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Jean-Claude Plessis : « Pour moi, c’est le combat d’une vie »
Avec Pierre Wantiez, qui fut son directeur général lorsqu'il présidait le FCSM (1999-2008), Jean-Claude Plessis a lancé un plan de sauvetage pour éviter à Sochaux un probable dépôt de bilan et lui permettre une participation au National. Avant un passage décisif devant la DNCG jeudi à 12h15, celui qui incarne l’espoir des supporters sochaliens s’est dit relativement optimiste sur l’aboutissement de ce projet baptisé « FCSM 2028 ».
Le grand oral devant la DNCG approche. Avez-vous réuni la somme nécessaire ?
On y est presque (cet entretien a eu lieu le mardi 15 août, en début de soirée, ndlr). À l’heure où je vous parle, il manque environ 500 000 euros, mais on va les trouver. Le dossier que nous allons présenter devant la DNCG est solide. On va pouvoir démontrer que Sochaux peut participer au championnat de National. Plusieurs investisseurs ont décidé de nous rejoindre. On en trouve beaucoup en Franche-Comté, on a également un Alsacien. Certains ont accepté d’injecter 300 000 euros, 500 000 euros ou 1 million d’euros. Il y a aussi les collectivités locales qui se sont engagées à nous suivre (à hauteur de 3 millions d’euros). Des anciens joueurs ont envoyé des dons et les supporters ont ouvert une cagnotte qui a pas mal rapporté également (environ 400 000 euros). L’association Sociochaux fait un super travail, et elle participera aux décisions prises pour le club.
Êtes-vous confiant ?
Oui. On se doit de l’être. On se rend compte à quel point beaucoup de gens sont attachés au FCSM, et cela va bien au-delà de la Franche-Comté. Ici, à Sochaux, à Montbéliard, dans les communes des alentours, c’est plus qu’un club. C’est comme à Lens, à Saint-Étienne. Sochaux, c’est un club historique du football français. S’il meurt, d’autres vont mourir. Je suis arrivé lundi à Sochaux, j’ai assisté à l’entraînement. J’ai reçu un très bel accueil, très touchant. Je connais bien l’endroit, et ce que j’ai vu lundi m’a rappelé combien les gens aiment le FCSM.
Qu’est-ce qui vous a poussé, avec Pierre Wantiez, à vous lancer dans cette opération sauvetage, alors que le projet de reprise de Romain Peugeot venait d’être rejeté par le CNOSF ?
Avec Pierre, on se connaît très bien, et nous étions en contact régulier. Romain Peugeot avait effectué un boulot formidable pour essayer de maintenir le club en Ligue 2. D’ailleurs, je tiens à préciser que Romain, pour qui le FCSM compte beaucoup, s’est engagé à titre personnel dans notre projet de sauvetage. Quand ce projet a été refusé, on a vu à la télé le choc que provoquait cette décision à Sochaux : les supporters abattus, les gamins qui quittent le centre de formation avec la certitude qu’ils ne se reverraient pas. On s’est dit, avec Pierre Wantiez, qu’il fallait faire quelque chose. Il est très attaché au club, et moi aussi. On a pu racheter à Nenking, avec les investisseurs, le club pour un euro symbolique, et accélérer, car chaque minute compte. Pour moi, c’est le combat d’une vie. Je ne pouvais pas me résoudre à voir Sochaux, son centre de formation, disparaître. Une telle issue aurait eu des répercussions terribles sur la région sur le plan économique. On parle de centaines d’emplois, directs et indirects. Il fallait faire quelque chose. Depuis plusieurs jours, on dort peu, les repas ne durent pas très longtemps, on passe beaucoup de temps au téléphone, on voit du monde. On veut réussir. Je n’imagine pas échouer. Cela signifierait qu’on a donné beaucoup d’espoir à des milliers de supporters, à des salariés, qui, depuis deux mois, n’ont pas été épargnés…
📋 Le groupe Nenking, propriétaire du FCSM, a conclu mercredi soir un contrat de cession de l’intégralité de ses actions au profit d’un groupe d’acteurs économiques locaux regroupés sous la bannière "FCSM 2028".
Le FCSM a sollicité auprès de la FFF son inscription en National 1…
— FC Sochaux-Montbéliard (@FCSM_officiel) August 10, 2023
Avez-vous découvert quelques cadavres dans les placards laissés par Nenking ?
Pas de cadavres… Mais des choses inhabituelles, inattendues…
Carlos Tavares, le président de Stellantis, lequel avait bradé le FCSM en 2015 en le vendant aux Chinois de Ledus, des incompétents notoires, avait été appelé au secours au mois de juillet par le maire de Sochaux, Albert Matocq-Grabot. Tavares n’avait même pas daigné réagir…
Mais il ne fallait rien attendre de lui ! Il n’en a jamais rien eu à foutre du FCSM. Je méprise cet homme. C’est juste une machine à faire de la marge, et rien d’autre. En 2019, sa directrice de communication (Isabel Salas Mendez, ndlr) avait déclaré que le foot, en gros, véhiculait une image trop populaire et ne collait pas à l’image de Peugeot, qui voulait monter en gamme. Tout était dit… Moi, je suis un ancien cadre de chez Peugeot, pas de Stellantis. Mais je peux vous dire que je reçois pas mal de messages de gens très bien placés chez Stellantis, qui nous soutiennent, car eux sont attachés au club.
Et sportivement ? Avez-vous clairement défini les objectifs si le club est autorisé à évoluer en National ?
On travaille. J’ai rencontré Oswald Tanchot. Il m’a fait une très bonne impression. Je n’ai que de bons retours sur lui. C’est un bosseur, un homme honnête et investi, qui ne se prend pas pour un autre. J’aimerais qu’il reste, avec son staff. Ce serait bien également que Julien Cordonnier, le directeur sportif, reste. On travaille sur la composition de l’effectif. Beaucoup de joueurs sont partis, mais d’autres sont prêts à signer. On a aussi des joueurs avec de gros contrats. Même si on table sur un budget qui pourrait être supérieur à celui qu’on lit dans la presse, nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir de gros salaires. Il y a plein de choses à faire, car si on a l’accord de la DNCG, je pense qu’on débutera notre championnat le 25 août. Je ne vais pas vous dire qu’on vise la montée dès cette saison, mais il ne faudra pas s’éterniser en National. C’est pour cela qu’on va recruter des joueurs prêts pour affronter ce championnat difficile.
🦁 Avant le premier entraînement de la semaine, Jean-Claude Plessis a rencontré le staff et les joueurs ce matin. pic.twitter.com/hdwIZE8ul6
— FC Sochaux-Montbéliard (@FCSM_officiel) August 14, 2023
Si votre projet est validé, votre séjour à Sochaux pourrait s’étirer…
J’habite Brest. Je suis venu ici avec une valise assez remplie pour tenir un mois. Mais effectivement, si Sochaux est autorisé à évoluer en National, il va falloir que j’aille chercher d’autres affaires. Au début, je pensais que je pourrais rapidement laisser ma place, un fois le plan de sauvetage validé. Mais ce ne sera pas possible, j’aurai des obligations par rapport aux actionnaires, au staff, aux supporters, aux joueurs. Avec ma femme, qui m’a encouragé à me lancer dans ce projet, on s’arrangera pour s’organiser et garder nos animaux (rires)…
Nancy récupère le trône du National, Châteauroux reste lanterne rougePropos recueillis par Alexis Billebault