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Jean-Claude Giuntini : « Ils travaillent 3 heures par jour pour leur bac »

Propos recueillis par Martin Grimberghs, à Pomorie.
Jean-Claude Giuntini : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Ils travaillent 3 heures par jour pour leur bac<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Les U17 français ont rendez-vous avec leur histoire, contre l'Allemagne, en finale de l'Euro. Jean-Claude Giuntini, à la tête de cette génération 98, aussi. Interview avec cet homme de l'ombre, aux faux airs d'éduc', qui pèse sur le futur du foot français.

On vous retrouve en plein marathon médiatique après deux semaines plutôt calmes. Prendre la pose pour les photographes, c’est un exercice qui vous amuse ?

On va dire que ce n’est pas illogique non plus. Je veux dire, il faut que chacun fasse son boulot. Après, c’est important de respecter le cadre et la procédure. J’ai passé l’âge des poses et tout ça, mais bon voilà, il n’y a pas de jugements de valeur ou quoi que ce soit. Il faut être conscient que beaucoup d’autres disciplines nous envient cet engouement médiatique. Nous, on a la chance d’avoir les médias pour faire vivre les choses.

En revanche, vous n’avez pas de page Wikipedia. D’où venez-vous, Jean-Claude Giuntini ?

En football, j’étais un joueur moyen de deuxième division dans le Nord puis dans l’Est. À Boulogne-sur-Mer et Chaumont. Ensuite, j’ai entraîné pendant 17 ans dans le foot amateur. De la DH jusqu’en National avant de rentrer à la Fédération sur Lyon puis de monter sur Paris en tant que conseiller technique pendant 7 ans. J’ai participé à des sélections en tant qu’adjoint avec Francis Smerecki, Pierre Mankowski sur des Jeux de la Francophonie, des Jeux méditerranéens puis sur des Championnats d’Europe espoirs avec René Girard notamment.

Justement, quand on a l’habitude des jeunes, mais aussi des séjours prolongés en groupe à l’étranger on ne devient pas plus formateur qu’entraîneur ?

Les deux. C’est à la fois être le garant des règles qui ont été co-construites avec un groupe, mais c’est aussi un cheminement au niveau de la détection qui demande de construire des bases plus techniques au fil des tournois ou des matchs amicaux. Donc, c’est vraiment un peu des deux avec à chaque fois l’envie d’emmener un groupe le plus loin possible, que ce soit dans un championnat d’Europe ou une Coupe du monde. C’est à la fois un rôle de sélectionneur, mais également de formateur.

Quand on passe deux ans de « vie commune » avec un jeune groupe, est-ce que les règles évoluent en même temps que les jeunes passent de l’adolescence à l’âge adulte ou presque ?

Nécessairement, il y a une adaptation, une évolution sur le cadre général. L’objectif étant d’aller vers l’autonomie. L’autonomie sur la préparation invisible, l’autonomie également sur l’auto-analyse de leur performance, la capacité à avoir une attitude linéaire, constance et maîtrisée. Au cours d’un tournoi comme celui-ci, il y a aussi parfois des ajustements, parce qu’ils n’ont aujourd’hui que 17 ans. Il faut se rappeler ce que les jeunes qu’on a été souhaitaient à cet âge-là. Donc, c’est important d’être constamment attentif à leur offrir des moments de récupération collectifs, mais aussi individuels.

Et forcément des moments de détentes. Comment est-ce que ce groupe France passe le temps?

Ce qui est révélateur de l’état d’esprit de ce groupe, c’est qu’il y a eu des temps libres avec différentes possibilités de choix de visites, mais ils ont toujours souhaité rester sur site, ensemble. On les a sortis une fois ou deux pour aller à Burgas (la ville la plus proche, située à 20kilomètres de Pomorie, ndlr) histoire de marcher un peu et ça leur a fait plaisir, mais à un moment donné je pense qu’ils sont juste bien ensemble. C’est un groupe très agréable, qui vit bien et qui n’a pas de revendication. Ils sont centrés sur l’objectif. Quand on vit trois semaines ensemble et qu’il n’y a jamais eu un écart, je dis que c’est intéressant. Ça donne un côté paisible au groupe. À partir du moment où on définit les règles ensemble, ça facilite aussi les choses parce que celui qui y dérogera se mettra tout seul en marge du groupe. Après, nous on est là derrière pour sanctionner s’il le faut.
On fait 30 minutes à une heure d’accompagnement individuel quotidien pour ceux qui sont actuellement sur le bac blanc et la filière générale, en plus du travail à accomplir en chambre.

Au niveau de l’encadrement, on sait que les Allemands ont des professeurs et même des cuisiniers venus d’Allemagne avec eux. C’est aussi pro chez les Bleus ?

Chez nous, il y a un staff efficace, mais qui est moins nombreux que les Allemands. Les Allemands, ont un potentiel et sans doute une volonté différente. Nous, on a un certain nombre de personnes présentes tant pour l’accompagnement technique, médicale que scolaire. Indépendamment de l’aspect scolaire, on se centre aussi sur l’aspect éducatif parce que cela demande une attention particulière. En gros, cela représente 30 minutes à une heure d’accompagnement individuel quotidien pour ceux qui sont actuellement sur le bac blanc et la filière générale en plus du travail à accomplir en chambre. On va dire que pour ceux-là, cela peut représenter 3 heures de travail quotidien. L’objectif, c’est de stimuler nos jeunes, après ils restent autonomes. Ce n’est pas le cours magistral, mais c’est une méthode interactive qui fonctionne.

Depuis trois semaines, votre groupe est confronté au luxe d’un tournoi organisé par l’UEFA. Il n’y a pas un danger de croire qu’on est arrivé quand on bénéficie d’un tel encadrement ?

Il faut toujours maintenir leur rêve, parce que le rêve est moteur. Mais vous pouvez toujours, à un moment donné, parler de votre propre expérience parce l’expérience des uns sert aux autres. Vous pouvez avertir, prévenir, mais finalement les expériences construisent et c’est quand vous êtes en situation difficile que vous mesurez si vous pouvez vous en sortir ou non. Et je peux vous garantir qu’ils ne sont pas du tout animés par un esprit vacancier ou tentés par quoi que ce soit. On a vécu trois semaines extraordinaires en tant que vie de groupe. Mais on n’est pas surpris, parce que le premier critère de choix, il est très clair, c’est l’état d’esprit et la mentalité. Indépendamment des qualités de joueur. Après, la technique, les capacités athlétiques, l’intelligence de jeu, l’aptitude à répéter les efforts entrent évidemment aussi en jeu.

Vous êtes sans doute au courant de l’affaire concernant les tweets de 2012 des jeunes du PSG qui ressortent aujourd’hui ?

Non, pas du tout.

Dans ce cas, est-ce qu’à titre personnel, vous avez parlé avec votre groupe des dangers représentés par les réseaux sociaux ? Vous avez des règles claires quant à l’usage de ceux-ci ?

Pas de règles particulières et moi personnellement ça ne m’intéresse pas, mais on ne peut pas l’ignorer non plus. Aujourd’hui, on est sur une ère de communication avec une frénésie, une concurrence, une escalade même parce qu’à un moment donné il faut être celui qui est original. Je ne sais pas où ça va s’arrêter, mais le danger c’est de n’être plus trop dans la vraie vie, de ne plus rien maîtriser et d’inventer des choses. Aujourd’hui, les réseaux sociaux existent, aux joueurs d’y être attentifs, mais vous ne pourrez jamais empêcher un individu de mettre en pratique ce qu’il a dans le cerveau.

On imagine qu’il y a quand même des moments avec et sans téléphone ?

Les temps de repos, c’est incompatible avec la gestion du téléphone, c’est-à-dire qu’ils posent leur téléphone pendant la nuit, la sieste,…Au départ, on prenait les téléphones, maintenant on part du principe qu’ils sont autonomes et c’est sous la responsabilité du capitaine et du vice-capitaine. Mais la délégation et la confiance n’excluent pas le contrôle.
En prenant Luca Zidane, on savait qu’on ne prenait pas Luca Durant ou Luca Dupont.

Odsonne Édouard sera peut-être bien élu « Golden Player » , titre récompensant le meilleur joueur du tournoi et ainsi rejoindre la prestigieuse liste des joueurs déjà récompensés par ce titre ( Rooney, Fàbregas, Kroos, Götze, Ebecilio,…). Il s’en rend compte ?

Je n’en parle pas avec lui, mais j’apprécie ses prestations. D’autant plus parce qu’il a progressé dans des domaines intéressants, notamment sur sa participation au jeu. Il n’est pas axé uniquement sur la finition. La finition étant une de ses qualités. On a apprécié son évolution et sa prise de conscience sur la participation au jeu de préparation et de déséquilibre. Deuxième chose, il a aussi évolué dans ses tâches défensives et dans ses réactions en perte de balles.

Luca Zidane qui arrête trois penalties en demie, ce n’est pas du hasard. Vous aviez analysé la séance de penalty de la Belgique contre la Croatie ?

La vidéo est maintenant une source d’informations importantes, mais ce serait prétentieux et irrespectueux pour l’adversaire que de dire qu’on avait tout préparé, tout prévu. Il y a toujours l’aléa sportif, surtout dans une séance de tirs au but.

Et à ce titre, comment on fait pour gérer un talent, mais aussi un tempérament comme celui de Luca Zidane ?

En prenant Luca Zidane, on savait qu’on ne prenait pas Luca Durant ou Luca Dupont. On savait donc aussi qu’il pourrait y avoir un emballement légitime selon ses performances. Ça a été géré au départ, ça a été réfléchi et il y a des garanties qui ont été prises pour, justement, lui garantir un espace tranquille et feutré pour qu’il puisse se préparer normalement, comme n’importe quel autre joueur.

Vous parlez de garantie, qu’est-ce que cela veut dire au juste ?

La maîtrise médiatique, la maîtrise des sollicitations parce que beaucoup de gens ont demandé Luca et je trouve ça tout à fait légitime en tant que média. Après, la première chose, c’est qu’il s’agit d’une question de mesure. La deuxième, c’est que comme à l’intérieur du groupe c’est un garçon fantastique, très bien éduqué et considéré par ses partenaires comme n’importe quel autre joueur, il faut pouvoir veiller à conserver cet équilibre-là. Il était important qu’on soit vigilant par respect pour lui, le groupe des joueurs et le staff.

Et ce penalty contre la Belgique, c’était prévu qu’il soit dans la liste des cinq ?

Je ne ferai aucun commentaire sur la préparation des tirs au but.

Et sur la Panenka en elle-même ?

C’est un geste technique qu’il a tenté, il ne l’a pas réussi. Je retiens le fait qu’il a arrêté trois tirs au but, rien d’autre. Dans son poste de gardien de but, il a été très performant et a qualifié l’équipe dans cet exercice-là.

Justement, elle était particulière cette séance de tirs au but. Sept penalties manqués sur 10, c’est énorme ?

Faut se mettre à la place des joueurs. Sur le plan émotionnel, l’incidence que peut avoir une séance de tirs au but à 17 ans, ce n’est pas rien. Et puis, il y a aussi la dépense énergétique. Avec une chaleur telle qu’il pouvait y avoir, on peut comprendre qu’ils puissent manquer un peu de carburants et qu’ils soient envahis par l’émotion.
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Propos recueillis par Martin Grimberghs, à Pomorie.

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