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« Je flippais quand je me regardais dans le miroir »

Propos recueillis par Florian Cadu
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Garry Bocaly fête aujourd'hui ses 28 ans. Et si on ne voit plus le champion de France 2012 sur les pelouses depuis un bon moment, c'est parce que le défenseur a eu de graves problèmes de santé. Mais le Marseillais de formation est toujours vivant et compte bien revenir dans le game.

Bon anniversaire Garry. Déjà 28 ans… On se souvient encore de toi en Coupe Gambardella, en 2007, avec les jeunes de Marseille.

Ouais, on s’était fait éliminer en quarts de finale contre Niort, aux tirs au but. Et j’avais raté mon péno. (Rires)

On a l’impression que c’était hier… Tu n’as pas rejoué depuis un certain temps. On te revoit quand sur un terrain ?

Bientôt, j’espère ! C’est l’objectif fixé et je me donne les moyens d’y arriver. J’ai repris l’entraînement avec Béziers, et je bosse avec un préparateur physique en parallèle. Le but, c’est d’être totalement prêt pour le prochain mercato. Parce que j’ai vraiment envie de rejouer.

Tu as des pistes actuellement ?

Pour l’instant, je laisse ce travail à mes agents. Ils font leur boulot, je fais le mien, et on va attendre l’été pour répondre aux propositions des clubs.

Tu es comment sur le plan physique, là ?

Il me manque surtout l’enchaînement des matchs. Je n’ai plus aucune douleur, je suis bien. Je bosse et j’attends.

Alors, qu’est-ce qu’il s’est passé à Arles-Avignon la saison dernière ? C’est un peu plus compliqué qu’une fin de contrat, visiblement.

Beaucoup plus compliqué ! En fait, tout avait bien commencé avec le club. J’avais fait une dizaine de matchs jusqu’en novembre. Après une petite embrouille contre Nîmes, je prends trois rencontres de suspension. Après cette suspension, quand je suis de nouveau convoqué, j’ai une crise d’appendicite lors de la préparation du match.
Heureusement, je suis tombé sur un bon chirurgien, parce que l’opération aurait pu être fatale pour mes muscles abdominaux.

C’est là que la galère commence. J’ai trop mal, je comprends que je ne peux pas jouer, je file à l’hôpital. Comme ils tardent un peu à m’opérer, le truc s’infecte et tourne à la péritonite. Je dois rester à l’hôpital une dizaine de jours, je perds plus de dix kilos… Bon, je suis tombé sur un bon chirurgien, parce que l’opération aurait pu être fatale pour mes muscles abdominaux. Mais en sachant que j’étais sportif de haut niveau, il a fait gaffe. Après tout ce bazar, je reprends au bout d’un mois et demi au lieu de trois. Sauf que mes muscles avaient plus ou moins fondus et des douleurs reviennent… Du coup, ça a encore repoussé mon retour.

Tu as repris trop vite ?

C’est ça.

Après tout ça, le cauchemar reprend.

Ouais. D’abord, je dois subir une autre opération, huit mois après la première, à la hanche cette fois, parce que j’avais perdu trop de muscles. Et puis, je refais une crise d’appendicite. Là, j’ai pensé que c’était une blague. J’étais chez moi et je disais à ma femme : « C’est pas possible, je peux pas refaire une crise, ils me l’ont enlevé, l’appendice ! » Je me tordais de douleur, elle me voyait tout blême, le kiné aussi… Je vais aux urgences et on me diagnostique une nouvelle crise. Je me suis dit qu’on se foutait de ma gueule ! En fait, comme ils n’avaient pas touché à mes abdos, ils n’avaient pas tout enlevé, il restait un petit bout d’appendice. Les médecins m’ont rapidement rassuré en m’assurant que ce n’était pas grave. Ce passage à l’hôpital a été plus soft, je n’y suis resté que trois ou quatre jours.

Donc là, ils t’ont tout enlevé, tu vas pas nous faire une troisième crise ?

Bah j’espère pas quand même ! (Rires)

Tu en veux à certains médecins ?

Aujourd’hui, je suis vivant, je peux voir mes enfants et c’est encore le principal.

Non, pas du tout. Je ne cherche pas à trouver de coupable. La péritonite ou la deuxième crise, c’est pas de bol, c’est tout. Aujourd’hui, je suis vivant, je peux voir mes enfants et c’est encore le principal. Je ne peux que remercier ceux qui se sont occupés de moi.

C’était si grave que ça ?

D’après ce que j’ai compris, j’étais en danger de mort. Après, j’ai pas cherché à en savoir plus. Mais quand je dis que j’ai souffert, tu peux me croire. J’ai fait la connaissance de la morphine, avec la télécommande où t’appuies quand t’as mal. Et heureusement ! Si tu m’avais vu avant et après mon passage à l’hôpital… Sérieux, quand je suis allé voir mes coéquipiers au centre d’entraînement directement après ma sortie, ils ne m’ont pas reconnu. J’avais une barbe de dix jours, mon jean serré ressemblait à un baggy à l’ancienne… J’avais vraiment fondu. Même moi, quand je me regardais dans le miroir, je me faisais flipper. Quand on dit la peau sur les os, bah c’était ça.

Comment on ressort d’une telle histoire ?

Tu relativises tout. Et ça te fait bizarre de ne plus avoir de douleur, de marcher tranquillement. Je ne mangeais que dalle parce que je n’avais plus d’appétit… Deux morceaux de pain et je n’avalais plus rien de la journée. Et encore, il fallait que ça passe… J’étais au fond.

Tu t’es dit que tu allais arrêter le football ?

À un moment, oui. Tu te demandes si tu vas voir le bout du tunnel. Forcément, tu te poses la question, tu baisses parfois les bras…
Pour moi, le fait de rejouer une rencontre professionnelle, ce sera aussi fort que le titre avec Montpellier.

Mais tu exploites des ressources que tu n’imagines pas avoir. Si tu es fort mentalement et que tu aimes le foot, tu as envie d’y retourner quoi qu’il se passe. J’ai eu la chance de vivre des instants magiques très jeune : la montée et le titre avec Montpellier, mon premier match en pro avec les Minots de Marseille contre le PSG, la finale de la Coupe de la Ligue… Ça, ce sont des souvenirs que des gens ne connaîtront jamais. Et moi, je n’ai encore que 28 ans et je n’ai qu’une envie : retrouver ces sensations. Ce n’est que du plus, désormais. Pour moi, le fait de rejouer une rencontre professionnelle sur un bon terrain vert, ce sera le même genre de sensations. Et ce sera une ligne de plus à rajouter à mon palmarès. Ce sera aussi fort que le titre avec Montpellier.


La présence de ta famille a été importante dans ces moments difficiles ?

Bien sûr. Déjà, mon cercle s’était assez réduit quand je suis passé de Montpellier à Arles. Donc là, des gens ont commencé à parler et à raconter que je n’avançais plus, que j’étais terminé, ce genre de conneries… Bref. Je dirais que j’ai été moins, mais beaucoup mieux entouré. Je n’en suis pas mécontent. C’est une sorte de sélection naturelle, aujourd’hui je sais sur qui je peux compter.

Tu as pris du recul sur le monde du foot ?

J’ai toujours eu une certaine distance. Je savais que c’était un monde de requins, avec des personnes mal intentionnées…
Paradoxalement, quand une blessure t’écarte de cet univers, t’as qu’une envie, c’est d’y retourner.

Tu te dis que quand tu quitteras ce monde, il ne te manquera pas. Bah en fait, c’est tout le contraire. Paradoxalement, quand une blessure t’écarte de cet univers, t’as qu’une envie, c’est d’y retourner. Il faut aussi savoir que tout le club d’Arles-Avignon m’a soutenu. À fond. Le président, le coach, les administratifs, les dirigeants, les joueurs… Je regrette de ne pas avoir pu les aider davantage sur le plan sportif.

Aujourd’hui, tu dirais oui à n’importe quel projet ?

Je ne me précipite pas. On prendra le temps pour décider. Mais je ne suis fermé à rien, bien au contraire.

Si tu ne trouves pas, tu as pensé à une reconversion ?

Pas de pensée négative. Pour l’instant, cette question n’a pas lieu d’être. Tu me la reposeras dans 6-7 ans si tu veux !
Dans cet article :
Le Havre respire et étouffe Montpellier
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Propos recueillis par Florian Cadu

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