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Je suis le seul Français à ne pas avoir d’ancêtre italien

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Je suis le seul Français à ne pas avoir d’ancêtre italien

Il a choisi de vivre coupé d’une partie de la France, en marge de la société et seul contre tous. SO FOOT a rencontré un homme – qui tient à rester anonyme pour des raisons de sécurité évidentes – qui est à ce jour la seule personne dans notre pays qui ne s'est pas découvert de racines italiennes lors de cet Euro. On vous prévient : son témoignage, qu’on vous livre in extenso, est aussi touchant qu'inexplicable.

« James Franco dans 127 Heures. Tom Hanks dans Seul au monde. Sandra Bullock dans Gravity. Matt Damon dans Seul sur Mars. Tous ces acteurs ont exploré jusqu’au plus haut degré le concept de solitude, mais ils ne ressentiront certainement jamais la moitié de ce que j’ai pu vivre vendredi soir. Le cœur encore meurtri à cause de Mario Gavranović, Yann Sommer, Granit Xhaka et leur bande, je pensais avec naïveté que dans l’Hexagone, l’excitation liée à cet Euro allait tranquillement s’estomper et que la France du foot allait pouvoir faire son deuil avant de retrouver la ritournelle des Bordeaux-Angers et des Lorient-Nantes. Et puis, le choc : entre 21 heures et 23 heures, j’ai senti le pays vibrer et ai donc jeté un œil sur l’écran du bar dans lequel je pensais juste pouvoir tranquillement fêter le début du week-end. J’aurais dû m’en douter : Italie-Belgique et démonstration des Azzurri qui filent vers le dernier carré.

Embrassades sur chaque but, maquillage vert-blanc-rouge apparaissant sur les joues, maillots Verratti qui défilent, klaxons dans les rues… J’ai senti que j’étais en train de vivre ce moment que je redoutais tant. Alors j’ai craqué. En m’adressant aux quatre gus autour de moi qui s’extasiaient depuis bientôt trente minutes sur la « spéciale » de Lorenzo Insigne (un simple enroulé dans le petit filet, oui), j’ai lâché les chevaux : « COMMENT VOUS FAITES POUR SUPPORTER L’ITALIE, CE SONT NOS ENNEMIS ! » C’est alors que je me suis rendu compte que la situation était plus grave que je ne le pensais. J’avais ouvert la brèche. « Mais c’est la famille, qu’est-ce que tu racontes ? » ; « Comment ça, tu n’es pas fan de Nicolò Barella ? Mais tu aimes le football ? » Depuis 2012, j’avais eu le temps d’oublier ce sentiment de solitude qui naît lorsque la Squadra Azzurra brille dans une grande compétition. Mais cet été, impossible d’y échapper.

Il y a mon collègue qui n’a jamais traversé le tunnel du Mont-Blanc, mais s’est mis à parler avec les mains et à ne pas prononcer le dernier i de « Chiellini » depuis qu’il a appris que son père avait effectué un an et demi en Erasmus à Bologne. Mon beau-frère qui s’est rendu compte que ses ancêtres corses étaient en fait sardes, et écoute maintenant du Umberto Tozzi en boucle en répétant à tout le monde que Jorginho est le joueur le plus sous-coté de cet Euro. Ou encore le patron de mon bar habituel qui avait craqué il y a quelques mois sur le maillot vert italien et argumente maintenant que c’était un cadeau de son oncle de Toscane. C’était déjà la même chanson en 2006 lorsque, après avoir vu le vent tourner à cause de Marco Materazzi et Fabio Grosso, quelques-uns de mes potes avaient préféré se trouver deux ou trois pour cent d’ADN transalpin durant l’été plutôt que d’affronter la réalité en face. Mais cette fois-ci, cela a pris des proportions sans précédent, et c’est tout seul que je m’apprête à vivre – ou pas – la fin de ce championnat d’Europe pendant que mon pays transpirera pour Gianluigi Donnarumma, Federico Chiesa et consorts. J’étais pourtant prévenu : la hype interistade cette saison m’avait fait comprendre que je risquais de me sentir isolé en juin et juillet.

Évidemment, comme toute personne dotée d’un cœur fonctionnel, j’adore Andrea Pirlo, j’admire Francesco Totti et l’évocation du nom de Roberto Baggio me donnera toujours des papillons dans le ventre. Mais j’ai eu beau fouiller dans mon arbre généalogique, éplucher mes albums de famille ou me perdre sur « geopatronyme.com », c’est peine perdue : je n’ai rien d’italien et suis donc condamné à regarder le monde tourner sans moi. Je ne peux pas me cacher : j’adore Pizza Hut, je prononce à la française « Juventus de Turin » , je coupe mes spaghetti avant même de les tremper dans l’eau bouillante, je pensais que Leonardo Spinazzola était un philosophe néerlandais et je mets une bonne dose de crème fraîche lorsque je prépare des carbo. Ça ne vaut même pas la peine d’essayer de me faire passer pour un ressortissant de la Botte en capitalisant sur mon voyage scolaire à Rome, il y a une éternité avec ma 4e2. D’ailleurs, celui-ci ne m’avait pas marqué. Contrairement à la visite que j’avais faite à mon arrière-grand-mère danoise, Lærke, à Hørsholm à l’été 2008… »

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Totò Schillaci, pour une nuit éternelle
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Ceci est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite.

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