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« Je pensais signer dans un grand club en France »

Propos recueillis par Aymeric Le Gall
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Révélé sous le maillot de Caen avant de rejoindre l'Arabie saoudite à seulement 24 piges, Youssef El Arabi est devenu aujourd'hui le meilleur buteur de l'histoire de Grenade.

Qu’est-ce que ça fait de devenir le meilleur buteur de l’histoire du club de Grenade ?Ça fait plaisir, tout simplement. Surtout que ça fait un petit moment que je suis dans ce club, c’est une vraie fierté. Ça fait d’autant plus plaisir de marquer un but historique quand il y a la victoire à l’extérieur au bout. On était derniers de Liga avant ce match contre la Corogne, et ce succès nous a permis de sortir un peu la tête de l’eau.

Comment tu vis cette saison avec Grenade, en sachant que tu n’étais plus titulaire indiscutable avant l’arrivée de votre nouveau coach ?C’est un peu difficile, on ne va pas se mentir. La saison passée, on s’est sauvés lors de la dernière journée avec l’ancien entraîneur et on a poursuivi sur cette lancée en début de saison, mais par la suite, on a enchaîné les défaites. L’entraîneur s’est retrouvé sur la sellette, il essayait un peu toutes les solutions pour retrouver le chemin de la victoire, il faisait des changements devant, au milieu, un peu partout en fait, et c’est vrai qu’on n’avait jamais la même compo’ d’équipe. Au final, on faisait de bons matchs, mais on ne prenait pas de points, et du coup, le coach a fini par se faire virer.

Ça fait quatre ans que t’es à Grenade et quatre ans que tu joues le maintien. C’est pas un peu usant à la longue ?Ah ben si, clairement. Je vais te dire les choses : c’est vraiment usant aussi bien mentalement que physiquement. En plus, on est dans un club qui appartient à la famille Pozzo, de l’Udinese, et on pensait qu’ils allaient monter une grosse équipe pour cette année, mais voilà… on joue encore le maintien, et c’est vrai que c’est usant. Mais bon, on va faire le maximum pour se sauver le plus rapidement possible.

Comment tu juges tes performances sur le plan individuel ?Ça va, je voulais passer la barre des 10 buts, et je suis arrivé à 10. Et mentalement, je serai encore mieux quand on arrivera à vraiment se sortir de la zone rouge. Jusqu’ici, on fait surtout en sorte de ne pas prendre de buts et de ne pas perdre, ce qui fait que tu joues de façon moins libérée.

Ici, l’huile d’olive, ils t’en mettent à toutes les sauces : matin, midi et soir.

Comment se passe la vie pour toi, hors des terrains, en Andalousie ? C’est plutôt un cadre sympa pour bosser, non ?Ouais, franchement, concernant la qualité de vie, il n’y a rien à dire. Surtout à Grenade, qui est une très belle ville. C’est une ville étudiante, il fait super beau, il y a la montagne, de superbes monuments, on ressent vraiment les influences de la culture arabe. Et puis je suis proche du Maroc, ce qui est très pratique pour moi, pour aller voir ma famille quand j’ai des jours de repos.

Tu t’es bien acclimaté à la culture espagnole ?Franchement ouais. Au début, ça a été un peu difficile de s’y faire, mais on prend vite les mêmes habitudes que les Andalous. Et puis, c’est un peu la même culture que chez nous, les Arabes, donc je n’ai pas eu de problèmes pour me fondre dans la masse. Et comme Grenade est une ville multiculturelle, t’arrives forcément à t’y faire.

Et l’huile d’olive, elle coule à flots chez toi aussi ?Ah bah oui, l’huile d’olive, t’es obligé de t’y mettre direct (rires) ! De toute façon, que tu le veuilles ou non, t’as pas le choix, ils t’en mettent à toutes les sauces, matin, midi et soir.

Avec tes quatre années d’expérience, quel regard portes-tu sur la Liga ?J’ai toujours adoré ce football. Depuis tout petit, je kiffe la Liga, t’as les meilleurs joueurs du monde, c’est très technique, ça joue super bien au ballon. C’est carrément différent de ce qu’on peut connaître en France. Moi qui ai joué en L2 et en L1, j’ai tout de suite senti la différence. Chez nous, c’est plus athlétique, plus physique, alors qu’en Espagne, l’accent est d’abord mis sur le côté technique. On voit vraiment du beau jeu.

Oui, c’est vrai que pour mon premier passage, notre entraîneur avait son fils dans l’équipe et il essayait de le mettre un peu plus en valeur. C’était Nolan Roux, tu vois qui c’est ?

On n’arrête pas d’entendre parler du Barça en ce moment. Toi qui les as joués, ça donne quoi en vrai ?Ben, quand tu les regardes à la télé, tu sens que ça va vite, mais quand t’es sur le terrain, c’est encore pire ! Ça va à 2000 à l’heure, c’est hyper coordonné, et puis avec leur trio MSN, les mecs explosent tout. Tu peux mettre qui tu veux face à eux, ils sont inarrêtables.

On va revenir un peu sur tes débuts de carrière. Avant d’exploser avec Caen, t’avais fait un premier passage mitigé au club. Que s’est-il passé ?C’est vrai qu’au début, ça a été un peu difficile de quitter la maison, la famille et d’arriver dans un club professionnel en sport-étude. Je n’avais pas l’habitude de ça, j’étais encore un petit jeune du quartier qui découvrait la vie. La première année s’est bien passée, mais ensuite, j’ai eu du mal à vraiment trouver mes repères et je suis finalement reparti dans mon petit club, à Hérouville. J’ai signé ensuite à Mondeville, au haut niveau amateur, en CFA et CFA2, et c’est là que j’ai explosé. Du coup, Caen est revenu me chercher.

Lors de ton premier passage à Caen, t’étais en concurrence avec le fils de ton coach, c’est ça ?Oui c’est vrai, notre entraîneur avait son fils dans l’équipe et il essayait de le mettre un peu plus en valeur. C’était Nolan Roux, tu vois qui c’est ?

Oui, plutôt. Et t’as vécu ça comme une injustice ?Un peu oui, j’ai senti que je n’avais pas toutes les cartes en main. Après, avec le recul, je me dis aujourd’hui que je n’ai peut-être pas tout fait pour réussir à jouer plus. Mais voilà, quand t’es jeune et que tu vois le fils du coach qui joue tout le temps, ça a un peu de mal à passer. Et comme je n’avais qu’une envie, jouer, je suis reparti en bas de l’échelle pour apprendre le métier.

Il m’arrive d’échanger avec Patrice Garande. On s’envoie des textos pour se féliciter. Et puis ma famille est toujours là-bas donc, je remonte aussi pendant les vacances.

Tu vas donc revenir à Caen et t’y imposer. Quels souvenirs tu gardes de cette époque ?Déjà, je remercie Franck Dumas qui m’a lancé dans le monde pro. Je me souviens de mon premier match, c’était en Ligue 1 contre le grand Lyon de Juninho. Et ensuite, on va dire que la descente en Ligue 2 m’a un peu facilité la tâche, puisque le club a dû se séparer de la plupart des attaquants de l’époque comme Savidan. Là, j’ai réussi à faire mon trou, à mettre quelques buts, à enchaîner les matchs, et au final, on termine champions de L2. Après ça, Franck Dumas a joué cartes sur table avec moi : il m’a dit que j’allais être sollicité au mercato, mais que le club comptait sur moi et que j’allais être son attaquant numéro un pour la saison à venir.

Et ça commence plutôt pas mal pour toi en Ligue 1, non ?Ouais, je marque le but de la victoire lors de la première journée, au Vélodrome en plus. Et j’enchaîne direct contre Lyon en marquant contre Lloris et on gagne encore. C’était génial.

Tu suis toujours Malherbe ?Bah oui forcément, en tant que caennais, je n’ai pas le choix. Je vois qu’ils font une super saison et j’espère qu’ils vont continuer comme ça jusqu’au bout.

T’as gardé de bons contacts là-bas ?Oui, bien sûr. Il m’arrive même d’échanger avec le coach actuel, Patrice Garande. On s’envoie des textos pour se féliciter. Et puis ma famille est toujours là-bas, donc je remonte aussi pendant les vacances.

Après ta belle première saison en Ligue 1 (17 buts), tu surprends tout le monde en signant en Arabie saoudite. Pourquoi ce choix ?Oui, c’est vrai, j’ai été un peu critiqué au début. La vérité, c’est que je sortais d’une belle saison en L1 et je pensais que j’allais avoir l’opportunité de signer dans un grand club en France. Ma priorité, c’était vraiment de rester en Ligue 1, mais à part une sollicitation de l’OM, je n’ai jamais reçu d’offre concrète. Il y a bien eu le club du Genoa qui est venu aux nouvelles, j’ai visité les installations, mais ça ne m’a pas intéressé. Après, j’ai reçu une première offre d’Arabie saoudite que j’ai refusée direct parce que le mercato venait à peine d’ouvrir. Finalement il n’y a rien eu, j’ai fait la reprise avec Caen, mais dans ma tête, je ne voulais pas refaire une saison de plus là-bas, je pensais que l’heure était venue pour moi de partir. C’est là que Al-Hilal est revenu à la charge avec une offre qu’il était difficile de refuser.

Franchement, je ne regrette pas d’être parti en Arabie saoudite. Quand tu sors d’une très belle saison en Ligue 1, que tu finis 3e meilleur buteur du championnat et que tu vois que tu n’as aucune offre concrète qui arrive, tu te poses forcément des questions.

Ta venue à l’OM dépendait du départ d’un joueur, c’est ça ?Oui, ils voulaient attendre de savoir si Lucho allait quitter le club ou non. Et comme il n’est pas parti, ça ne s’est pas fait.

Tu retiens quoi de ce passage en Arabie saoudite ?(Il réfléchit, ndlr) Déjà en tant que musulman, j’ai pu approfondir ma foi religieuse. Et puis, sportivement, on avait une belle équipe, j’y ai retrouvé Adil Hermach qui avait signé là-bas avant moi et qui arrivait de Lens. J’ai mis pas mal de buts dans la saison, on s’est qualifiés pour les quarts de finale de la Ligue des champions asiatique. Ça a été une belle expérience.

C’était quand même plus un choix financier que sportif, non ?Oui, évidemment, et je ne m’en cache pas. Si je suis allé là-bas, c’était aussi un peu pour ça. J’avais 24 ans et ils m’ont fait une offre qui était vraiment intéressante. Mais au bout d’un an, quand Kombouaré est arrivé à la tête d’Al-Hilal, Grenade m’a approché et je n’ai pas hésité à signer là-bas.

Tu n’as jamais regretté d’être parti jouer en Arabie saoudite ?Franchement, non. Tu sais, quand tu sors d’une très belle saison en Ligue 1, que tu finis 3e meilleur buteur du championnat et que tu vois que tu n’as aucune offre concrète qui arrive, tu te poses forcément des questions. Qu’est-ce que j’ai manqué ? Qu’est-ce qu’il fallait que je fasse de plus ? Si des clubs comme Sainté ou Bordeaux m’avaient appelé, j’aurais signé direct.

T’as été déçu de ne pas voir arriver des clubs de ce standing ?Oui, j’étais un peu dégoûté. Je me dis « Mais oh, tu finis 3e meilleur buteur de L1 en jouant dans une équipe qui a été relégable presque toute la saison et il n’y a rien derrière… » En plus, Caen ne demandait pas énormément.

Hervé Renard, un très bon sélectionneur, devrait nous apporter sa force pour passer les qualifs de la CAN et aussi obtenir notre ticket pour le Mondial 2018.

C’était quand même autour de 7-8 millions d’euros. Ce n’est pas donné pour les clubs français comme Sainté ou Bordeaux…Ouais, c’est le prix qu’a payé Al-Hilal, mais je pense qui si un club français avait lâché 5 millions, ils m’auraient laissé partir.

On en vient à la sélection marocaine. Ce choix de jouer pour les Lions de l’Atlas, c’était quelque chose qui a été naturel pour toi ou c’était plus un calcul ?C’était vraiment un choix naturel. Le Maroc est le pays de mes parents, je m’y rends chaque été et j’ai toujours eu à cœur de porter ce maillot.

Comment t’as vécu l’exclusion du Maroc de la CAN 2015 et la perte de l’organisation de la compétition ?Ça a été un peu difficile, parce que quand t’as en tête de jouer une CAN chez toi, tu te prépares à fond, tu fais gaffe à ne pas te blesser, et finalement, tout ça tombe à l’eau… J’espère qu’on l’organisera dans le futur parce que le Maroc est un pays qui respire le foot, qui a de bons stades et de belles infrastructures. Là, actuellement, on joue les qualif’, on a eu l’arrivée d’un très bon sélectionneur, Hervé Renard, qui a déjà gagné deux fois la CAN avec la Côte d’Ivoire et la Zambie. Il devrait nous apporter sa force pour qu’on puisse passer les qualifs et aussi obtenir notre ticket pour la Coupe du monde 2018.

Tu connaissais Renard avant qu’il prenne les rênes de la sélection ?Non, à part à la télé. Depuis, j’ai eu l’occasion de parler avec lui par téléphone, c’est quelqu’un de très posé, de très concentré sur ses objectifs avec la sélection. Aujourd’hui, on est très heureux de pouvoir travailler avec quelqu’un qui a une grosse expérience dans le foot africain. On a de grandes ambitions et vu la qualité qu’il y a dans ce groupe, ça serait vraiment honteux de ne pas se qualifier pour la prochaine Coupe du monde. C’est l’objectif numéro un.

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Propos recueillis par Aymeric Le Gall

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