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«Je n’ai jamais souffert de machisme»

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«Je n’ai jamais souffert de machisme»

Propulsée présidente du Bologne FC 1909 après son rachat par son père, Renzo Menarini, Francesca Menarini, donc, est aux commandes du club depuis le 13 septembre 2008. Et parce qu'aujourd'hui c'est la journée de la femme, quoi de plus normal que de lui offrir une tribune sur sofoot.com. Elle nous explique en quoi consiste son rôle de présidente. Entretien.

Comment êtes-vous devenue présidente du Bologna ?

Je suis devenue présidente de façon tout à fait inattendue. A vrai dire, je n’aurais jamais pensé devenir un jour la présidente du club de ma ville et de l’équipe que je supporte depuis toujours. Surtout en tant que femme. Le 2 août 2008, lorsque mon père a annoncé publiquement que nous étions les nouveaux propriétaires de la società, il a également annoncé qu’il ne serait pas président. L’exercice, selon ses dires, ne lui aurait guère convenu : les conférences de presse, les caméras, les interviews, les télés… ce n’était pas pour lui. Alors, il a annoncé que le prochain président du club serait l’un de ses enfants (soit moi, soit mon frère). Quand l’annonce a été faite, j’étais avec l’équipe, alors en stage de préparation. Et, sans vraiment m’en rendre compte, je me suis sentie investie d’une mission et j’ai commencé à me charger d’un rôle qui n’était pas encore le mien mais dont j’étais persuadée qu’il le deviendrait. C’est ensuite ce qui s’est passé, puisque mon père m’a nommée présidente. Je le vois comme une grande preuve de confiance de sa part. Je n’étais évidemment pas sûre d’être à la hauteur de cette confiance. Ça a été un véritable défi et j’ai essayé du mieux que j’ai pu de faire honneur à ce choix de mon père. La première année a été difficile pour tout le monde : l’équipe, la società, et moi-même. Je pense que mon père m’a choisi parce que j’étais la fille aînée, mais aussi parce que j’ai toujours suivi l’équipe en tant que supportrice : depuis toujours, j’ai le Bologna dans le cœur.

Vous avez eu une éducation sportive ?

Disons que j’ai toujours aimé le sport et que j’ai toujours eu la possibilité d’en faire. C’est quelque chose qui a toujours fait partie de ma vie. J’ai fait beaucoup de tennis, à un assez bon niveau. Mon maestro, qui voyait en moi un très bon espoir, voulait que je m’y consacre exclusivement. Mes parents n’ont pas voulu, ils voulaient que j’étudie. J’ai néanmoins continué le tennis en tant que loisir. Aujourd’hui, même si mon emploi du temps est un peu plus rempli, je continue à faire du port dès que je peux.

Et vous connaissiez le football ?

Connaître le football, c’est une expression qui peut vouloir dire plusieurs choses. Je supportais le Bologna, mais je ne pourrais pas dire que je connaissais le football. Ce serait malhonnête de dire ça. Disons que je n’étais pas une théoricienne du football à mon arrivée. Vous savez, peu de présidents connaissent le football au moment de leur nomination.

Quelle a donc été votre politique une fois nommée à la tête du Bologna ?

Vous savez, dans toute ma carrière professionnelle, et donc bien avant de devenir présidente d’un club de football, j’ai toujours su faire part d’une grande humilité. Par humilité, j’entends une chose primordiale : admettre que l’on ne sait pas tout et donc accepter des conseils. Ce que je fais depuis toujours. Et je crois avoir une qualité, si vous me permettez : je sais m’entourer de personnes justement compétentes pour me prodiguer les meilleurs conseils possibles. Voilà donc ce qui pourrait me caractériser : humilité et capacité à bien s’entourer. Accepter des conseils, c’est reconnaître qu’un président d’un club de football ne travaille pas seulement pour son ego et sa carrière, mais bien pour l’intérêt collectif, le bien de la società. Quand nous avons racheté le club, nous étions des novices. Non, nous ne connaissions pas le football de l’intérieur. Nous nous sommes donc entourés de personnes compétentes. La première année a été dure pour tout le monde. Je crois sincèrement qu’aujourd’hui, nous sommes entourés de personnes vraiment compétentes dans leurs domaines respectifs. Et je peux vous dire qu’en un an, j’ai appris des choses sur le football.

En tant que présidente d’un des plus grands clubs italiens, vous avez le sentiment d’occuper un poste symbolique ?

Comme vous le savez, le Bologna Football Club a fêté son centenaire récemment. Et je suis fière d’être à la tête du club pour ses cent ans. Ça, c’est ce qu’il y a de plus symbolique à mes yeux. Ensuite, il est vrai que peu de femmes peuvent se vanter d’être à la tête d’un club de football, d’avoir un rôle public ou institutionnel. Le football vous place sous le feu des projecteurs, il est une caisse de résonance médiatique impressionnante. Je réalise cependant que de plus en plus de femmes occupent des rôles de plus en plus importants.

L’Italie est le 84ème pays au monde en termes d’opportunité hommes/femmes, et 41% des Italiennes pensent qu’être une velina facilite l’accès à des métiers “masculins” (journalistes, avocats…). Ça vous inspire quoi ?

Le monde des veline m’est totalement étranger. Ce que je connais, ce sont les femmes entrepreneuses, et la place de la femme dans le monde des entreprises. Et là, il y a bien moins d’inégalités. Les femmes assument de plus en plus des rôles primordiaux, en politiques ou à des postes clés. Et les hommes doivent reconnaître ces compétences aux femmes. En ce qui me concerne, au-delà de l’aspect médiatique qui vient de ma fonction, il est important pour moi de pouvoir exprimer un très grand professionnalisme. D’être jugée sur ce que je peux donner, et sur ce que je fais : savoir gérer la société, être opérationnelle et compétitive quotidiennement et avoir un bilan économique stable. En gros, en tant que présidente, je fais du business pour la collectivité. Vous semblez parler d’une égalité entre hommes et femmes en politique.

Pourtant, en avril 2009, Berlusconi présente 25 femmes sans aucune expérience aux élections européennes juste parce qu’elles sont belles…

Il est vrai que l’on vit encore dans un monde extrêmement masculin. Et le fait que tant de femmes aient un rôle déterminant en politique est exclusivement le mérite des femmes. J’insiste, cependant, elles sont nombreuses à occuper des postes importants. Je ne parle que de l’Italie, car c’est ce que je connais, mais nous avons plusieurs femmes ministres. Au niveau régional, une femme est candidate à la présidence de ma région… Et ces femmes savent faire preuve de grinta, de ténacité et d’une grande détermination. Peut-être plus que certains hommes.

Vous vous sentez proche de Rosella Sensi ?

Nous sommes certes toutes les deux des femmes présidentes, mais beaucoup de choses nous différencient. Elle a beaucoup plus d’expérience que moi. Dès la mort de son père, elle a été catapultée en première ligne. Mais elle vivait le football de l’intérieur depuis de très nombreuses années. Moi, je vivais le football en tant que tifosa, donc de l’extérieur. Nous nous occupons chacune de nos società du mieux possible. Elle aussi sait bien s’entourer et se faire conseiller. Nous nous appelons quelques fois, j’ai une très grande estime pour Rosella Sensi et je la respecte énormément.

Vous avez déjà souffert de machisme ?

Vous savez, depuis que je travaille, je vis dans un monde masculin. Dans l’entreprise de construction de ma famille (et déjà, le monde de la construction est exclusivement masculin), je m’occupais de l’aspect financier. Tous les gens avec qui j’étais amenée à travailler étaient des hommes (banquiers, directeurs de constructions, etc.). Alors je suis habituée au fait de travailler dans un univers d’hommes. Après, je souhaite être jugée pour ce que je suis et pour mes actes. Sincèrement, le fait que je sois une femme importe peu.

Sabatini, le président du Virtus Bologna, avait pourtant déclaré que vous étiez « plus belle qu’intelligente » .

C’est une blague comme une autre, un peu empoisonnée, un peu maladroite, pas très drôle. Mais il n’y a pas lieu de faire de polémiques. Je n’ai jamais souffert de machisme dans l’exercice de mes fonctions.

Quelles sont vos projets ?

Je suis très liée au club, à mes joueurs, à mes garçons. Je voudrais bien évidemment continuer dans ce rôle. J’ai toujours dit, cependant, que nos ressources financières n’étaient pas illimitées. Et que nous étions prêts à accepter des capitaux de la part de quelqu’un qui aurait envie de s’embarquer dans l’aventure avec nous pour faire grandir la società. Les portes sont ouvertes, nous attendons des propositions sérieuses.

Cet entretien s’inscrit dans le cadre du dossier consacré aux femmes dans So Foot 74, en kiosque dès mardi 9 mars.

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