- France
- Paris Saint-Germain
- Bon Anniversaire
Jean-Kévin un peu juste
Jean-Kévin Augustin a vingt ans aujourd'hui. Et vingt ans, ça rime avec bilan. Dommage pour JKA, le sien est un peu terne. Après avoir été un bel espoir du côté du PSG, il a terminé aux oubliettes cette saison et on voit mal ce qui pourrait venir le sauver. À part peut-être ses belles performances avec les équipes de France U19 et U20.
Ça n’a pas traîné. À peine le temps de se mettre en jambe, et les Italiens en ont déjà pris un dans la valise. En se relevant, Alex Meret, le goal de cette Nazionale version U19, peut jeter un œil au tableau d’affichage : ça ne fait que cinq minutes et quinze secondes que le ballon était en jeu. Mince. Meret et ses défenseurs viennent de se faire saccager par un Jean-Kévin Augustin en ébullition, qui les a tous envoyés chez les grands brûlés en une roulette-contrôle, un sprint et un face-à-face humiliant. Le portier a même terminé l’action en rampant, avant d’observer Augustin pousser le ballon dans son but vide. Une heure et demie plus tard, les jeunes Italiens quittent la pelouse lessivés, essorés, assommés. Les Bleuets viennent de leur envoyer un 4-0 sec et nerveux, et soulèvent le troisième Euro U19 de leur histoire.
Sur le podium des vainqueurs, Jean-Kévin Augustin sourit comme un gamin dans son maillot floqué du numéro 7. Il termine meilleur buteur de la compétition avec six pions, et le futur qui l’attend au Paris Saint-Germain ne peut être que radieux. Après deux saisons passées à végéter entre le banc et l’équipe réserve du PSG, son heure semble enfin sur le point d’arriver. Un nouvel entraîneur à Paname, un Zlatan envolé vers d’autres cieux, pas de gros nom recruté en attaque pour le remplacer. Bref, c’était le 24 juillet 2016, les planètes avaient l’air d’être alignées pour que JKA réalise sa première grosse saison sous le maillot parisien.
Le buteur des vacances d’été
Un an plus tard, JKA ne sourit plus beaucoup et en ce 16 juin 2017, jour de ses vingt ans, le bilan est loin d’être rose. Sur les plans personnel et collectif, son millésime 2016-2017 dans la Ville Lumière est raté. Il a joué moins de matchs de Ligue 1, n’a quasiment pas été utilisé en Coupes, n’a marqué qu’une seule fois et a perdu son titre de champion de France. Ça, c’est le rayon des mauvaises nouvelles. Et du côté des bonnes ? Ça ne se bouscule pas au portillon. Jean-Kévin Augustin reste ce type bon à enchaîner les buts fin juillet dans cette cochonnerie d’International Champions Cup, ce camp de vacances dont on veut nous faire croire qu’il s’agit d’une vraie compétition, et où tout le monde vient en claquettes pour bronzer à part les jeunots qui croient qu’ils vont s’y faire remarquer par leur coach.
Mais planter un but contre l’équipe C de l’Inter au Michigan Stadium à une période de l’année où, en France, les juillettistes et les aoûtiens sont en plein chassé-croisé, ça ne sert pas à grand-chose. Les autres jeunes attaquants labellisés « titis parisiens » – comprendre formés au club- que sont Jean-Christophe Bahebeck et Odsonne Édouard – ont dû être prêtés pour avoir un peu de temps de jeu, et n’auraient aucune chance de s’imposer au PSG s’ils y revenaient cet été. Augustin, lui, a eu le courage de rester et de garder l’espoir que son tour viendrait. Mais le plus triste pour lui, ce n’est pas qu’Emery n’a pas beaucoup compté sur lui. C’est qu’à chaque fois qu’il aurait pu faire ses preuves, Augustin ne l’a pas fait.
Mieux en Bleu
En Ligue 1, sa dernière apparition remonte au 21 décembre dernier. Il avait remplacé Cavani à la 77e minute, alors que le PSG menait déjà 3-0… Depuis, plus rien. « Augustin ? J’ai parlé avec lui. Il peut apporter à l’équipe. Il est jeune, il a besoin de jouer pour accumuler de l’expérience. Après, être dans la première équipe n’est pas facile parce qu’il y a de la concurrence » , balançait Emery en mars dernier pour expliquer avec une langue de bois gigantesque qu’il se fichait pas mal de son joueur. Augustin a même arrêté de s’entraîner avec les pros, tandis qu’en janvier dernier, le PSG recrutait Draxler et Guedes, deux jeunes joueurs à vocation offensive. À l’époque, Kluivert lui avait suggéré un prêt, porte de sortie refusée par Augustin. Mais il avait soufflé le chaud et le froid en refusant aussi une prolongation de contrat, puis en likant sur Instagram une photo où Balotelli chambrait le PSG. Sans l’avoir fait exprès, avait-il expliqué. Aujourd’hui, personne ne sait à quelle sauce JKA sera mangé cet été. Est-il plus verni avec les équipes de France de jeunes ?
Le 1er juin dernier, la France se faisait sortir en huitième de la Coupe du monde U20 par l’Italie. Loin d’être ridicule, Augustin avait planté quatre buts, et au moment de l’annonce de la sélection, Batelli l’avait cajolé : « On s’est eu régulièrement au téléphone. JK, c’est un compétiteur. Je n’ai pas de soucis avec lui, il va se mettre au niveau tout de suite. La compétition, pour lui, c’est un défi, un challenge. Il ne vit que pour ça et est capable d’aller chercher des ressources insoupçonnées pour piocher au plus profond de lui-même. » Dans le fond, le plus rassurant pour Augustin reste son âge. Affirmer qu’on est déjà déçu par un type qui fête tout juste ses deux décennies est ingrat. L’envoyer aux oubliettes, presque criminel. JKA peut encore avoir un avenir.
Par Alexandre Doskov
Propos de Batelli recueillis par AD, à Clairefontaine