Tu jouais au foot étant petit…
J’ai joué à Ostende jusqu’à 15 ans et demi. J’étais vraiment bon, mais j’ai tout arrêté à cause d’une abeille. Je t’explique : dans les années 60, des mecs étaient venus de Bruxelles pour m’observer dans l’idée de me faire jouer avec l’équipe nationale. J’avais les cheveux longs à l’époque, un style de jeu à la George Best, un short extra-large et on me complimentait régulièrement. Pour ce match, j’avais choisi d’aller au stadium en vélo et, juste avant d’y arriver, une abeille m’a piqué dans la bouche. On m’a fait quelques piqûres de cortisone et ça allait mieux, mais j’ai fait l’erreur de fumer un joint dans la foulée. J’en avais l’habitude, mais le mélange avec le traitement a provoqué quelques effets secondaires. J’ai super mal vécu la combinaison des deux. Par conséquent, j’ai fait un très mauvais match.
Ça n’a pas dû plaire aux dirigeants ça, non ?
Ils étaient super fâchés. Ils pensaient que je me foutais complètement de leur gueule. Après tout ça, comme je le disais, j’ai d’ailleurs décidé d’arrêter ma carrière de footballeur pour devenir un chanteur de charme raté (rires).
Avec le recul, tu regrettes cette erreur ?
Non, ça me fait rire. Et puis ça m’a permis de m’orienter dans une nouvelle voie. Bon, j’ai troqué mes capacités physiques contre de sérieux rhumatismes, mais ça valait le coup (rires). Et puis j’aime encore le foot. Enfin, j’aime surtout Ostende, qui joue très bien en Jupiler League cette année. Je me balade souvent avec mon écharpe rouge et verte. C’est ma façon aussi de les remercier de chanter une de mes chansons lorsque l’équipe marque un but. D’autant que « Oh La La La, C’est magnifique ! » est une vieille chanson que j’avais écrite avec mon groupe TC Matić.
Ça te fait quoi d’entendre cette chanson reprise par des milliers de personne ?
Putain, c’est vraiment jouissif : ça me file une érection aussi longue que la tour Eiffel !
C’est à Ostende que tu dois tes plus gros frissons ?
Non, c’est à une cicatrice sur mon genou, elle ne m’a jamais lâché celle-là (rires). À l’époque, lors d’un match, j’ai glissé aux abords du but et je me suis planté une espèce de clou dans le genou. Aujourd’hui, la cicatrice est là pour me rappeler cette douleur.
Tu avais quand même l’air d’être un joueur bien particulier…
Tu ne crois pas si bien dire. À l’époque, j’étais très influencé par le jeu anglais. Mon arrière-grand-père est britannique, et j’entretiens son héritage dans ma façon de jouer. Attention, je te parle du foot anglais des années soixante et soixante-dix, pas celui actuel. Ils ont perdu tout le charme de leur football, les British ! George Best, par exemple, c’était clairement de l’entertainment. J’étais un peu comme lui, sauf que je fumais des joints à la mi-temps.
Et tu penses quoi de la sélection belge ?
Tout ce que je vois est très encourageant. Kompany, De Bruyne, Hazard, c’est du solide tout ça. Wilmots aussi est impressionnant. Ce n’est pas l’entraîneur le plus charismatique du monde, mais il fait ce qu’il veut, il ne s’étend pas dans les médias et ça me plaît. Il peut encore faire grandir l’équipe.
Au point de remporter l’Euro ?
Tu sais, j’ai l’impression que notre époque est hyper bizarre, et qu’avec tous ces flingues qui traînent dans la rue, on vit presque dans un film de cowboy. Et tout est possible dans un film de cowboy. Alors, oui, j’y crois !
En plus de l’hymne à Ostende, tu aimerais que la sélection fasse d’un de tes morceaux leur chant officiel ?
Oh, tu sais, j’ai déjà un hymne européen avec Putain, Putain. En plus, j’ai deux enfants avec une Française, j’habite en plein centre de l’Europe, à cinquante kilomètres au sud de la frontière et à cinquante kilomètres au nord d’une autre frontière. Alors la notion de frontière ou d’appartenance, je m’en fiche un peu.
On le sait, la Belgique est divisée en deux clans, les Flamands et les Wallons. Tu penses qu’une compétition comme l’Euro peut unir le peuple ?
Cette histoire d’opposition, c’est surtout un truc de politiciens. La majorité de la population n’en a strictement rien à foutre. Après tout, il faut vraiment être con pour séparer un pays d’à peine onze millions d’habitants. C’est presque comme si on cherchait à séparer Paris en deux. En tout cas, ça prouve bien les dangers du nationalisme. Il y a des guerres partout, des gens qui meurent de faim, des peuples en crise, et nous, on s’invente des problèmes. Si tu veux mon avis, beaucoup de nos dirigeants ont de sérieux problèmes de zizis.
Quelle chanson, ça aussi…
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