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« Je me suis dit : « Le seul endroit où il ne peut pas plonger, c’est au milieu » »
Héros de la qualification du FC Metz face à Toulouse ce mercredi (1-1, 11-10 tab), David Oberhauser n'avait jamais tiré de penalty en pro, alors il a décidé de mettre une mine au milieu. Interview d'un homme qui a fait le bon choix.
David, je ne te demande pas si ça va… C’est sûr qu’on peut dire que ça va bien ! (Rires) Je suis super content, même si je n’ai pas beaucoup dormi la nuit dernière. On n’a pas trop fait la fête, vu qu’on a un match encore plus important ce samedi (à 20h à Caen, ndlr), mais disons qu’il y a eu une grosse montée d’adrénaline qui a eu du mal à descendre. La séance a été longue, éprouvante, et puis ce n’est pas tous les jours qu’on stoppe un tir au but, puis qu’on tire pour qualifier son équipe…
C’est plutôt rare d’arriver aussi loin dans une séance de tirs au but. Tu en avais déjà frappé un ?Non, en professionnel, c’était la première fois !
Du coup, tu ne t’es pas pris la tête : une praline au milieu… Sincèrement, j’aime bien tirer les penaltys. Après, je ne vais pas te mentir : je ne me suis pas posé trop de questions… Je me suis dit : « Le seul endroit où il ne peut pas plonger, c’est au milieu. » (Rires) À ce moment, je suis persuadé que si je cadre bien au centre, je vais marquer. Et j’allume.
Après la rencontre, tu as dit que tu savais que le portier toulousain, Mauro Goicoechea, allait tirer à ta gauche. D’où t’est venue cette bonne intuition ? Pour moi, et c’est mon opinion personnelle, le plus simple techniquement, c’est d’ouvrir le pied. Fermer le pied, c’est un geste bien plus dur, surtout à ce moment du match. Pour moi, il allait choisir l’option facile. Il faut bien se rendre compte que c’est le tournant du match, qu’il y a de la pression. Finalement, je m’en tire bien !
À ce moment, tu cours, tu es heureux, tu glisses sur les genoux, mais il y a un peu d’empathie pour ton confrère quand même ? Évidemment. Je trouve ça dommage pour lui, d’autant qu’il fait un très bon match. Il est dans la même position que moi, il ne joue jamais en championnat, donc il a envie d’en profiter et de se mettre en valeur. Donc je suis solidaire.
Tu as bien anticipé le tir au but de Goicoechea, mais tu en prends quand même dix à la suite avant… Ouais, c’est d’autant plus dur qu’il y en a certains où je pars du bon côté, mais où je n’arrête rien. Ça ne met pas un coup mentalement, mais presque. Toulouse tirait en premier, donc à partir de la mort subite, je sais que si je n’arrête rien, la pression est sur mes coéquipiers. Braithwaite, il tire deux fois, mais de manières différentes. Il tire au milieu dans le temps réglementaire et il ferme le pied pendant la séance.
Tu avais déjà été le héros au tour précédent, lors de la séance de tirs au but face au Paris FC. C’est une bonne Coupe de la Ligue pour toi ? C’est vrai. (Rires) J’en ai arrêté deux contre le Paris FC au tour précédent ! Depuis petit, c’est un exercice que j’aime bien. C’est une petite spécialité. J’adore les séances de tirs au but. J’aime bien le un-contre-un, l’esprit de duel, la mort subite, la pression. Le combat mental avec l’adversaire, c’est quelque chose d’intense. J’aime aussi le fait que tu doives laisser parler ton flair, ton instinct. C’est devenu quelque chose de rare dans le foot. Il faut attendre le dernier moment, s’inspirer du style du joueur. Braithwaite par exemple. Il est technique, il sait fermer le pied, tu sais qu’il peut t’envoyer ce côté-là. Mais de nos jours, de plus en plus de joueurs malins décident de tirer au milieu…
Puisque tu parles de milieu, tu aurais quand même pu tenter la Panenka…
Ce matin, les collègues m’ont demandé à l’entraînement si j’y avais pensé, mais non, c’est impossible ! C’est un geste encore plus compliqué… Déjà que la frappe en force au milieu, si elle part dans la tribune, c’est presque pareil… (Rires)
Guingamp a éliminé Lyon. Marseille est tombé à Sochaux. Tu penses que le fait qu’il n’y ait plus de prolongations en Coupe de la Ligue peut avantager les équipes plus modestes ? Peut-être, oui. Disons que c’est plus facile de penser à défendre pendant 90 minutes que pendant 120 minutes. Il faut espérer que ça réussisse aux équipes plus modestes, puisqu’on se déplace au Parc des Princes au prochain tour… Mais franchement, je préférerais gagner avant la fin du temps réglementaire.
Tu es lorrain d’origine, mais plus jeune, tu as joué à Ajaccio. Tu peux nous renseigner un peu sur ton parcours ? D’ailleurs, tu sais que tu as une page Wikipedia en malgache, mais pas en français ? (Rires) Non, je ne savais pas ! J’ai joué à Metz de treize à seize ans avant de partir à Ajaccio.
Moi, ça s’est bien passé, je me suis bien adapté là-bas. Mais pour ma femme qui est corse et qui est revenue avec moi à Metz, ça a été plus dur ! (rires) Ensuite, après une grave blessure au genou, j’ai été prêté en Roumanie, à Arad, en deuxième division. J’avais vingt-deux ans, c’était en 2013, ça devait être une expérience enrichissante, mais elle a tourné au vinaigre.
Que s’est-il passé ? Je suis parti pour avoir du temps de jeu, mais c’était un club très mal dirigé, très mal structuré, les résultats ne suivaient pas. J’en ai fait les frais. J’ai été écarté, sans être payé. Je suis rentré à Ajaccio, qui n’a pas accepté cette décision et avec qui j’ai dû résilier mon contrat en décembre 2013. Je suis parti m’entraîner avec Metz, avec la réserve d’abord, puis avec l’équipe pro. Ils m’ont contacté pour savoir comment ça se passait après mon échec à Ajaccio, puis je leur ai dit que ce serait bien que je puisse m’entraîner, au moins pour m’entretenir. J’ai aussi eu la chance de rencontrer Albert Cartier, qui m’a tendu la main aussi, l’année où ils montent en Ligue 1. Aujourd’hui, je suis content d’être là !
Propos recueillis par Swann Borsellino