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Javier Zanetti raconté par ceux qui l’ont connu
Demain soir contre la Lazio, Javier Adelmar Zanetti jouera son dernier match dans le stade qui l'a consacré capitaine éternel de cette Inter des années 1990 et 2000. L'Argentin le plus capé de l'histoire (145 sélections) aura porté les couleurs de la Beneamata durant dix-neuf saisons, soit plus 850 matchs et 16 titres. Un champion chez les champions. Et certainement le plus grand professionnel de l'histoire de ce sport, auteur de l'exploit de revenir d'une rupture du tendon d'Achille à 40 ans, et de cette phrase mythique : « Je dois simplement changer de pneus. » Pour mieux raconter Javier, on a confié la tâche à ceux qui l'ont connu, ses anciens coéquipiers et entraîneurs : Dejan Stanković, Nicola Berti, Alberto Zaccheroni, Angelo Palombo, Gian Piero Gasperini, Benoît Cauet et même Francesco Coco…
Le joueur vu par…
Dejan Stanković (coéquipier de 2004 à 2013)
« On parle tout simplement de l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football, et d’une figure historique de l’Inter. Je peux dire que cela a été un plaisir immense, un vrai honneur de jouer à ses côtés toutes ces années. C’est un vrai exemple, sur et en dehors du terrain. Il n’y a pas grand-chose à dire de plus, c’est Javier Zanetti, quoi. Et puis, j’admire Javier, car il a toujours su se faire respecter par tout le monde. Toutes ces années, c’était lui, le capitaine. »
Nicola Berti (coéquipier de 1995 à 1998)
« Je me souviens bien des débuts de Javier à l’Inter. Je me rappelle un joueur désordonné sur le terrain. Un grand talent, évidemment. Mais soit il gardait le ballon trop longtemps, soit il la passait trop vite. Avec le temps, cela s’est vite réglé. On voyait déjà qu’il avait des capacités extraordinaires. Et physiquement, il était déjà incroyable. Je me souviens qu’il était arrivé avec un autre Argentin, Sebastian Rambert. C’était un attaquant connu, alors que Zanetti était un vrai pari. Il était très jeune, tranquille. À cet âge-là, je ne pense pas avoir vu d’autres joueurs aussi professionnels. Il était venu pour démontrer quelque chose. Il était d’un tel sérieux dans le travail… Un garçon extrêmement sérieux. Il est comme ça encore aujourd’hui. Et s’il l’était déjà à vingt ans, je pense que cela vient des origines humbles de sa famille, de son éducation. Mais aussi son caractère. Il a toujours eu une volonté incroyable. »
Angelo Palombo (coéquipier en 2012 ; adversaire de 2001 à aujourd’hui)
« Sur le terrain, c’est un phénomène. J’en ai vu beaucoup tout au long de ma carrière, mais lui, il joue là où on le met, à tous les postes, avec un rendement extraordinaire. Physiquement, c’est un animal ! Une vraie bête ! Et il n’y a pas de secret : c’est grâce à une vie de sacrifices. Il est très sérieux, il travaille tellement… En tant qu’adversaire, tu ne peux pas trouver de joueur plus correct et sympathique. Il est très « fairplay », comme on dit. À tel point que cela devient même embêtant par moment, car c’est difficile de lui faire commettre des fautes, il ne met jamais le pied, et en tant que milieu de terrain, c’est pratique d’obtenir quelques fautes parfois (rires). Après, il ne se jette jamais par terre pour rien, il ne parle pas avec les arbitres, il est très correct. Que dire de plus ? »
Le coéquipier vu par…
Benoît Cauet (coéquipier de 1997 à 2001)
« Javier… Pour tout dire, il suffit de se rendre compte qu’il est arrivé en 1995. Cela fait 19 ans qu’il est là. Et de la première minute à aujourd’hui, il a toujours démontré un attachement exemplaire à ce club. Il faut comprendre qu’il est dévoué à cœur pour l’Inter. C’est toujours un exemple de professionnel, et il s’entraîne de la même façon aujourd’hui qu’il y a quinze ans. Ce qui a fait la différence, c’est au niveau de sa philosophie : il a toujours eu certaines idées sur l’union et le respect, et le club l’a aidé en choisissant d’autres joueurs ayant cette même philosophie, comme Córdoba, Cambiasso ou Stanković. C’est une personne honnête, en phase avec lui-même. Et c’est un grand communiquant. On ne dirait pas comme ça, mais il communique énormément et sait très bien le faire. Dans le vestiaire, il a toujours un grand sourire, il a toujours cette envie de partager les choses, de transmettre, de discuter. Cette volonté de partager, il l’a eue toute sa vie. Il est très transparent de ce côté-là. »
Francesco Coco (coéquipier de 2002 à 2005, puis en 2006 et 2007)
« C’est une personne humble, sympa, marrante et qui a conscience de l’importance de son rôle. Vraiment, c’est un exemple, même en dehors du terrain. Par exemple, je n’ai pas vu Zanetti sortir une seule fois en boîte à Milan. Et j’étais plutôt un joueur qui sortait souvent… Ah si, quand nous avions gagné le Scudetto en 2007, il l’avait célébré avec l’équipe. Mais sinon, au plus tard, il sortait dîner au restaurant. Il a toujours fait ce type de sacrifices. Et puis, c’était un père d’une famille adorable, il a rencontré sa femme Paula quand il était tout jeune, au lycée ou même au collège. Je ne pense pas qu’il ait connu une autre femme que Paula ! Il a une grande idée du respect. De toute façon, quand je sortais, j’étais la plupart du temps avec des amis en dehors du monde du football. Parfois, Vieri traînait avec moi. On allait souvent dîner ensemble. Et au Milan, j’étais très souvent avec Ambrosini parce que lui non plus n’avait pas d’enfant, alors que tous les autres étaient toujours en famille. »
Angelo Palombo (coéquipier en 2012 ; adversaire de 2001 à aujourd’hui)
« Il est bien plus sérieux vu de l’extérieur qu’à l’intérieur : dans le groupe, c’est le premier à faire des blagues et à raconter des conneries. Mais quand il faut travailler, c’est aussi le premier. Il est comme ça. Il faut le voir pour le croire : rien ne peut le déconcentrer quand il travaille. Vu de l’intérieur, pour résumer, on peut dire que c’est un vrai capitaine. Tout est dit. C’est une très bonne personne au sein du groupe et en dehors. Il est exemplaire dans le vestiaire : il parle beaucoup, à tout le monde, aux plus jeunes et aux plus âgés. Quand un nouveau arrive, comme moi quand je suis arrivé en plein milieu de la saison, il vient se présenter, t’accueille, te prend en charge. C’est un type qui se préoccupe vraiment quand un coéquipier a un problème. Et puis en dehors du foot, Zanetti passe son temps à s’occuper de son association caritative. Il donne toute son énergie pour aider les enfants, c’est beau. »
Le capitaine vu par…
Nicola Berti (coéquipier de 1995 à 1998)
« Je me rappelle très bien d’une scène en 1997 lors de la finale de la Coupe de l’UEFA contre Schalke 04… C’était une situation folle. À la 120e minute, pendant la prolongation, Roy Hodgson le sort pour me faire entrer, et lui n’arrivait pas à le croire. Il voulait absolument tirer son pénalty, c’était dingue. On ne l’avait jamais vu comme ça, et on se demandait :« Mais qu’est-ce qu’il fout ? »Avec moi, il n’était pas fâché évidemment, il m’a même encouragé, mais il n’arrivait pas à croire le choix de l’entraîneur. Quelque part, ce jour-là, il a montré à tout le monde son grand caractère, sa détermination. On aurait dit qu’il était guidé. Il voulait tirer ce pénalty et gagner. Moi, je préfère une telle réaction que de voir un joueur qui n’en a rien à faire. Après le départ de Bergomi en 1999, c’était donc naturellement lui qui devait être le nouveau capitaine. »
Benoît Cauet (coéquipier de 1997 à 2001)
« Bergomi était capitaine jusqu’en 1999, et ensuite c’est Ronaldo qui a pris le brassard. Quand Ronaldo s’est blessé, c’est finalement Zanetti qui en a hérité. Il y avait une certaine logique, car en Italie, on a un grand respect pour ceux qui sont là depuis des années. L’ancienneté joue beaucoup. Si tu es présent depuis si longtemps, quelque part, c’est que tu as un charisme important dans le groupe et le club peut être certain que tu vas continuer à le démontrer. Lui était là depuis 1995 ! Et puis, si on peut dire que Bergomi et Zanetti ont des caractères très différents, quelque part ils se rejoignent dans l’intensité de leur passion. Pour eux, la chose la plus importante est toujours le terrain, l’entraînement, la volonté de se confronter aux meilleurs et de pouvoir lutter jusqu’au bout. De vrais sportifs dans le sens noble du terme. »
Francesco Coco (coéquipier de 2002 à 2005, puis en 2006 et 2007)
« Il est très intelligent et s’est toujours adapté. Même avec mes sorties, on n’a jamais eu aucun problème… (rires) Il savait entretenir un excellent rapport avec tout type de joueur, il est très ouvert (rires). J’ai eu trois capitaines très différents au Milan et à l’Inter. Baresi, c’était spécial parce que c’étaient mes débuts. C’était fantastique pour moi. Je considère que c’est l’un des deux plus grands centraux de tous les temps. Ce qui est incroyable, c’est qu’il ne parlait jamais. Il était si timide, si introverti. Il parlait trois fois par an. Pas un mot. Mais quand il était sur le terrain, il avait un tel charisme ! À chacune de ses prises de balle, toute l’équipe aurait été prête à le suivre au bout du monde… Un joueur si grand que bon… C’était le Maradona de la défense. Plus que Maldini. Maldini, je dirais que c’était un capitaine normal. Pas un mec avec qui tu pouvais parler beaucoup. Maldini avait quelques amis dans l’équipe, mais il était plus distant, plus sérieux, il s’occupait toujours de ses affaires. Franco était pareil, mais malgré lui, car il était vraiment introverti. Au contraire, Zanetti a un vrai côté gamin, il aime blaguer, être là, traîner, être au courant. S’il y a une blague à faire, il n’hésite jamais à la faire. »
Le relais de l’entraîneur vu par…
Francesco Coco (coéquipier de 2002 à 2005, puis en 2006 et 2007)
« Zanetti n’était pas le premier à aller parler avec l’entraîneur, c’était l’entraîneur qui venait parler avec Zanetti, car il savait que Javier connaissait parfaitement l’ambiance du groupe. Il était très présent dans la vie de l’équipe. Pour comparer, quand j’étais au Barça lors de la saison 2001-02, la vraie référence était Luis Enrique. »
Gian Piero Gasperini (entraîneur en 2011)
« Quand je suis arrivé à l’Inter, c’était particulier parce que Zanetti disputait la Copa América avec la sélection argentine dans son pays. Mais alors qu’il était à l’autre bout du monde, il avait quand même tenu à organiser plusieurs échanges téléphoniques pour parler de l’équipe et de mon projet. C’est clair que lui, c’est un vainqueur. C’est un homme si positif, qui a une telle volonté… Même lorsque nous avons connu un début de saison difficile avec cinq défaites d’affilée, son attitude restait très équilibrée. Il ne s’est jamais fâché ou n’a jamais montré son mécontentement dans le groupe. Comme un vrai capitaine. »
Alberto Zaccheroni (entraîneur en 2003-2004)
« Javier Zanetti, c’est le joueur qui est toujours présent. Il a toujours réussi à avoir un rapport excellent avec tout le monde. Le capitaine, quoi. Durant les entraînements, il montre l’exemple. Sur le terrain, il parle très peu : c’est comme ça, il est très concentré sur son travail. Et c’est très bon car le seul qui doit parler durant les entraînements, c’est l’entraîneur !(rires) Il a un très grand respect du rôle de chacun dans le groupe. Ensuite, dans le vestiaire, quand l’entraîneur n’est pas là, je pense qu’il sait dire les choses en face aux joueurs qui en ont besoin, et aider ceux qui sont en difficulté. Il met toujours à profit sa présence, avec un grand respect. Il est exactement comme on le voit de l’extérieur. J’ai eu la chance d’avoir toujours des grands capitaines. Maldini, Del Piero et Zanetti. Ce sont des grands champions, des grands professionnels et des capitaines extraordinaires. Ils sont bons car ils savent écouter, ils savent vivre en groupe et ils savent faire des sacrifices. »
Ses cheveux vu par…
Benoît Cauet (coéquipier de 1997 à 2001)
« Si tu compares une photo d’il y a quinze ans et une autre d’aujourd’hui, c’est à peine croyable ! Mais non, malheureusement, je ne connais pas le secret de sa coupe de cheveux… Et je dis malheureusement, car moi, je perds mes cheveux(rires). Il ne me semble pas qu’il mettait du gel ou quoi que ce soit à l’époque. Après, il est certain que l’élégance fait partie de sa personnalité. Ses cheveux sont comme ça, naturels, comme lui. »
Propos recueillis par Markus Kaufmann
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