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Je suis Matthijs de Ligt, un mélange de douleurs

Par Adrien Candau
3 minutes
Je suis Matthijs de Ligt, un mélange de douleurs

Défenseur de la plus cher de l'histoire de la Juventus, le Néerlandais incarne un peu à lui seul les carences défensives de la Vieille Dame version Maurizio Sarri, comme en atteste sa nouvelle prestation décevante face à l'Atlético mercredi soir. Résultat ? La Juve propose pour l'instant un cocktail de défenseurs aux qualités alléchantes, mais dont le brassage accouche encore d'une petite bière de piètre qualité. Rien de définitif ni de dramatique pour le club piémontais, qui va cependant devoir apprendre un jour comment lever le pont-levis sans son cerbère habituel, Giorgio Chiellini.

C’est une question qui doit traîner dans le crâne de Maurizio Sarri ce jeudi. Le verre est-il à moitié plein, ou à moitié vide ? Si faire 2-2 au Wanda Metropolitano ressemble a priori à une bonne performance pour sa Juventus, le scénario du match, qui a d’abord vu les Bianconeri mener 2-0, suggère le contraire. La Juventus, qui avait la patte sur le match à la 70e minute de jeu, a donc concédé le nul en fin de rencontre. Vous avez dit bizarre ? Oui, car cette équipe-là n’est pas habituée à ces scénarios-ci. Non, parce qu’elle démontre finalement une fois de plus que son rideau de fer défensif laisse beaucoup plus d’ouvertures quand Giorgio Chiellini, blessé, n’est pas là pour fermer la boutique. Et ce n’est pas Leonardo Bonucci, ni Matthijs de Ligt qui se sont pour l’instant employés à démontrer le contraire.

L’Orange stressée

Le diagnostic est simple : la Juve a rencontré deux équipes de dimension européenne cette saison. Et elle a pris 5 buts. Trois contre Naples. Deux contre l’Atlético. Comment ? Quatre fois sur phases arrêtées. Avec un Bonucci souvent fautif, trop spectateur dans sa surface. Mais aussi un De Ligt encore plus passif. Comme tétanisé par son nouvel environnement. Face à Naples, il n’était au marquage de personne sur le but de Manolas, complètement à la ramasse sur celui de Lozano, puis en retard sur Di Lorenzo, qui égalisait alors à 3-3 pour les Azzurri.

Le souci, c’est que De Ligt n’a pas été franchement plus rassurant face à l’Atlético. Sur le premier pion de Savić, il ne surveille personne. Pareil sur celui d’Héctor Herrera : le Batave regarde, planté sur ses appuis, subissant les courses des attaquants adverses au lieu de leur dicter le tempo, attendant les duels au lieu d’aller les chercher pour remporter préventivement les batailles à venir. Alors, où est passé le flamboyant défenseur de la saison dernière ? Nulle part, sans doute. Le De Ligt de l’Ajax, celui qui défend en avançant, prend des risques dans la relance, annihile les offensives adverses avant qu’elles ne prennent un tour déplaisant, est toujours là, quelque part. Mais il est pour l’heure comme coincé, paralysé, comme en atteste aussi son manque d’initiatives offensives et de passes verticales pour ses milieux de terrain.

Croissance accélérée

Normal, à 20 ans, quand on débarque dans un club comme la Juve moyennant 70 millions de briques, de ne pas tout de suite être maître de tous ses moyens. Ce qui n’empêche pas d’émettre quelques embryons de doute. Notamment sur la complémentarité du Néerlandais avec Bonucci, qui, comme lui, appartient à cette catégorie de défenseurs propres, techniques, à l’aise dans l’anticipation, mais pas toujours impériaux dans les duels et l’art ancestral du marquage à la culotte. De fait, plus que l’addition de deux individualités, une grande charnière centrale, c’est souvent une alchimie réussie entre deux talents qui se complètent, un yin et un yang qui s’entremêlent harmonieusement. Chellini-Bonucci, en somme.

Alors, comment faire sans Giorgio ? Difficile à dire, mais Maurizio Sarri va devoir trouver la réponse. Sans doute lui faudra-t-il d’abord débloquer mentalement De Ligt. Voire ensuite faire comprendre, soit au Néerlandais, soit à Bonucci, qu’il faudra bien quelqu’un pour endosser le costard de chien de garde derrière, et se salir le short pour le bien du collectif. En attendant, ce sont les paroles de Giorgio Chellini, interrogé sur la venue de De Ligt à la Juve cet été, qui résonnent encore dans les couloirs de l’Allianz Stadium : « Il peut devenir un grand joueur dans les années à venir. » Sauf qu’avec la longue blessure du stoppeur italien, Matthijs de Ligt n’a plus le temps d’attendre des années. Et va devoir prouver qu’il peut devenir grand, tout de suite, maintenant.

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