- Ligue 1- 4e journée
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Jean II, le retour
Parti de France il y a un an et demi sous les sifflets de Gerland, Jean II Makoun n’est pas parvenu à s’imposer en Premier League avec Aston Villa. Mais fort d’une saison à la relance en Grèce avec l’Olympiakos, il signe son retour en Ligue 1 à Rennes, au sein d’un effectif où il compte jouer le rôle de « grand frère ».
Généralement, quand tu quittes la Ligue 1 pour un club de Premier League, c’est avec un aller simple dans la poche que tu prends place dans l’Eurostar. Il n’est pas question d’un retour en France, ou alors ça signifie que le séjour Erasmus a merdé quelque part. Forcément. Prenons Jean II Makoun par exemple. Parti de Lyon en janvier 2011 direction Aston Villa, il n’avait sûrement pas dans l’idée de ramener sa bouille en France un an et demi plus tard. Dans son plan de carrière figuraient certainement plus d’alléchantes affiches de Premier League à Villa Park, histoire de voir si ça rigole un transfert vers une écurie plus huppée. L’ascension classique rêvée.
Ce qui lui est arrivé est nettement moins fun. À Birmingham, gêné par les pépins physiques, il peine à s’imposer. Pas bien dans son corps ni dans sa tête, Makoun voit en plus partir Gérard Houiller en fin de saison, celui-là même qui l’avait fait venir. Alors il accepte d’être prêté une première fois, direction la Grèce et l’actuel meilleur club du pays, l’Olympiakos, où il va se relancer, disputant un total de 31 matchs dans la saison, dont 19 de championnat et 3 de Ligue des champions. Suffisant pour se rappeler aux bons souvenirs de la Ligue 1, deux clubs français lui faisant cet été les yeux doux : Rennes d’abord, puis Bordeaux, ainsi que Galatasaray et Al-Rayyan (Qatar) pour l’étranger. Mais c’est dans l’Hexagone, où il a ses repères, qu’il souhaite revenir, et c’est finalement à la formation bretonne – où l’entrejeu est plus dépeuplé qu’en Gironde et où il a donc plus de chance de se rendre indispensable – qu’il donne sa préférence.
Une association prometteuse avec M’Vila
Présenté officiellement à la presse il y a quelques jours, Jean II s’est dit heureux d’endosser le costume de « grand frère » qui « parle, gueule, positionne » sur le terrain, alors que l’effectif rennais est, avec celui de Nice, le plus jeune du championnat (23,8 ans de moyenne d’âge, contre 27,6 ans au PSG, le plus expérimenté, Ndlr). Makoun pèse 240 matchs de L1 et 40 de Ligue des champions. Dans la gestion d’une saison, d’une série, d’un match, voire simplement d’un temps fort ou faible, disposer d’un tel joueur dans l’équipe peut compter. D’autant que Rennes avait particulièrement pêché dans ce registre la saison dernière, avec un évident manque de force mentale.
Comme les bonnes nouvelles sont faites pour aller par paire, les supporters bretons ont eu la satisfaction de constater qu’hormis un coup de théâtre dans les derniers jours, Yann M’Vila devrait rester encore au moins une demi-saison chez les Rouge et Noir. L’international avait pourtant un bon de sortie, mais son début d’année 2012 en demi-teinte et son image écornée par un comportement pas toujours formidable ont freiné les ardeurs des grands clubs. Ni Arsenal, ni Tottenham et encore moins le Real n’ont souhaité mettre le prix pour l’enrôler. Les comptables rennais font peut-être un peu la gueule, Antonetti certainement moins. Avec M’Vila, Makoun et Vincent Pajot, l’entraîneur dispose de trois bon milieux récupérateurs/relayeurs pour deux postes. Sur le papier, le choix qui s’offre au technicien corse est séduisant, plus en tout cas que la saison dernière avec Mandjeck et Tettey qui ont déçu et sont partis : le premier à Auxerre dès cet hiver, le second à Norwich il y a peu.
La filiation avec Puel, un mauvais plan
Reste qu’il n’y a aucune certitude quant au niveau que va pouvoir afficher Jean II Makoun avec le maillot rennais. Les supporters du LOSC, qui l’ont vu se révéler sur les terrains français de 2002 à 2008, vous diront que c’est un excellent ratisseur de ballons, un homme de devoir doté d’un état d’esprit irréprochable, précieux également dans le registre offensif avec sa capacité à apporter le surnombre, sa grosse frappe de balle et son excellent jeu de tête malgré sa modeste taille (1,73m). Les Lyonnais, de leur côté, qui ont vu le bonhomme les deux saisons et demie suivantes, seront plus enclins à vous parler d’un joueur pas très technique, pas toujours adroit dans ses transmissions de balle et qui agaçait parfois par son dilettantisme.
« Sergent » Makoun, comme on l’appelle au Cameroun, a eu le malheur d’être considéré par les habitués de Gerland comme le chouchou de Puel, qui l’avait fait venir au prix fort (15 millions d’euros). Il a donc été pris pour cible par les supporters lors de la saison 2009/2010. C’était oublier sa bonne première saison dans le Rhône (34 matchs de L1, 7 buts, 4 passes, 8 matchs de C1, 2 buts, 1 passe, 62 matchs au total dans sa saison, Ndlr). Le souvenir des exploits de Juninho, tout juste parti au Qatar, était encore trop présent et ce n’est pas le magnifique but de la victoire face au Real à Gerland en février 2010 qui a changé sa situation… À Rennes, Makoun ne remplace personne ou presque. C’est sa grande chance. À lui de la saisir.
Par Régis Delanoë, à Rennes