notre entraîneur, Michel Le Milinaire avait envoyé le directeur du centre de formation superviser Kiev qui disputait un match de préparation en Espagne. À son retour, il nous avait un peu cassé le moral. Il nous a dit : « Je n’ai jamais vu une équipe aussi forte, vous vous attaquez à un monstre du football européen » . On y allait dans l’état d’esprit de pas prendre trop de buts, histoire de maintenir un peu de suspense pour le match retour à Laval
Vous y êtes plutôt bien arrivés…
On fait 0-0, mais je ne sais pas trop comment. On a été dominés, archi-dominés comme jamais. J’en parlais encore avec Jean-Marc Miton et Loic Pérard, deux de mes anciens coéquipiers, on ne se rappelle pas avoir été autant dominés lors d’un match. Je n’ai pas le souvenir qu’on ait franchi la ligne médiane.
Comment les joueurs de Kiev ont réagi ?
Ils ne comprenaient pas trop. Ils devaient penser qu’ils feraient la différence au match retour. Je me souviens que Blokhine était venu me féliciter à la fin du match et m’avait tapé sur l’épaule. J’avais trouvé ça sympa qu’un Ballon d’or vienne saluer un anonyme comme moi.
On peut dire que vous avez connu l’état de grâce ce soir-là ?
Il y a un peu de ça, un peu de chance aussi. Les copains ont bien défendu aussi. Je me souviens que Kiev a multiplié les centres. Avec mon gabarit (1,90m), j’ai été plutôt bien inspiré dans ce domaine.
On imagine qu’il devait y avoir un sacré décalage culturel entre la Mayenne et l’URSS ?
À l’époque, vous deviez passer par Moscou pour tout voyage en URSS. Là-bas, vous sentiez que vous étiez très surveillés dès que vous mettiez un pied dehors. Mais ça reste un super bon souvenir. On a pu se balader sur la place Rouge à Moscou avant le match. On a un peu visité, mais on n’a pas fait de shopping. Bon, le shopping là-bas, à l’époque… Je me souviens aussi que le stade était rempli de militaires, l’ambiance était assez bizarre avec un bruit de fond permanent.
Après le 0-0 de l’aller, vous pensiez que l’exploit était possible à Francis-le-Basser ?
Ça restait encore un fantasme, on n’osait pas trop y croire. On sentait bien qu’ils n’allaient pas rater un second match. On a réussi à les surprendre tactiquement en jouant plus haut. On a eu la chance de marquer assez tôt et puis on a refait comme à Kiev : tout le monde derrière ! On a défendu, et sauve qui peut. Je me souviens que le public avait été extraordinaire. J’étais invité la semaine dernière à Guingamp et j’ai eu la chair de poule. Je me revoyais 30 ans plus tôt.
Vous voyez des similitudes entre Laval et Guingamp ?
Même si Laval est quand même une plus grande ville que Guingamp, je retrouve un peu le même esprit. Je suis admiratif de ce que réalise Jocelyn Gouvernnec. Surtout quand on repense au début de saison catastrophique de Guingamp. Heureusement qu’il y a un petit club comme Guingamp pour défendre le football français. On parle des gros, mais ils sont où en Coupe d’Europe ? Après, on va pleurer parce qu’on nn’aura plus d’équipes qualifiées.
Impossible de ne pas vous demander pourquoi vous aviez déclaré « on les a bien schtroumpfés » après la qualification ?
En réalité, je n’ai jamais dit cette fameuse phrase sur les Schtroumpfs vis à vis des Russes (sic). Je ciblais Monaco. Leurs dirigeants avaient déclaré que Laval n’avait rien à faire en Coupe d’Europe, que c’était une honte pour le football français. Tout ça parce qu’ils avaient terminé juste derrière nous la saison précédente en championnat. J’ai sorti cette phrase comme ça, parce que ma fille lisait tous les albums. Je ne pensais que cette phrase allait rester. Je trouvais juste ça marrant.
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