- Walking football
- Équipe de France
« Je vous assure qu’à la fin d’un match de walking foot, on est crevé »
Du football en marchant, sans contact, et avec des règles variables : en grossissant le trait, voici ce qu'est le walking football, la nouvelle discipline tendance chez les seniors. Découverte de ce sport décrit comme ludique, convivial, et à base de football avec Pascal Truillet, cadre commercial dans la protection des plantes en préretraite et capitaine de l'équipe de France des plus de 60 ans.
Posons les bases : walking foot ou foot en marchant ?
Foot en marchant, restons français !
Qu’est-ce qui fait la singularité du foot en marchant ?
Ce qui est intéressant dans cette discipline relativement nouvelle en France, c’est que ça permet à des gens qui ont un certain âge et qui ont des difficultés à pratiquer le football de continuer à jouer, de prendre du plaisir et de se maintenir en forme en pratiquant cette version du foot.
Vous avez eu en quelque sorte une exposition internationale les 21 et 22 mai, avec un tournoi au Pays basque…
Déjà, c’était très, très bien organisé par la sélection basque qui nous recevait à Bilbao. Et pour les équipes de France, c’était la première sortie officielle en plus de 50 et en plus de 60 ans. On s’est aperçus qu’on avait un petit peu de chemin à parcourir pour se mettre au niveau des nations qu’on a rencontrées. De ce point de vue, c’était très formateur. On a vu que nos amis anglais, qui ont créé cette discipline, avaient encore quelques longueurs d’avance sur nous, tant au niveau technique que physique, que de l’organisation sur le terrain (défaite 1-13)… Malgré tout, la confrontation qu’on a eue le deuxième jour face aux Italiens nous permet d’avoir un petit peu d’espoir, puisqu’on a réussi à accrocher le match nul avec un dispositif beaucoup plus sérieux, même si après, on a perdu aux tirs au but. On a du chemin à parcourir, mais ce n’était finalement pas si mal.
En progression, du coup !
Oui ! Le deuxième match nous a fait reprendre confiance et nous a donné des perspectives intéressantes pour l’avenir.
Justement, comment faire pour que ce sport devienne populaire à long terme ?
Je pense que ça partira des clubs et des instances dirigeantes du football dans les départements, des districts notamment, qui doivent mettre en place des animations autour de cette nouvelle pratique. C’est ça qui fera que la discipline se développera ou pas. Moi, j’ai la chance d’habiter en Charente-Maritime, où beaucoup d’Anglais habitent et ont lancé la pratique du foot en marchant. On a aussi un district qui s’est impliqué et qui a mis en place cette année un championnat, où une dizaine d’équipes se rencontrent à travers des plateaux environ une fois par mois. Ça commence à prendre de l’ampleur, à se développer.
En parallèle, avez-vous l’impression qu’un public se développe autour de la discipline ?
Je vais être tout à fait clair : il n’y a personne qui vient nous voir jouer, hormis les familles. Souvent les épouses, parfois les enfants. Mais je pense que l’intérêt du walking football, c’est surtout la pratique. Ce n’est pas hyper spectaculaire à regarder, mais c’est très ludique à pratiquer. C’est vraiment les bases du football : on passe, on se démarque. Il faut toujours bouger, on est continuellement en mouvement. Et si les matchs ne durent pas très longtemps – c’est variable, parfois 2×10 ou 2×12 minutes –, je vous assure qu’à la fin, quand on sort, on est crevés ! On n’en peut plus !
Vous auriez quand même un joli but que vous avez marqué à nous décrire ?
Généralement, les plus jolis buts, ce sont les plus collectifs. Le ballon est récupéré derrière avec 3-4 passes, des démarquages successifs et puis, soit une passe en retrait, soit un joli tir au ras du poteau ou en lucarne, ou une feinte de tir pour mettre une pichenette au-dessus du gardien qui s’était couché… Je n’ai pas de but en particulier, mais ce que j’apprécie beaucoup, c’est quand tout le monde touche le ballon, que chacun participe et qu’on arrive à marquer à la fin.
Yohann Diniz ferait-il un bon joueur de foot en marchant ?
Oui, parce qu’il respecterait les règles, ce qui n’est pas toujours le cas de tout le monde. En tout cas, il serait très rapide. Je vais vous raconter une anecdote : l’année dernière, avec mon club, on est allés faire un tournoi dans la région rennaise. On a eu la chance de rencontrer d’anciens joueurs professionnels de 55 à 70 ans du Stade rennais, qui avaient monté une équipe. Ce qui est intéressant, c’est qu’on avait en face de nous des joueurs de haut niveau, mais on a fait jeu égal parce qu’il n’y a plus cette différence physique qui existe, surtout quand on est senior. On peut jouer contre des anciens joueurs de haut niveau et les battre, puisqu’on les a battus 2–0.
On ne se trompe pas, si on postule que ce sport est ultra fair-play ?
Non, non ! C’est très, très fair-play. D’abord, il est interdit d’avoir des contacts physiques. Dès qu’il y en a un, l’arbitre siffle faute. C’est très convivial, et de ce point de vue, ça peut servir de modèle dans les écoles de football pour les enfants, parce qu’il y a un grand respect entre les différentes équipes.
À ceux qui se demandent encore ce qu’est le Vrai Foot Day, voilà ce que leur répondent les U12 et les U72 de Limoges Football avec leur match des générations autour d’une partie de walking foot. Score final? 6⃣-6⃣La relève est en marche ! (Vous l’avez ?) pic.twitter.com/pZymtmmVSn
— Vrai Foot Day (@DayVrai) October 16, 2020
Propos recueillis par Clément Barbier