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Je suis Corchia et je le reste…
Un France-Italie, ce n'est jamais quelque chose de banal. À l'heure d'affronter la Nazionale, c'est ce que doivent se dire les Bleus. Surtout Sébastien Corchia, sur le point d'honorer sa première cape face au pays de sa mère.
« Effectivement, j’ai la double nationalité. Mais je n’ai jamais douté, j’ai joué pour les sélections de jeunes avec la France. Mon objectif, c’est de jouer au plus haut niveau avec l’équipe de France. Je suis très heureux, j’ai envie de rester. J’ai pas mal de souvenirs de matchs entre la France et l’Italie. L’Euro, la Coupe du monde… c’est toujours de gros matchs, ce sera spécial. » Aujourd’hui, lorsqu’il s’exprime en conférence de presse à la veille de sa première sélection, Sébastien Corchia n’émet plus le moindre doute. Parce qu’à bientôt vingt-six ans, il a enfin réussi à convaincre Didier Deschamps de le convoquer. Pourtant, la relation du Lillois avec la sélection italienne n’a pas toujours été aussi claire.
Tiramisu, Ramazotti et Juventus
En effet, avec un père français et une mère italienne, Sébastien Corchia possède la double nationalité et parle parfaitement italien. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le natif de Noisy-le-Sec laisse s’exprimer la part transalpine qui est en lui. Lors d’une interview décalée organisée par le club de Sochaux lorsqu’il était en Franche-Comté, il révèle que ses plats préférés sont le tiramisu et le risotto à la milanaise, qu’il ne mange que des pâtes et qu’il écoute du Eros Ramazzotti. Un cliché ambulant. « On sentait qu’il était très attaché à ses origines. Il en jouait un peu, il rigolait avec ça. Et nous, on le chambrait sur son côté « italien » » , se souvient Édouard Butin, son ancien coéquipier à Sochaux. « Il retournait quasiment toujours en Italie pour les vacances. Il avait encore de la famille là-bas » , explique l’actuel attaquant de Valenciennes.
Et surtout, depuis toujours, Corchia est fan de football italien. « Il suivait beaucoup la Serie A et les performances de la Squadra. Il supportait la Juventus avec ferveur » , se remémore Édouard Butin. Car même si sa mère est née à Milan, le latéral droit noue une histoire d’amour avec la Vieille Dame, qui lui a également fait les yeux doux fut un temps. C’était 2008, lorsqu’il avait à peine dix-huit ans et apprenait son métier au Mans. Même s’il accorde beaucoup d’importance à ses racines, Sébastien Corchia ne se pose pas encore la question du pays qu’il représentera plus tard. Car tout se passe bien en France. Depuis les U17, il est de toutes les sélections de jeunes, dont il est parfois le capitaine. Le 27 août 2009, Erick Mombaerts le sélectionne même chez les Espoirs à seulement dix-huit ans. Parce qu’il était précoce, certes, mais aussi pour contrer les intentions de la Fédération italienne qui gardait un œil sur lui.
Le doute l’année dernière
Pourtant, en 2012, après trois ans avec les Espoirs, il émet ses premiers doutes. Rien de bien réfléchi, mais il ne ferme pas complètement la porte à l’Italie. « Pour l’instant, il n’y a pas de choix à faire, car ma priorité reste l’équipe de France A. Mais, dans le foot, on ne sait jamais. Si c’est bouché avec les Bleus, il faudra alors étudier cette possibilité » , déclare-t-il en février, juste avant d’affronter l’Italie Espoirs. Et comme il l’avait pressenti, son avenir avec les Bleus s’obscurcit. Souvent cité lorsqu’on parle des meilleurs défenseurs droits français, il n’est pourtant jamais convoqué par Didier Deschamps. Sagna, Jallet, Debuchy et même son coéquipier Sidibé (réserviste pendant l’Euro) lui sont préférés. Si bien qu’en mai 2015, le joueur lillois se laisse aller dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport.
Sentant qu’il ne participera pas à l’Euro, il confirme qu’en cas de coup de fil d’Antonio Conte, il « pourrait y songer sérieusement » , tout en précisant bien qu’il n’avait encore jamais eu de contact avec la Nazionale. « Quand il était sélectionné avec les Espoirs, je le sentais super heureux et fier de porter le maillot de l’équipe de France. C’était même lui le capitaine, ça ne faisait pas de doute. Je pense qu’il a dit ça l’année dernière un peu sous le coup de la frustration. Il a toujours privilégié la France » , assure Édouard Butin. Et il a bien fait. Ce soir, dans les vestiaires du Stadio Comunale San Nicola de Bari, lorsqu’il branchera son Beats by Dre pour se préparer à revêtir une éventuelle première cape bleue, Sébastien Corchia risque de vivre un moment particulier. Et dans ces moments-là, Eros Ramazzotti peut faire beaucoup de mal.
Par Kevin Charnay