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Je n’irai pas dormir à Amsterdam

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Je n’irai pas dormir à Amsterdam

Après le PSV et Twente, l'OM a fait tomber l'Ajax. Les Bataves commencent à en avoir plein le cul. Récit d'un impossible rapprochement franco-hollandais dans une ambiance électrique, aussi bien dans la mythique Arena que dans les rues d'Amsterdam.

18H, une marée de maillots blanc et rouge engloutit le parvis de la gare centrale. Seul un supporter de l’OM arbore fièrement ses couleurs. Premiers regards en coin. Normal. Il ne sait pas encore que quelques mètres plus loin, supporters marseillais et amstellodamois vont bientôt se titiller les chevilles. Bilan de la soirée : une trentaine d’interpellations. Amsterdam la tolérante a ses limites. Les supporters adverses en font partie.

Sur Oudezijds Voorburgwal, comme ça se prononce, un canal encadre l’entrée du Quartier Rouge. Des clameurs s’y font entendre. Des supporters de l’Ajax, déjà fortement alcoolisés, campent et beuglent devant les pubs. Un barman interpelle un supporter de l’OM : « J’te conseille d’enlever ton écharpe, y’a des fous ici ! » . Merci mais non merci, il préfère la garder. Le football est un langage universel à ce qu’il parait. Mais pas ce soir, pas à Amsterdam. Vers 19H30 le mouvement inverse est enclenché, on passe du bar au métro, c’est l’heure du match. Pour ceux qui en doutaient, les Ajacides sont mobilisés.

Sur le quai, les fans de l’Ajax se mettent à chanter. La pression monte. Un policier en civil repère un supporter marseillais esseulé : « Range ton écharpe » . Encore le même avertissement. Le ton est cordial mais ferme. Le métro arrive, on s’entasse comme on peut. Dans la rame, les gus vident leurs canettes et fument leurs cigarettes. Tout le répertoire des chants à la gloire de l’Ajax y passe. Même un pépé, cigare au bec, donne des coups sur les vitres. Le métro tangue. Les mecs ont pour la plupart une gueule qu’on n’aimerait pas croiser dans une ruelle. Les litres d’alcool n’arrangent pas leur cas. Bijlmer Arena, tout le monde descend. Une bagarre éclate sur le quai entre supporters de l’Ajax. Tout le monde passe son chemin, comme si de rien n’était. Ce n’est pas dans le métro qu’on pourra discuter d’un rapprochement franco-hollandais. Ils sont pressés de retrouver les tribunes de leur stade déjà mythique, l’Arena d’Amsterdam.

Immense complexe de cinéma, magasin de sport géant, bars à foison, restaurant cylindrique, baraques à frites et à maillots, le parcours jusqu’à l’enceinte est jonché d’appels à la consommation. Le magnifique écrin apparaît enfin, sorte de vaisseau spatial posé au milieu de nulle part. De longs tubes amènent les spectateurs dans leurs tribunes. Bienvenue dans la modernité. Mais le poids de la légende s’y fait toujours sentir. Dans cet amas de barres métalliques trônent les étendards qui affichent le palmarès de l’Ajax. Quatre C1, une C3, une C2 et 29 championnats. Sur le banc, la silhouette du grand Marco Van Basten vient prendre place. L’Ajax fête ce soir ses 109 années d’existence. Une légende ne meurt jamais.

Le stade est splendide, il est plein et il est en feu. Avec son acoustique à faire pâlir d’envie les supporters olympiens. Lors de l’annonce des compos, les joueurs de l’OM sont évidemment conspués. Mention spéciale à Bolo Zenden, hué, moqué et insulté durant toute la rencontre. Résonne alors un hymne folklorique qui embrase encore un peu plus l’Arena. Les 48 000 spectateurs agitent leurs petits drapeaux blancs. On est passé en quelques secondes de l’enfer du Nord au monde merveilleux de Oui-Oui.

Juste avant l’évènement traumatisant de la soirée pour tout spectateur peu au fait des us et coutumes du club d’Amsterdam : l’entrée triomphale de l’improbable André Rieu, mascotte du club depuis un soir de demi-finale de Ligue des Champions face au Bayern en 1995. Putain Dédé ! Avec sa tignasse folle, muni de son violon et de son archet dont il se sert essentiellement pour invectiver la foule, Rieu entame sa fameuse “Seconde Valse”. Le plus désolant, c’est que ça prend.

Dans son quart de virage, le Vak 210 déploie une première banderole. « You can smoke our weed, fuck our Ho’s, drink our beer, but don’t you dare come back here » . Marrant. Puis ils en déploient une autre à l’adresse des supporters de l’OM : « You can run but you can’t hide » . Moins marrant. En deuxième mi-temps, c’est au tour du F-Side d’y aller de sa p’tite banderole : « La bataille de Rue Négresko : OM 0 – 3 Ajax » . Beaucoup moins marrant. Le nombre de blessés remplit leur salle des trophées.

Perdus dans les latérales au milieu de Bataves chauds comme la braise, une poignée de supporters olympiens veut y croire. Des mecs qui acclament André Rieu ne peuvent pas être de mauvais bougres, bordel ! Malgré leur joie contenue sur l’égalisation de Niang, ils se font vite repérer et méthodiquement insulter par un nerveux qui en veut à la terre entière.

Lorsque le match échappe à son équipe, il se rappelle alors quelques notions de français apprises au lycée : « Fils de poute ! » . Sa nana, bien imbibée également, ne tente pas de le calmer. Au contraire. « Rentrez chez vous en France ! » s’essaye-t-elle dans un français beaucoup plus approximatif. Un point pour l’effort linguistique tout de même. Elle crache en direction des indésirables. Moins un pour la faute de goût. Après avoir reçu un gobelet sur la ganache durant les prolongations, deux Français décident finalement de battre en retraite. Le couple de la haine mériterait un article à lui tout seul. Le monde des latérales n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Ce n’est en tout cas pas ici que s’opérera le rapprochement franco-hollandais.

Malgré l’ambiance hostile, les chants des 1 500 supporters de l’OM n’ont jamais cessé. Lorsqu’ils s’arrêtent pour reprendre leur souffle, les spectateurs de l’Arena écoutent et regardent, avec une pointe de respect, ces étrangers venus du Sud qui continuent d’encourager les leurs. Les douze dernières minutes seront pour eux. On vient, on gagne et on s’en va.

Au coup de sifflet final, le stade se vide rapidement. Retour sur Oudezijds Voorburgwal, comme ça se prononce. Le calme est revenu. Quelques supporters de l’Ajax errent comme des âmes en peine. A une heure du mat’, les vendeurs de coke sont plus nombreux que les passants. Plus personne pour discuter des termes d’un éventuel réchauffement franco-hollandais. Amsterdam tire la tronche.

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