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Jean-Marie Aubry : « Avec des talonnettes dans les chaussettes »

Propos recueillis par Kévin Charnay
Jean-Marie Aubry : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Avec des talonnettes dans les chaussettes<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ce samedi, Monaco et Angers s'affrontent pour le compte de la 23e journée de Ligue 1. Jean-Marie Aubry a été la doublure de Fabien Barthez chez l'un et a passé huit années chez l'autre. À onze ou à cinq, sur de l'herbe ou sur du sable, entretien avec un amoureux du foot.

Bonjour Jean-Marie. Qu’est-ce que vous devenez ?Je suis le patron d’un five au Petit-Quevilly depuis maintenant huit ans. À la fin de ma carrière, j’ai entraîné les gardiens de but de la formation à Montpellier. Et puis j’ai eu l’idée de développer des complexes de football en salle. À la fin de mon contrat à Montpellier, je me suis lancé avec mes deux associés. Aujourd’hui, on peut dire que c’est une grosse réussite. Le foot en salle prend une place de plus en plus importante dans la sphère du football. Aujourd’hui, il y a plus de mecs qui font un five une fois par semaine que de licenciés dans les clubs de foot classique. Il y a une concurrence assez importante. Il y a trois enseignes dominantes : le five dont je fais partie, soccer five et urban soccer. Mais il y a encore de la place pour ceux qui veulent se lancer.

Du coup, le foot à onze, c’est derrière vous maintenant, on en parle plus ?Non, non. Justement, en ce moment, je suis en pleine réflexion. Je crois que j’ai fait le tour sur le football en salle. J’aimerais bien repartir sur le footall, ça a tout de même été une grosse partie de ma vie. Et puis, au-delà de mon vécu sur le terrain, je pense avoir de l’expérience extra-sportive, sur le relationnel, le contact humain et la façon de gérer une entreprise. J’aimerais bien réunir l’entreprise et le football. Un retour au football n’est donc pas à exclure. Je n’ai pas d’idée très précise, mais j’ai gardé pas mal de contacts dans le milieu. Pourquoi pas faire entraîneur de gardien, oui, mais je pencherai plus vers la communication des clubs, le management ou le recrutement. À chaque âge, on a notre période. J’approche à la cinquantaine, et j’arrive à un moment où j’aimerais m’intéresser à l’envers du décor.

J’ai rencontré Éric Cantona lors d’une partie de chasse en Mayenne

Avant tout ça, vous vous étiez déjà reconverti dans le beach soccer. En fait, vous voulez faire tout ce qui est possible de faire dans le foot ?Oui, c’est un peu ça, je suis un fou de foot de toute manière. Mon histoire avec le beach soccer a commencé sur un terrain en salle. Pour l’inauguration d’un complexe, on avait fait un match contre l’équipe de France de beach. À la suite de ce match, Éric Cantona est venu me voir, il trouvait que j’avais le profil d’un gardien de beach. Comme Pascal Olmeta allait partir de l’équipe, il m’a proposé de le remplacer.

Vous vous connaissiez déjà ?Je connaissais bien son frère, Joël, avec qui j’avais joué à Angers. Et j’avais déjà rencontré Éric grâce à lui lors d’une partie de chasse en Mayenne. Et puis, après, j’ai fait connaissance de toute la famille. C’est vraiment une histoire d’hommes et d’amitié avec les Cantona.

Et le beach soccer, vous connaissiez déjà bien ?Ah non, pas vraiment, non (rires). À l’époque, je jouais en corpo avec l’équipe du groupe Nicollin. À peine le championnat de France entreprise terminé (championnat qu’il a remporté, ndlr), je prenais l’avion pour le Brésil pour disputer le Mondial. Je ne connaissais même pas les règles (rires). Bref, c’était une aventure humaine incroyable. J’ai pris autant de plaisir en cinq ans de beach qu’en quinze ans de carrière pro. On garde le goût de la compétition, mais l’ambiance est plus respectueuse, plus festive, plus centrée sur les événements. C’est rafraîchissant, toutes les équipes dorment dans les mêmes hôtels et il n’y a pas d’animosité. Il y a une notion de plaisir pur et simple que l’on ne retrouve pas forcément dans le monde professionnel, car il y a trop d’intérêts économiques.

Pas de phase finale de Coupe du monde depuis 2008, qu’est-ce qui ne fonctionne plus dans le beach soccer français ?Il n’y a plus l’icône Éric Cantona. Quand c’est lui qui appelait pour te recruter, ça avait un autre impact. Il pouvait fédérer plus de monde. Il faut des personnes influentes dans le foot à onze qui prennent le relais. Et puis, les joueurs de beach commencent aussi à penser à l’argent avant le plaisir. Ce n’était pas notre manière de voir la discipline. Du coup, je me suis dirigé vers le five pour retrouver le plaisir plutôt que la compétition. Le five pourrait d’ailleurs être le prochain beach soccer. Si la Fédération s’en mêle et s’empare du phénomène, on pourrait créer des vrais championnats et institutionnaliser un petit peu le truc. Il y a de la place pour tous les gens qui n’ont pas eu la chance de devenir pro sur gazon, mais qui ont quand même du talent.

Angers et Monaco s’affrontent ce week-end, que retenez-vous de vos deux anciens clubs ? On commence par Angers.J’ai passé huit ans. On était une équipe de « repris de justice » (rires). Tous les joueurs avaient des parcours atypiques. C’étaient des mecs qui n’avaient pas été gardés dans des centres de formation ou poussés vers la sortie par leurs anciens clubs. Des mecs revanchards. Le recrutement avait été très judicieux. Là encore, c’était une aventure humaine exceptionnelle. On a créé une identité à Angers. Stéphane Moulin faisait partie de cette équipe et il a réussi à inculquer nos valeurs dans son groupe actuel. Même si, individuellement, on n’est pas les meilleurs, la notion de groupe peut permettre de se glisser en haut du panier. Et aujourd’hui, c’est encore plus payant, car, à part Paris, le niveau du championnat français s’est homogénéisé. Avant, c’était impossible d’aller chercher Marseille ou Bordeaux. Maintenant, Lyon et Marseille, c’est accessible.

Il y a cette série d’invincibilité incroyable en 1991-1992, l’année de la remontée. Vous faites tomber le record de Joël Bats. Il se passait quoi, vous étiez infranchissable ?Oui, j’étais resté plus de 750 minutes sans encaisser un seul but. On passe le cap des 200 minutes, puis celui des 300 et ainsi de suite. Petit à petit, vous vous prenez au jeu. C’est vrai que c’est une petite fierté personnelle, partagée avec le groupe. C’était l’invincibilité du SCO, pas la mienne. Je me souviens q’une chose que m’avait dite mon père quand j’ai choisi d’être gardien. Il me disait : « Un gardien, personne ne le regarde, à part quand il va chercher le ballon dans ses filets. » Eh bien, je n’avais juste pas envie que 22 mecs se retournent vers moi pour me fixer (rires).

Et à Monaco, quels souvenirs ?J’aurais pu partir plus tôt à Monaco, ils me voulaient depuis quelques saisons. Mais le président m’avait déclaré intransférable. Je l’ai bien pris, je me suis dit que c’était parce que j’avais de la valeur, qu’il tenait à moi. Finalement, j’ai atterri à Monaco en 1998, après un passage à Lille. Aujourd’hui, je regrette un peu de ne pas avoir pu partir plus tôt pour l’ASM. Je serai arrivé au club avant Barthez, et peut-être que ma carrière aurait été tout autre. Je me suis souvent mis des barrières. Ma gentillesse, ma considération pour les gens qui m’ont fait confiance m’ont un petit peu trahi. Je n’ai pas été assez « chacal » dans le milieu du foot (rires). Un jour, Jean Tigana m’a dit que s’il avait un choix purement sportif à faire, il m’aurait mis moi sur le terrain. Sauf que Barthez était champion du monde, c’était une star. Après, j’ai pu décroché un titre de champion de France et j’ai découvert la Coupe d’Europe, donc ça reste positif.

Jardim, c’est un costaud

Vous gardez quelle image de Fabien Barthez ?J’en garde l’image d’un gars qui était dans son monde. C’était quelqu’un d’atypique dans le milieu du foot. Il m’a permis de me rendre compte que je n’étais pas si loin du niveau des gros gardiens de Division 1. Si j’étais parti plus tôt à Monaco, j’aurais pu faire mieux. Mais je n’ai pas de regrets, j’ai eu une belle vie, une belle carrière, et j’ai fait de belles rencontres.

Vous disiez que votre taille vous avait handicapé dans votre carrière. C’est vrai ?Clairement ! 1m75, c’est très petit pour un gardien. J’ai vraiment dû bosser sur ma détente pour compenser. J’ai longtemps cru que ça m’empêcherait d’éclore. Pour vous dire, à Angers, je suis arrivé avec des talonnettes dans les chaussettes pour signer, parce que j’avais peur d’être trop petit. Je suis persuadé que si j’avais dépassé le mètre 80, j’aurais eu une autre carrière. Lorsque j’étais à Monaco, Lyon me voulait pour être la doublure de Greg Coupet. Et surtout, Arsène Wenger avait tout fait pour que je vienne à Arsenal. Mais les Anglais disaient que c’était impossible qu’un gardien comme moi joue en Premier League.

Pour conclure, qu’est-ce que vous voyez comme avenir pour Angers et Monaco ?J’aimerais bien voir Angers faire une petite épopée européenne en Ligue Europa. Ce serait mérité, encore une fois, pour Stéphane Moulin, qui a suffisamment rongé son frein à Châtellerault. C’est quelqu’un de valeur et il est enfin reconnu. Il est responsable au moins à 50% des performances du SCO. C’est une personne de qualité. J’aime bien les personnes qui partent de pas grand-chose et qui arrive à faire de belles choses. J’espère qu’on lui confiera une plus grosse écurie un jour, car il le mérite vraiment. C’est un type bien. Quant à Monaco, je le vois tranquillement sur le podium, plutôt sur la deuxième marche. Ils arrivent toujours à s’en sortir, et comme d’habitude, ils sont en train de remettre les pendules à l’heure en ce moment. Et puis, leur entraîneur, Jardim, c’est un costaud aussi.

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