Vous avez été l’un des cadres du Bayer Leverkusen des années 2000. Quand vous regardez en arrière, que retenez-vous de cette époque ?
Ce que je retiens avant tout, c’est notre présence en Ligue des champions. Quand je vois les matchs de Leverkusen aujourd’hui, je me rappelle qu’à notre époque aussi, c’était difficile. Mais au fil des années, nous avions réussi à monter une superbe équipe, et nous étions devenus un bon client en Europe. C’était vraiment cool de jouer avec ces gars-là, et je suis vraiment content d’avoir participé à toutes ces campagnes européennes (outre la finale de 2002, la Werskelf avait atteint les quarts de C1 en 1998 et la deuxième phase de poules en 2003, ndlr).
Et il est clair que tous ces matchs de Ligue des champions, je ne les oublierai jamais.
Qu’est-ce qu’elle avait de si particulier, cette équipe de Leverkusen qui est arrivée en finale de C1 en 2002 ?
C’était un très bon mix. On avait des bosseurs, mais aussi des artistes. Et tout le monde s’entendait bien sur le terrain. Ulf Kirsten, Zé Roberto, Bernd Schneider, Lúcio, Jens Nowotny… Nos gars avaient acquis une certaine réputation, et ça nous a servi sur le plan international. Si on devait comparer à l’équipe d’aujourd’hui, je dirais que sur le plan national, c’est bien ce que fait le Bayer actuellement, ils sont 2e du championnat et ils le méritent. Mais il manque encore un petit quelque chose sur la scène européenne et je pense que ça va être un peu compliqué pour passer au tour suivant.
Je n’étais pas quelqu’un de fin
Au terme de la saison 01/02, vous finissez 2e du championnat, finaliste de la Coupe d’Allemagne, finaliste de la C1 et finaliste de la Coupe du monde. Vous en gardez quand même de bons souvenirs ?
Bien sûr ! C’était vraiment une super époque. Bien sûr, c’est un peu frustrant. Chez moi, j’ai aménagé une cave où j’ai des tas de photos, de souvenirs de l’époque où j’étais joueur. Malheureusement, il manque des trophées, des médailles. Mais après, ça reste quand même de super souvenirs. Il ne faut pas oublier à quel point le chemin est long pour se rendre en finale d’une compétition, surtout la Ligue des champions. Et jouer une telle finale, même si on l’a perdue, ça reste un souvenir très fort. Il y a des joueurs par exemple qui sont champions mais qui n’ont jamais participé au titre de leur équipe. Ils ne joueront jamais pour une équipe nationale non plus, ils peuvent certes dire qu’ils ont gagné un titre, mais ils n’ont pas vraiment vécu le truc non plus. Nous, ça a été l’inverse, et c’était quelque chose de formidable, quoi qu’on puisse en dire. Et quand je regarde ces treize années au sein du Bayer (chose de plus en plus rare), je me suis dit que je suis fier d’avoir accompli tout ça avec ce club (446 matchs et 32 buts pour le Bayer, toutes compétitions confondues, ndlr).
Sur le papier, on lit que Carsten Ramelow a fini 2e ici et là… Mais de par les parcours effectués sur la scène européenne, vous avez l’impression d’avoir joué plusieurs finales, en fait ?
C’est exactement ça. Il suffit de voir les équipes qu’on a eues. Le FC Barcelone, l’Olympique lyonnais et Fenerbahçe lors de la première phase de groupes. Le Deportivo La Corogne, Arsenal et la Juventus dans la seconde phase de poules. Puis Liverpool en quarts, Manchester United en demies… Que des finales !
Vous êtes parvenus en finale face au Real Madrid grâce à un football plutôt rapide… Aviez-vous l’impression de développer un football moderne pour l’époque ?
Je pense surtout qu’on avait de très bons joueurs à tous les postes. Il y avait Yildiray Bastürk au milieu par exemple, Ulf Kirsten devant, Jens Nowotny derrière… La paire Zé Roberto-Ballack. Moi, je m’occupais du taf derrière aussi… Tout le monde jouait pour tout le monde, l’équilibre était parfait. On adhérait tous au discours de Klaus Toppmöller. Il suffit de voir où tous ces joueurs ont fini après.
L’un des plus gros souvenirs à votre sujet, c’est aussi ce duel avec Francesco Totti…
(il rit). Je n’étais pas quelqu’un de fin, c’est mon poste qui voulait cela. J’ai fait mal à certains joueurs, je le sais, mais ce n’était jamais volontaire. Je ne voulais pas blesser des gens. Totti, on le connaissait : dès qu’on le bousculait un peu, il commençait à être moins fair-play. Durant ce match face à la Roma, il y a eu quelques situations un peu tendues, et puis il y a eu cette action où il me saute dessus… J’ai revu la scène, bon, c’est clairement fait exprès. Ça arrive dans le foot. Il n’empêche, c’est un super joueur, mais il a aussi ce côté sombre.
Vous continuez à suivre le Bayer Leverkusen ?
Oui, oui. Je suis ce qui se passe au sein du club, je regarde les matchs…
Vous venez de dire qu’au niveau national, ça va, mais qu’au niveau international, ce n’est pas encore encore tout à fait ça. À votre avis, quels sont les points faibles de cette équipe ? Que lui manque-t-il ?
L’expérience avant tout, je pense. Voilà des années que le Bayer mise sur de jeunes joueurs, ce qui est une bonne chose. Mais hormis Gonzalo Castro, Stefan Kiessling et Simon Rolfes, il n’y en a pas beaucoup qui ont l’expérience du haut niveau. C’est bien ce qu’ils ont fait en poules, ils méritent leur qualification, mais pour ce qui est des tours à élimination directe, il manque une profondeur de banc. C’est simple : si le match se jouait sur une manche, ça pourrait peut-être passer, mais sur deux, ça me paraît plus compliqué.
La défense du Bayer n’était pas si souveraine que cela ces derniers temps
À l’inverse, où sont les points forts du Bayer ?
Devant. Le Bayer joue beaucoup vers l’avant, les joueurs évoluent très bien en contre. Un Stefan Kiessling par exemple est très bon, ce serait bien qu’il se montre un peu plus en Europe. De même qu’un joueur comme Heung-Min Son. Ce sont des bons joueurs. Cela étant, Paris aussi a de bons joueurs devant. Et la défense du Bayer n’était pas si souveraine que cela ces derniers temps.
C’est vrai. Seulement, il ne faudrait pas oublier que s’il y a bien une équipe qui a posé des problèmes au Bayern Munich récemment, c’est-à dire à la meilleure équipe du monde actuellement, c’est bien le Bayer…
Oui. Mais ceci reflète un aspect bien particulier de la Bundesliga : il n’y a presque qu’une équipe à la fois qui peut déranger le Bayern. Rappelez-vous du Werder Brême à une époque. Puis Schalke. Puis Stuttgart. Puis Dortmund. Aujourd’hui le Bayer. Ça tourne.
Vous faites quoi aujourd’hui, sinon ?
Je travaille pour deux entreprises spécialisées dans la vente de billets et d’organisations d’événements. Sinon, je suis aussi vice-président du VDV (syndicat des joueurs de football sous contrat, ndlr).
Vous comptez revenir dans le football de manière plus concrète ? Au sein d’un club ?
Je suis toujours en contact avec les gens du Bayer. Mais pour l’instant, j’aime bien ce que je fais. Après, il ne faut se fermer aucune porte.
Stefan Kiessling au Brésil cet été, vous y croyez ou pas ?
Non, je pense que c’est fini. Il n’y ira pas. C’est dommage, je trouve qu’il irait bien dans le schéma tactique de Joachim Löw…
Saviez-vous qu’en France, on vous appelle « l’emblématique Carsten Ramelow » ?
Non, je ne le savais pas. Mais c’est positif ou négatif ?
Disons qu’à l’époque, Jean-Charles Sabattier, spécialiste de la Bundesliga sur Canal+, cherchait à intéresser le public français au championnat allemand. Pour cela, il lui fallait un symbole…
Et il m’a choisi, c’est ça ? (rires) Eh bien non, je ne le savais pas, mais c’est sympa comme tout. C’est cool si j’ai laissé un bon souvenir en France.
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