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«Je bossais dans un resto à Wellington»

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«Je bossais dans un resto à Wellington»

Romain Cornand, 22 ans, milieu de terrain lyonnais passé par le championnat néo-zélandais, a vu des geysers et senti la terre trembler. Quand il ne jouait pas au kick-and-rush.

Qu’est-ce que tu es parti faire en Nouvelle-Zélande ?

Au départ, c’est ma copine qui devait terminer son master dans un pays anglo-saxon. Dès notre arrivée en juillet, j’ai pris contact avec des clubs locaux. Quelques-uns m’ont demandé une vidéo mais je n’avais rien à leur montrer. Sympa, on m’a répondu que j’étais libre de venir faire un essai. Lorsque je suis arrivé à Wellington, j’ai rencontré un joueur marocain qui m’a bien aidé vu que je ne parlais pas un mot d’anglais. Heureusement, il y avait pas mal d’Argentins et de Brésiliens. Étant le seul Français dans le championnat, je suis vite devenu l’attraction. Et puis le championnat a démarré en octobre et s’est terminé il y a quelques semaines.

Bien que personne ne te connaisse, tu avais la cote ?

J’ai suivi ma formation à Saint-Priest avant de jouer dans un club en Excellence pour des raisons professionnelles. J’ai un peu amélioré le CV que j’ai laissé à Wellington en faisant référence seulement à mon expérience en CFA 2. De toute façon, là-bas, ils ne connaissent que Lyon, Marseille et Paris. Étant formé en France, je devais être bon, voilà ce qu’ils ont pensé.

A quoi ressemble le championnat néo-zélandais ?

J’ai passé mes diplômes d’entraîneur en France donc je peux te dire que les exercices ont vingt ou trente ans de retard. Ensuite, leur vision des joueurs latins est réductrice : le Chilien, l’Argentin et moi jouions tous les matches de préparation mais l’entraîneur nous a relégués sur le banc dès que le championnat a commencé. Il nous reprochait de perdre trop de ballons et de mettre l’équipe en danger. Il est aussi le sélectionneur olympique et parlait tout le temps du Barça mais dès qu’il fallait mettre des joueurs techniques et vifs sur le terrain, il n’arrivait pas à nous faire confiance. Du coup, l’équipe avait un style très britannique. Au niveau mental, c’est positif : personne ne se relâche. C’est surtout l’approche du match qui est plus détendue. Tu arrives au stade une heure avant le coup d’envoi, il y a de la musique dans le vestiaire. Personne ne fait de grand discours, l’entraîneur donne seulement deux ou trois consignes basiques et rapides. A l’échauffement, tu sens la hargne des gars. Une fois, je me suis entraîné malgré une douleur à l’épaule, eh ben l’un de mes partenaires m’a mis un grand coup de coude et m’a dit : « Si tu es blessé, ne viens pas t’entraîner ! » . Le jeu est rude mais les gars retrouvent leur fair-play dès que l’arbitre siffle.

Quel était ton emploi du temps ?

J’avais trois ou quatre entraînements par semaine plus une séance de musculation. J’avais donc pas mal de temps à côté : j’ai travaillé dans l’un des quatre-cinq restaurants français de Wellington. Je bossais jusqu’au milieu de l’après-midi lorsque l’entraînement était programmé vers 17 heures. Ma copine, elle, donnait des cours de français à des Néo-Zélandais.

Et comment se portait ton compte en banque ?

Je gagnais environ 700 euros par mois mais je ne payais pas l’hôtel car j’y ai travaillé quelque temps. Ma copine avait une bourse à hauteur de 900 euros donc nous avons pu mettre un peu d’argent de côté sans trop nous priver. Financièrement, il y a de grosses inégalités entre les clubs des deux îles du pays. Certains internationaux à Auckland gagnaient 60 000 euros par mois car le club dispute la Ligue des champions. Ça lui permet de payer des transferts à 500 000 euros, une grosse somme pour ici.

Sportivement, c’est une demi-réussite personnelle si l’on a bien compris ?

J’ai fait neuf matches sur dix-sept. Mon problème, c’est que j’ai vite baissé les bras quand j’ai vu que l’entraîneur me laissait de côté. J’ai râlé et même si c’était en français, les gens du club ont senti que j’étais mal. J’ai pourtant fait de bonnes entrées, enchaîné de bonnes prestations et même fait six matches de suite sans perdre. J’ai fini par obtenir la confiance du coach mais voilà, peu de temps après, il m’a sorti à nouveau. Finalement, je suis rentré en France avant la demi-finale retour des play-offs. Au final, personne n’a vraiment compris les choix du coach. Il y avait pourtant pas mal d’articles sur moi dans la presse locale. Ces choix bizarres m’ont énervé, l’entraîneur faisait jouer les U18… Au final, Wellington a fini la saison par deux claques contre Auckland : 2-0 et 5-1.

Qu’est-ce que tu retiens du pays ?

J’ai pu en profiter même si j’avais un petit boulot à côté du foot. Dès qu’on pouvait, ma copine et moi partions en week-end. Par exemple, on a passé une semaine sympa à Auckland. J’ai découvert un magnifique lac long de cinq kilomètres, des sources d’eau chaude… Je me souviens aussi d’une route stupéfiante où des paysages très différents se succédaient pendant une dizaine de kilomètres : le désert, puis la forêt tropicale, des cours d’eau… Je garde des images plein la tête.

Tu étais sur place lorsque la terre a tremblé ?

Oui. J’ai ressenti le tremblement de terre à 400 kilomètres de là mais il n’y a rien eu de cassé, les murs ont juste bougé un peu. Je me suis rendu compte que les Néo-Zélandais sont très solidaires, c’est l’un des pays qui fait le plus de dons. Partout dans les magasins, on te propose de faire des dons pour l’Amérique du Sud ou l’Afrique du Sud. Les gens vendent des gâteaux pour réunir de l’argent pour les sinistrés. Au club, on nous a proposé de verser une partie de nos primes pour les personnes qui ont tout perdu dans le séisme. Des volontaires sont partis à Christchurch pour aider. J’ai aimé cet esprit chez les gens.

En tout cas, l’expérience t’a donné envie de repartir ?

Oui ! J’ai des contacts en Suisse et en Angleterre. J’irai sûrement visiter un club de D1 marocaine en juillet. Même quand tu joues peu, vivre une saison dans un pays étranger te fait progresser mentalement. Niveau foot, je n’ai pas appris grand-chose car Wellington vaut du Cfa2 en Rhône-Alpes. Mais ça donne d’autres envies d’ailleurs. J’ai été très dépaysé culturellement même si tous les commerces sont fermés à 17h30 et que la vie se concentre ensuite dans les pubs. Et moi je ne bois pas d’alcool…

Propos recueillis par Mickaël Osganian

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