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Javier Tebas et l’obsession parisienne
Ce mercredi, Javier Tebas a encore chargé le Paris Saint-Germain et sa direction économique. Une énième pique envoyée par le président de la Liga, désireux d’appliquer des sanctions financières à ce qu’il considère comme une menace pour « l’écosystème du football ».
C’est un feuilleton devenu annuel. Celui qui oppose Javier Tebas, président de la Liga Nacional de Fútbol Profesional espagnole, au Paris Saint-Germain. Du moins, le combat ne semble aller que dans un seul sens, tant le dirigeant ibérique martèle ses désirs de sanction à l’encontre du PSG, qu’il juge en grande partie responsable du déséquilibre économique rencontré par le football européen depuis près de dix ans. Nouvel épisode ce mercredi, au détour d’un entretien accordé à L’Équipe, dans lequel il charge lourdement sa cible.
Miroirs financiers
Cette semaine a effectivement été marquée par les révélations du Parisien concernant le contrat de Kylian Mbappé et les différentes clauses incluses dans sa prolongation au PSG, en mai dernier. Un salaire annuel estimé à 72 millions d’euros brut, soit 6 millions mensuels (2,7 en net) et un total de 636 millions étalés sur trois ans. Des chiffres commentés, sur lesquels Javier Tebas n’a donc pas hésité à se baser afin d’alimenter sa plaidoirie. « On savait que pour que Mbappé reste au PSG, il faudrait le payer très cher. Mais connaissant al-Khelaïfi, cela me paraît peu… Il n’a pas de limites pour accomplir ses objectifs », entamait l’Espagnol.
Au-delà du cas Mbappé, illustration selon Tebas du fossé creusé entre le football du haut et celui du bas, la problématique s’étendrait au microcosme français, incapable d’endiguer de tels écarts. « (La ligue française) devrait s’aligner sur le fair-play financier de l’UEFA et comprendre que ce modèle d’un milliard d’euros de pertes n’est pas viable, poursuivait-il dans L’Équipe. Qui gagne de l’argent en France avec le football ? Ou plutôt qui n’en perd pas ? L’autre jour, j’ai rencontré Frank McCourt, le propriétaire de l’OM. Il m’a dit : « On a investi 700 millions d’euros dans notre club. » Je lui ai répondu : « Non, vous les avez détruits, pas investis. » On arrive à une situation avec une compétition déséquilibrée, avec des pertes permanentes et une inflation des salaires. »
Dénoncer pour se protéger
À la lecture de ces différentes interventions, difficile donc de voir la finalité recherchée par Javier Tebas. En effet, si l’argumentaire lié à l’immunité financière du PSG ainsi qu’au monopole de plus en plus prenant des « clubs-États » dans le sport semble difficilement contestable, compliqué, de l’autre côté, de ne pas y voir un conflit d’intérêts à même d’expliquer cette pugnacité. Protéger les clubs espagnols et la Liga, supposément en perte d’attractivité depuis les départs de Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, résonne donc logiquement derrière ces prises de position univoques. Et ce, en dépit du projet de Superligue lancé, en partie, par le Real Madrid et le FC Barcelone.
Premier élément, toujours selon l’intéressé : le manque de réaction de l’UEFA et son système de justice à deux vitesses. « Sur les six ou sept dernières saisons, le PSG a perdu un milliard d’euros. Il rompt l’écosystème du football européen », souffle-t-il. Endetté à près d’un milliard d’euros, le FC Barcelone est, par exemple, dans l’œil du cyclone de l’instance européenne depuis septembre 2021. Un processus logique pour Tebas, auquel, toujours selon lui, ne sera jamais confronté le Paris Saint-Germain, car trop puissant. À l’écouter, la sanction de 65 millions d’euros (dont 55 millions avec sursis) infligée au club de la capitale ne serait, dès lors, qu’un coup d’épée dans l’eau. « Dix millions d’euros, pour le PSG et Nasser, c’est un café ! Les sanctions doivent être dissuasives et toucher aussi le sportif. »
Une situation perdant-perdant ?
Idem, dans l’autre combat l’opposant au PSG. Présent en Espagne du 1er juillet 2015 au 9 août 2018, par le biais de Mediapro, le groupe beIN SPORTS se retrouve effectivement en litige avec la Liga, relatif à des impayés liés à ce triennat. Des factures de diffusion en dehors des frontières espagnoles et andorranes, que le média qatari ne souhaite visiblement pas régler.
Tebas fulmine. « Dans son cas (Nasser al-Khelaïfi, NDLR), avec toutes ses casquettes, le conflit d’intérêts est structurel. Les seuls qu’ils n’ont pas payés, sans excuse et sans raison, c’est nous ! J’imagine qu’ils le font en se disant : « Comme tu te comportes mal avec nous, Javier, que tu agis comme un mauvais garçon et que tu critiques le PSG, on arrête de te payer. » Je ne peux pas en être sûr, mais c’est ce que je pense. Depuis le 15 août, ils nous doivent 50 millions d’euros. Ils nous devaient 60 millions et ils en ont payé 10. » Autant de dénonciations que d’enjeux plus ou moins divulgués donc, qui ne semblent aujourd’hui en être qu’à leurs balbutiements. Pas de quoi faire bouger les meubles, mais à la fin, qui saura en profiter ?
Par Adel Bentaha