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« Je pense encore pouvoir être convoqué pour la Seleção… »

Propos recueillis par Romain Duchâteau
9 minutes
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Il a certes quitté l’Hexagone depuis trois ans, mais l’empreinte d’Anderson Luis de Carvalho dit Nenê reste. Parce qu’à Monaco et au PSG, son physique malingre, son fameux écarteur de narines, ses petits dribbles, ses semelles et sa délicieuse patte gauche n’ont laissé personne indifférent. Revenu au pays en août 2015, à Vasco da Gama, le Brésilien a accepté de revenir, dans cette deuxième partie, sur ses années françaises et ses envies de Seleção.

En 2007, tu découvres un nouveau type de football avec la Ligue 1. Comme tu le dis toi-même, tes débuts ont été poussifs à Monaco, notamment à cause de relations houleuses avec l’entraîneur Ricardo…Ce n’était pas compliqué, mais… (il réfléchit). Pour moi, au début, le plus difficile a été la langue. C’était compliqué parce que je ne parlais pas le français. Puis Monaco ne jouait pas au ballon comme Paris, Lyon, Marseille ou Lille. C’était trop physique. C’était différent. Tu cours beaucoup sans avoir le ballon, et moi, je n’aimais pas trop ça. Pour le coach, c’était quelque chose de normal. Mais pour moi, ce n’était pas bien. C’est comme ça… C’est pour ça que je suis retourné en Espagne en prêt, à l’Espanyol Barcelone. Juste pour ça. Parce que le football était trop physique pour moi. Quand Guy Lacombe est arrivé, là, l’équipe jouait mieux. Et c’est bizarre parce que Ricardo est un Brésilien ! Lacombe m’avait dit : « J’ai besoin de toi. Avec moi, tu vas jouer tout le temps et on va changer de style. » C’était vrai. J’ai marqué plein de buts (14 buts en 34 matchs de L1, ndlr), même si j’avais déjà été bon lors de ma première année malgré une période d’adaptation difficile. J’avais de bonnes stats quand même (5 buts et 9 passes décisives en 28 matchs, ndlr) ! Ce n’était pas l’explosion comme lors de ma deuxième année ou à Paris, mais c’était déjà bien.


Mais en France, on se souvient surtout de toi pour ton passage de deux ans et demi au PSG. Est-ce que tu estimes que c’est dans la capitale que tu as connu les plus belles années de ta carrière ?Je le pense, oui. Après deux années en France, je m’étais adapté. J’avais une confiance énorme. L’équipe de Paris n’était pas très bien quand je suis arrivé. J’aimais bien avoir cette responsabilité de devoir aider l’équipe à viser plus haut. Tout le club m’a aussi aidé, que ce soit le staff ou les joueurs. Je pense ce sont les deux meilleures années de ma carrière (Nenê a été deux fois dans l’équipe type L1 et a reçu le trophée du joueur étranger de l’année de Ligue 1 en 2010, ndlr). Même si aujourd’hui, à trente-quatre ans, je me sens bien. Je suis régulier, je joue tous les matchs, je donne des passes et marque des buts.

Même si je ne suis pas convoqué pour la Seleção, juste le fait que la presse et la télévision en parlent, ça me fait plaisir.

À Paris, il y a toujours eu une tradition de joueurs brésiliens avec Raí, Valdo et Ronaldinho. Quand tu arrives, il y a eu avant toi une flopée de déceptions successives (André Luiz, Reinaldo, Paulo Cesar, Souza et Everton). As-tu ressenti une attente particulière autour de toi ? Oui, je sentais, comment dire… Pas forcément de la pression, parce que j’aime bien ça. Mais plutôt de l’affection, de l’attention de la part des supporters avec les joueurs brésiliens. Je pouvais sentir leur amour avec les Brésiliens. Je sentais qu’ils aimaient les joueurs qui honoraient le maillot, les dribbles, le spectacle. Je pense qu’ils gardent ça en mémoire des joueurs brésiliens passés au club. Avec Ronaldinho, Valdo ou encore Raí. Je sentais vraiment cette chose spéciale avec les Brésiliens. Pour moi, c’était très bien. Et c’était aussi une force en plus pour moi.

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Peu à peu, tu as moins joué, au profit des nouvelles recrues comme Lucas, Pastore ou encore Lavezzi, et ton départ a été inéluctable. À l’époque, Leonardo, directeur sportif du club, avait annoncé que tu « n’étai(s) pas le futur du PSG » . Ça t’a blessé, ce genre de commentaire ? Non, pas blessé, mais… Je n’étais pas d’accord avec ça. Pour moi, ce n’était pas la vérité. Je pouvais continuer et faire partie du futur avec les autres joueurs, terminer mon histoire avec ce club. Mais le football est comme ça… Il y a du changement, les dirigeants ont changé beaucoup de choses. Je peux le comprendre. Je n’avais plus confiance pour continuer. Si je n’avais pas la confiance de la part de la direction, je ne pouvais pas. Dans ma tête, ce n’était pas possible. Je ne pouvais pas rester sur le banc. J’ai appris de cela. C’est vrai que c’est un peu décevant. Avec tout ce que j’avais fait pour le club… Je pense que j’aurais mérité plus de confiance, un autre contrat, mais ils voulaient attendre un peu. Et quand Leonardo a parlé de moi comme ça… Je ne pensais pas qu’il avait pu dire ça de moi, je pensais que c’était quelque chose de général à propos de l’équipe. Il avait son avis, même si je n’étais pas d’accord. Je n’ai rien contre lui, je le respecte. C’est un grand professionnel qui faisait son travail.

Comme tu as passé plus de cinq ans en France, quel rapport entretiens-tu avec notre pays ?J’adore la France, c’est comme ma deuxième maison. En plus, j’ai eu la chance d’habiter dans deux superbes villes : Paris et Monaco, même si ce n’est pas vraiment en France. J’adore la culture, l’éducation des enfants, des gens en général qui sont toujours très corrects. La nourriture, aussi. À Paris, il y a de très très bons restaurants. Pour moi, la cuisine française, c’est la meilleure au monde. Puis j’aime toujours apprendre des choses différentes. Le français est une belle langue. Même si je suis au Brésil désormais, je me sens toujours proche de la France…

Souvent, en France, on a évoqué ton tempérament fougueux. Guy Lacombe disait de toi que tu avais parfois « des pulsions difficilement maîtrisables, mais sans l’ombre d’une méchanceté » . Toi, tu te définis comme quelqu’un qui s’emporte vite et vit sa passion à fond. Tu penses que ce trait de caractère a pu te desservir dans ton parcours ? Je pense que c’est à cause de mon caractère. Je veux tout le temps gagner. Parfois, ça m’a aidé. Parfois non. Comme quand il m’est arrivé de faire la tête sur le banc parce que je ne jouais pas. Mais avec le temps, j’ai appris de ça. C’est quelque chose de normal et qui nous fait progresser dans la vie. Je sais que je devais grandir à cause de mon caractère. Si je suis arrivé où j’en suis, c’est parce que j’ai appris de mes erreurs. J’ai pris conscience qu’il fallait que je sois plus équilibré, car j’avais tendance à trop m’énerver pour rien. Comme ça avait pu être le cas une ou deux fois à Paris. Je suis davantage patient aujourd’hui. Mais c’est normal hein, personne n’est parfait. Puis, dans un groupe, il faut également des joueurs avec de la personnalité pour faire les choses bien. C’est nécessaire par moment.

De 2013 à 2015, tu as évolué pour Al-Gharafa. Le Qatar, ce n’est pas franchement un championnat reconnu pour son niveau et sa ferveur…Non, ce n’est pas terrible du tout (rires). Après, c’était une nouvelle culture à apprendre, c’était une bonne chose pour moi. Si je suis parti là-bas, c’est plus pour le côté financier. C’est la vérité. Notre carrière est courte. Donc il faut qu’on pense à l’après aussi, à la famille. Pour certains joueurs, leur carrière se termine à trente-quatre ans. C’est fini pour eux. Et il y a en beaucoup. Mais, à un moment, je pense que tu as besoin d’avoir un stade plein, de sentir de l’ambiance, de retrouver la compétition. Car c’est ça qu’on aime dans le football. Pas seulement les beaux terrains et faire des dribbles. Tout ce qu’il y a autour, en fait.

Tu as retrouvé ça lors de ton passage éphémère à West Ham (février-août 2015). Même si tu as peu joué (seulement 8 apparitions en Premier League), tu retiens quoi de cette expérience ? Contrairement à Paris, j’ai accepté mon statut. Si je dois rentrer, je rentre. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave. J’étais là pour faire mon travail de la meilleure façon possible. C’est une culture que j’apprécie. Je parlais un peu anglais, mais j’ai vraiment appris là-bas. Surtout, l’ambiance y est magnifique, et j’avais besoin de ça après mon expérience au Qatar. Les supporters sont chaleureux et vraiment passionnés.

Depuis l’été dernier, tu es revenu au pays, à Vasco da Gama. Et si le club a été relégué en Serie B au terme de la saison, tu as été élu meilleur joueur du championnat. Preuve qu’à 34 ans, tu en as encore sous la semelle…J’étais allé à West Ham pour me préparer à revenir au haut niveau, que ce soit en France ou au Brésil. Puis j’ai pris la décision finale de rentrer au Brésil. J’ai pu retrouver mon niveau, notamment physiquement, et prendre du plaisir, même si la saison a été difficile pour mon club. Être élu meilleur joueur du championnat, ce n’est vraiment pas rien (rires). J’ai évolué dans une équipe dont la situation a été difficile, qui est descendu et j’ai seulement joué la deuxième moitié de la saison. Alors pouvoir recevoir cette récompense et cette reconnaissance du public, ça m’a vraiment honoré. Ça a permis de prouver que j’avais encore le niveau, l’ambition de bien jouer, de courir. Je ne suis pas venu ici pour « voler » , comme le dit une expression ici. Certaines personnes disent que des joueurs reviennent au pays pour seulement prendre de l’argent et jouer un match sur deux. Moi non, j’ai montré que je voulais encore jouer au plus haut niveau. D’ailleurs, les gens parlent de moi en sélection nationale. Et c’est déjà une joie énorme pour moi qui ai trente-quatre ans…

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Justement, tu as connu les Espoirs brésiliens et la sélection auriverde aux JO, mais tu n’as jamais eu la chance de revêtir le maillot de la Seleção. Ça reste ton plus grand regret ? Je pense que je peux encore avoir la chance d’être convoqué. Quand il y a eu le dernier match contre la France, le sélectionneur du Brésil avait parlé de moi. Beaucoup de monde pensait que j’allais être sélectionné. Ça m’avait déçu à l’époque. Après, à mon époque, il y avait énormément de joueurs. Ronaldinho, Kaká et encore plein d’autres qui marchaient bien à des postes similaires au mien. J’ai donc la tête tranquille parce qu’il y avait une concurrence énorme. Quand j’étais à Paris, la presse parlait beaucoup de moi, même si ce n’était pas un club du top européen, mais… Je n’ai pas de regrets, car ce n’est pas de ma faute. J’ai tout fait pour que cela arrive. Mais regarde, maintenant, ça peut peut-être se produire. Qui aurait pu penser cela ? Même pas moi ! J’ai trente-quatre ans, je suis rentré au pays et j’ai une carrière solide. Personne ne pouvait penser cela. Même si ça n’arrive pas, juste le fait que la presse et la télévision en parlent, ça me fait plaisir.

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