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« Je ne veux pas que des parents pensent que notre club est un coupe-gorge »

Propos recueillis par Gad Messika
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Lundi 30 mars, Maurice Doineau, président du CS Cellois Football, club de DH, se fait braquer par un jeune homme de 16 ans alors qu'il est en pleins préparatifs d'un futur tournoi. Il raconte cet événement qui aurait pu mal finir. Entre film d'action, football et happy end.

Pouvez-vous me raconter ce qu’il s’est passé ce fameux lundi 30 mars ?

Tous les lundis, on fait l’état du matériel, des maillots, etc. On était trois, la secrétaire, le gars de l’intendance, Christian et moi. Un moment, Christian était parti fumer une clope et là, on entend un bruit. J’étais avec la secrétaire dans le bureau, on discutait des prochains tournois qu’on allait faire. On a entendu un pétard, vu que le collègue était dehors, je me disais : « Tiens, il y a des gamins qui jouent avec des pétards dehors » . La porte s’ouvre, je me disais que c’était le collègue qui voulait rentrer. Pour rigoler, je lui ai bloqué la porte et là il me répond : « Putain, fais pas le con, il y a un mec qui me braque ! » Je pensais qu’il rigolait. J’ouvre la porte, je me retrouve nez à nez avec un type cagoulé avec un pétard. Il me pousse à l’intérieur et il me dit : « Recule enfoiré ! » Il tire une bastos en l’air et ensuite il me dit : « Tu vas m’ouvrir le coffre » . Bon, on a un mini-coffre pour y mettre des chèques en attente, un peu de cash, histoire de pas laisser traîner ça sur le bureau. Le mec tire une deuxième bastos en l’air et veut que je lui ouvre le coffre. Il tire une troisième cartouche et là, je m’aperçois qu’il n’y a pas d’impact sur le mur. Bon… Je vais pas me laisser faire. J’avance vers lui et là il me met un coup de crosse sur le crâne. Il s’apprêtait à m’en mettre un deuxième et j’ai vu rouge. Je lui fonce dessus, il tombe par terre, son arme éclate et on arrive à l’immobiliser.

Qu’est-ce que vous vous êtes dit quand vous avez vu ce type ?

Sur le coup, je pensais qu’on allait passer à la caisse. En revanche, le fait qu’il n’y avait pas d’impact lors de ses premiers coups de fusil, je me suis dit que c’était un truc à grenaille ou quelque chose de ce genre. J’allais pas me laisser faire. Ensuite on l’a immobilisé. Bon, je fais 80 kg, il en faisait 50 et quelques. Boum, étranglement, clé de bras et c’est fini.

Quelles ont été vos premières réactions ?

La secrétaire avait les mains libres, donc ça tombait bien, elle a pu appeler les flics direct. Les gars des services municipaux qui surveillent le site sont vite arrivés avec une camionnette. Ils ont ramené des tendeurs. Au bout de 3-4 minutes, les flics sont arrivés, ils étaient en patrouille, ça tombait bien ! Puis des policiers motards ont déboulé, il y avait même les gars qui sont dans le domaine forestier. Les policiers à cheval, là.

Vous avez essayé de dialoguer avec le forcené, une fois maîtrisé ?

Non, non, j’ai pas essayé de dialoguer. Je lui ai dit : « Espèce d’enfoiré ! Qu’est-ce qu’ils te donnent comme règles de vie, tes parents ? De braquer des associations ? » Il voulait partir, il m’a dit : « Vous m’étranglez, lâchez-moi ! » Je peux te dire que je le serrais très fort.

Comment on se sent quand on se fait braquer pour un butin aussi infime ?

Tu réagis pas trop, car je ne pensais même pas que ça pouvait arriver. C’est de la surprise plus qu’autre chose, puis après, il faut se rendre à l’évidence, le mec est en train de te braquer. Alors, après, il a fallu gagner un peu de temps. J’ai essayé de regarder autour de moi pour voir ce que je pouvais utiliser pour lui foutre sur la gueule. J’avais rien à portée de main. Le seul truc que j’avais, c’était dans mon coffre de voiture. J’ai essayé de lui parler pour détendre un peu l’atmosphère, je lui dis : « Attends, j’ai les clefs dans la voiture, il faut que j’aille les chercher » . Alors qu’elles étaient dans ma poche, hein. Il me répond : « Arrête de faire le con, j’vais vous fumer tous les 3 ! »

Il n’y a pas eu de dégâts ?

À part le collègue qui s’est pris un coup de crosse sur le crâne, on lui a posé quelques points de sutures. Mais il y a eu plus de peur que de mal. Ça allait très, très vite, mais je n’ai pas eu le temps d’avoir peur. T’es obligé de rapidement t’adapter à la situation. Et quand j’ai vu que ce n’était pas de vraies bastos, ça m’a tout de suite soulagé. J’ai beau avoir 64 ans, je suis toujours présent (rires)

Est-ce qu’un jour vous vous êtes imaginé dans une telle situation ?

Pas du tout. Tu sais, je suis un passionné de foot. J’ai tous mes petits gars à côté de moi, j’ai énormément de plaisir à m’occuper d’eux. Je sais que pas un d’entre eux ne pourrait me faire ça. J’ai confiance en eux et ils ont confiance en moi. Ils avaient tous vu ça sur internet. Ce midi, j’ai dit aux plus petits : « Les enfants, vous pouvez rester dans le club, je vous protégerai ! » Ils rigolaient tous !

Qu’est-ce que ça vous fait d’être le « héros » de votre club ?

Je ne me considère pas comme un héros. Ce que je voulais surtout, c’est qu’on me tire pas dessus dans un premier temps. Il ne faut pas que ça porte préjudice au club aussi. Ce que je voudrais pas, c’est que des parents pensent que notre club est un vrai coupe-gorge. Ça me ferait chier ! Je me considère plus comme un travailleur social. Je suis un ancien syndicaliste, j’ai toujours été militant. Pour moi, c’est l’amitié, la bonne entente entre les gens et l’harmonie autour du football. Mes enfants sur le coup m’ont dit d’arrêter de me faire chier avec le club. Mais ce n’est pas de la faute des gosses ! Je ne vais pas arrêter comme ça !

En fait, vous étiez comme le dernier défenseur de votre équipe dans vos 25 derniers mètres.

C’est comme si j’étais le dernier défenseur et que je me retrouvais dans mes 25 derniers mètres avec 3 attaquants devant moi, il n’y a pas 36 solutions. Il faut tout de suite essayer de dégager en touche ou en corner, c’est ce que je dis aux gosses. Ça ne sert à rien de partir balle au pied, c’est trop dangereux. Après, si on est en surnombre, il faut essayer de ressortir proprement le ballon et préparer une nouvelle attaque. Si on est en minorité, il faut aller au plus court. Dans ce cas, on arrose et on se réorganise. C’est comme si j’avais mis un tacle appuyé, très propre, pas de penalty, et au final, on gagne le match. Mais c’est une situation qui ne doit pas se reproduire.

Vous pensez que vous avez un rôle à jouer, sur le terrain bien sûr, mais aussi en dehors ?

On essaie de leur inculquer des valeurs évidemment, mais on apporte un complément. Le problème, c’est qu’il faut qu’on fasse le travail de fond. Alors là, c’est compliqué. Quand j’ai des gosses qui ne travaillent pas bien à l’école, je les prends entre quatre yeux et je leur dis : « Tu vois, si tu bosses pas, t’auras un boulot de merde et après tu seras jaloux des copains qui auront travaillé à l’école. Et ça, c’est pas acceptable. Bosse maintenant, comme ça tu ne pleureras pas dans dix ans. » Je leur parle comme ça. Il y en a qui préfère qu’on leur parle comme ça. Au final, je fais ça pour lui. Je suis un peu comme un tonton bienveillant. Bon, je te laisse, j’ai encore du travail…
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Propos recueillis par Gad Messika

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