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« JC est un supporter d’Anderlecht bien casse-couille »

Propos recueillis par Jacques Besnard
8 minutes
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L'acteur Jean-Luc Couchard a récemment vu sa ganache apparaître sur le tifo des ultras d'Anderlecht avant le Clásico face au Standard. Pas évident pour un gars originaire de la région liégeoise. Entretien autour d'une chope avec celui qui a interprété le rôle mythique de JC dans Dikkenek et qui sera bientôt député PS dans la série Baron noir.

Salut Jean-Luc… Bon, alors, tu t’es retrouvé sur un tifo mauve. François Damiens est né à Bruxelles, mais toi, tu es un enfant de la province de Liège. Ça la fout mal, non ?Un peu, ouais. Ils avaient contacté mon agent, car ils voulaient qu’on soit présents avec François sur le terrain pour la rencontre Anderlecht-Standard. J’étais sur un tournage, donc je ne pouvais pas être là. Ils parlaient de faire un tifo, mais je ne savais pas de quoi. On ne m’avait pas précisé ce qu’il y aurait dessus, j’ai donc été surpris de voir ce tifo. Ils ont inscrit une de mes répliques préférées du film en plus. Je trouve qu’elle est parlante. (Il rentre à nouveau dans la peau de JC.) « Je sais que je plais pas à tout le monde, mais quand je vois à qui je plais pas, je m’demande si ça m’dérange vraiment. » Après avoir pété la gueule du facho… (Rires.) Quand j’ai vu ce tifo, je dois avouer que je n’étais pas très à l’aise, car je ne voulais pas que les Liégeois et les Bruxellois se disent que je supportais Anderlecht. Surtout que je ne suis pour aucune équipe en particulier.


Tu n’es donc pas un fan du Standard ?Non, je ne suis pas pro Standard. Ma compagne, en revanche, est fan des Rouches… Elle est liégeoise, donc elle adore ce club. Contre Paris, je ne sais même pas si elle va supporter Anderlecht… Moi, je suis de Limbourg, à trente kilomètres, mais mon père n’était pas trop foot.

Tu mets une bonne mine en lucarne à Dominique Pinon dans Dikkenek après le mythique : « Si t’arrives à prendre celle-là, tu te la fais. » T’as joué, plus jeune ? Jamais. J’ai fait de la gym pendant sept ans quand j’étais petit. Même dans la cour d’école, je ne jouais pas au foot… En revanche, j’ai joué contre des personnalités, comme Walter Baseggio ou Laurent Ciman, il y a quelque temps pour le Télévie (sorte de Téléthon belge pour récolter des fonds contre le cancer, ndlr) et ça va, je courais assez vite, je me débrouillais pas mal même si ce n’est pas évident de tenir deux mi-temps. C’est costaud… Pour revenir à cette scène, au départ, on l’avait tournée sur une passerelle, puis on l’a refaite finalement dans ce gymnase, et je pense qu’elle est beaucoup plus payante comme ça. Elle a marqué les esprits, car on m’en parle souvent, et notamment du maillot de Juan Lozano. C’était un joueur espagnol mythique des Mauves avec qui ils ont été champions d’Europe.


Tu suis les Diables rouges au moins ?Oui, quand c’est la Coupe du monde, l’Euro, là je suis à fond… Je suis pris. Lors du match contre l’Italie, quand on perd 2-0, j’étais furax. Là, c’est ma femme qui m’a dit de me calmer… Quand c’est l’équipe nationale qui joue, c’est quand même rare ceux qui n’aiment pas regarder. C’est fédérateur. Je suis allé dans les bistrots notamment avec mon pote Fabrice Du Welz qui est le réalisateur de Calvaire et on buvait des bières comme des vrais supporters. Ce qui m’énerve, c’est qu’au niveau de l’unité du groupe, la Belgique doit progresser. Les Allemands, les Italiens, ils ont cette force. Nous, il nous manque ça. Et une défense peut-être plus solide…

Pour travailler le personnage de JC, j’avais aussi regardé le jeu de Robert Carlyle dans Trainspotting, celui de Joe Pesci, des gars un peu énervés, ce genre de personnages qui réagissent au quart de tour.

On rapproche souvent Marseille de Liège. C’est ton avis ?Je compare souvent les deux villes, oui. Liège, c’est un peu le sud. Il n’y a pas le soleil, mais il y a la chaleur des cœurs. Tu te balades dans la ville, tu vas croiser quelqu’un et il va discuter directement avec toi. Poelvoorde le dit. Tu vas à Liège, tu ne peux pas passer la soirée tout seul. C’est très chaleureux. D’un autre côté, je vis depuis dix-sept ans à Bruxelles et je vis la même chose dans les vrais bistrots bruxellois.

Tu t’en es inspiré pour construire le personnage de JC ?En partie, oui. Quand le film a été tourné, j’habitais dans les Marolles depuis quelque temps, donc j’entendais parler les gens. Je suis acteur, quand même, donc j’ai fini par capter les mimiques, les réflexions. Pour travailler le personnage de JC, j’avais aussi regardé le jeu de Robert Carlyle dans Trainspotting, celui de Joe Pesci, des gars un peu énervés, ce genre de personnages qui réagissent au quart de tour. Ce côté coq, un peu cul serré… Dikkenek, ça veut quand même dire « gros cou » , des gars qui se la pètent quoi.

En parlant de gars qui se la pètent, à Bruxelles, certains Belges disent : « Vous, les Français, vous êtes arrogants, vous vous la jouez. » Tu penses quoi de ce cliché ? Je travaille souvent en France et c’est vrai que les gens dans certains bars sont parfois un peu secs. Il y a le côté râleur, mais les Belges aussi râlent. Je dirais que c’est peut-être plus bon enfant en Belgique. En même temps, j’ai parcouru la France et j’ai croisé plein de gens relax. Je n’aime pas les généralités. J’ai pris un taxi dernièrement avec une vraie Parisienne et elle m’a raconté plein d’histoires pendant le trajet, j’avais l’impression d’être avec un « Brusseleir » … ( « le parler bruxellois » , ndlr) Moi, je n’étais pas contre l’équipe de France. J’étais content de vous voir gagner l’Euro et la Coupe du monde avec Zidane et Henry. Je considère les Français comme mes cousins.

Comment tu t’es fait embarquer dans Dikkenek ? C’est par le biais du film de Fabrice Couchard, mon cousin, qui a fait un court métrage qui s’appelait Croit, et la directrice de prod’ de Dikkenek avait vu le film et a pensé à moi. Olivier m’a contacté. Il m’a donné le scénario et il est venu un matin chez moi. J’avais mis un pantalon serré, j’avais la moustache à l’époque et mes cheveux plaqués en arrière. À midi, il m’a dit : « C’est bon, c’est pour toi. » Quand j’ai lu le scénario, je me suis dit ça. Les répliques sortaient toutes seules. C’est comme la scène du cinéma… « Identité sexuelle, ça ne veut strictement rien dire… » Il y a plein de choses que j’ai rajoutées. Le « Bonjour Sabine » , par exemple…

JC, ce serait un gars qui irait au Constant Vanden Stock pour supporter les Mauves ? À mon avis, oui. Ce serait un supporter invétéré d’Anderlecht. Surtout un bon supporter casse-couilles. Il essayerait de se mettre partout. « Mais qu’est-ce que c’est que c’est, bordel ? Qu’est-ce qu’il fout, dis ? Quel klet… » Ça aurait pu être une scène du film d’ailleurs, dans laquelle il emmènerait le personnage de Pinon voir un match d’Anderlecht. Il lui explique les règles et tout… (Il se marre.)

Je peux dire que j’ai fait un film culte qui restera.

On ne t’embête pas trop dans la rue avec les répliques du film ?Les gens prennent des photos de temps en temps et, même en France, ça arrive pas mal. J’ai tourné à Paris et beaucoup de gens m’en demandent. En Belgique, le film a bien marché en salles. En France, c’est surtout via le bouche-à-oreille. Que les gens fassent des photos, ça ne me dérange pas. Bon, il y a certains moments où c’est moins cool… L’autre fois, je n’avais pas vu ma femme depuis dix jours et je rentre de tournage. Je suis avec mon bouquet de fleurs et mes chocolats, je suis en train de l’embrasser, et là, il y a un gars qui arrive : « Eh, vous n’êtes pas l’acteur de Dikkenek ? » Je lui ai dit : « Euh non pas maintenant… » Je ne le fais pas souvent, mais là, c’était pas le moment, quoi. À la piscine avec ma fille, pareil. J’étais torse poil en maillot de bain orange. Les gens ne comprennent pas.

Ils te voient comme JC quoi…Oui. Tu leur appartiens. Comme t’es à l’écran, dans l’espace public, ils oublient qu’il y a une vie derrière.

Après Dikkenek tu as joué le rôle d’un Belge dans Taxi 4, pareil dans Il était une fois, une fois et Rien à déclarer. Tu n’as pas eu peur d’être enfermé dans cette étiquette du Belge un peu grande gueule ? Non, parce que j’ai fait du théâtre avant et plein d’autres films qui ne sont pas tous aussi connus. Dead Man Talking par exemple. Mais c’est vrai que j’ai refusé ce genre de rôles au bout d’un moment. JC, ce n’est pas dérangeant, car c’est un beau personnage. Je peux dire que j’ai fait un film culte qui restera. Même pour ma fille… Quand on faisait ce film, j’ai senti qu’il y avait un truc qui fonctionnait. On se marrait quand on faisait les répliques. Tu sentais une énergie particulière. Ce qui m’intéresse, c’est le travail, d’avancer, de pouvoir faire d’autres films. Là, je viens de tourner Tous les Dieux du ciel et j’interprète un personnage complètement sombre. Je vais à l’inverse de ce que je fais, j’adore ça. Sinon, ce n’est pas intéressant.

Ça te plairait de jouer un footeux ?Ouais, ça me plairait bien de faire un sportif. Bon, je suis un peu vieux pour ça, mais j’aime diversifier les rôles. Alors pourquoi pas un agent de joueur ou un entraîneur ? Je trouve, par exemple, qu’Antonio Conte est un acteur né.

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